"La femme est l'avenir de l'homme !" : on croirait entendre ce crétin de Don Quichotte.
Il est vrai que rien ne justifie tant la femme que le point de vue abstrait de l'avenir et des promesses de lendemains qui chantent, et c'est toujours en agitant une représentation de la femme, vulgaire ou sublime, qu'on lève des armées de militants ou de dévots.
Aragon n'a pas tort, l'homme qui se projette dans l'avenir est l'égal d'une femme, c'est-à-dire mû par la peur.
Si vous trouvez un homme agité, et les fous le sont tous plus ou moins, vous pouvez le dire "hystérique", c'est-à-dire incapable de se reposer sur la force physique, la dénigrant comme les aliénés et les femmes dénigrent tout ce dont ils ne sont pas capables, et cherchent à faire de leur faiblesse une vertu.
C'est ce qui est épuisant dans une discussion avec une femme, et dissuade beaucoup d'hommes sensés d'entretenir avec les femmes d'autres rapports que des rapports érotiques, c'est qu'une femme cherche toujours et ne retient d'une conversation que ce qui la justifie. C'est très difficile de faire valoir l'intérêt de la critique, comparée à la flatterie auprès d'une femme, y compris lorsque celle-ci a la réputation d'être moins légère que ses semblables. L'égalité, par exemple, séduit bien plus la femme que l'homme du peuple, en tant qu'elle a un usage commun de flatterie grisante. L'homme du peuple se montrera plus ou moins impatient à l'égard des bourgeois qui lui ont fait la promesse d'une égalité de traitement, mais il se contentera rarement de cette seule fleur républicaine, épinglée à la boutonnière ; à la fin, impatient, il finira par trancher la gorge qui lui a fait cette promesse, mais ne peut pas la tenir faute de pouvoir payer ses propres dettes.
Les femmes se laissent plus facilement convaincre par des plaidoyers d'avocats, c'est-à-dire des propos faussés par la défense d'une cause particulière, pareillement à leur propre tournure d'esprit.
Un régime totalitaire dont la magistrature serait entièrement composée de femmes pousserait sans doute le totalitarisme et l'exaltation de la condition humaine à son degré suprême d'absurdité, tant la femme est capable de se persuader que sa vision partiale du monde est une vision parfaite ou absolue.