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Décadence

Rares sont les hommes d'élites qui ont le courage de regarder en face le fait de la décadence, à l'instar de Nitche. Les pleutres disciples de l'antéchrist se sont efforcés de gommer le constat de la mort de l'art par leur héraut.

A la décadence, les élites libérales et démocrates-chrétiennes opposent le retour éternel et cyclique du profit. Dans ce régime, l'inflation galopante a le don de provoquer une grave crise religieuse. Le fachisme emprunte sans doute à Nitche sa mystique, mais il doit tout pour la cause au libéralisme. On retrouve ici la mécanique sociale implacable décrite par Moïse de la provocation de l'homme par la femme. Toute tentative d'imposer l'éthique dans le judaïsme ou dans le christianisme implique de donner du mythe de la Genèse une version truquée. TOUTE DOCTRINE SOCIALE CHRETIENNE oblige à nier le péché originel. La théologie catholique romaine, à cet égard, est passée au cours du dernier siècle, du mensonge par omission qui la caractérisait auparavant, au mensonge positif. De Calvin, on peut excuser l'erreur d'une lecture trop humaine de la Genèse, à côté d'une incitation sincère et efficace à la charité et au désembourgeoisement nécessaire pour se rapprocher de l'Esprit de Dieu. Mais du psychologue démocrate-chrétien, il faut botter le fondement sans hésiter ; son erreur n'est pas une erreur mais un calcul. Il faut comme Freud renier Moïse pour pouvoir prêcher la psychanalyse comme une science.

Dans la décadence, significative pour l'aristocrate de la perte de son droit de jouissance, il y a au contraire pour l'homme de plus basse extraction une opportunité à saisir : le genre d'opportunité que les premiers apôtres n'ont pas laissé passer ; cette opportunité n'est pas la révolution, où l'élitisme trouve encore un intérêt virtuel.

Pour cela, l'homme ou la femme de basse condition doit s'affranchir de la souveraineté populaire, qui n'est qu'une ruse inventée par les "rois très chrétiens", et plus encore de l'égalité, que la République n'a jamais accomplie et qu'elle n'accomplira jamais, car, comme le disent Nitche et Marx ensemble, elle est juridiquement impossible. Rien n'est plus facile que de s'affranchir d'idéaux truqués : il suffit d'imiter l'écolier au début des vacances qui fait un tas de ses cahiers, ses copies et ses brouillons, et y flanque le feu, accomplissant ainsi l'autodafé de ses certitudes passées. La difficulté est surtout pour le vieillard, car son idéal est comme la troisième jambe sur laquelle il s'appuie dans sa vieillesse pour continuer d'avancer. Le danger de la moraline judéo-chrétienne ou républicaine, et en cela on ne peut que confirmer le diagnostic du docteur Nitche, c'est qu'elle incite l'homme à penser en harmonie avec la mort.

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