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La Pucelle

Les pucelles sont aussi ignorantes des mécanismes sociaux que les prostituées en sont conscientes. Le fanatisme religieux semble se nourrir d'une certaine abstinence sexuelle. Il est probable qu'un mahométan qui a vécu maritalement pendant plusieurs années n'ira pas faire la guerre à la pourriture occidentale en échange de la promesse de quelques vierges, représentation du bonheur plus séduisante pour un puceau que pour un homme expérimenté.

Je dis "semble", car le goût inverse du libertinage est également fanatique. Sade, par exemple, est fanatique de la propriété, il ne parle que de ça, comme tous les prédateurs sexuels. Sade est si jaloux qu'il exige de sa régulière qu'elle lui soit fidèle durant tout son emprisonnement.

La pucelle Caroline Fourest est aussi fanatique que Jeanne d'Arc, et par conséquent les valeurs républicaines de Caroline Fourest sont aussi inconséquentes que le catholicisme de Jeanne d'Arc. Satan communique-t-il plus facilement avec les puceaux ? C'est une question que je me pose aussi en raison de l'aliénation mentale fréquente des moines et moinesses.

Caroline Fourest me fait d'ailleurs penser à un personnage de fiction, tant ce qu'elle dit est stéréotypé. Bien sûr la télé y est pour beaucoup, car pour bien passer à la télé, il faut inconsciemment jouer un rôle. Mais il me semble qu'elle ne se force pas. Je suis étonné qu'un producteur ne lui ait pas encore proposé un rôle de Jeanne d'Arc moderne dans un film visant l'édification des militants et des militantes républicaines.

Dame Fourest vient d'écrire un roman où elle raconte qu'elle est tombée amoureuse d'une autre militante urkrainienne ? C'est le truc des personnages de fiction, ça : quel que soit leur âge, ils tombent amoureux, sans doute parce qu'ils n'ont que ça à foutre. C'est l'aveu que la cause féministe est une cause sentimentale et non sérieuse.

Cette militante se vante de militer pour une cause féministe pacifiste qui n'a jamais cédé à la violence. Et 200.000 avortements par an, ce n'est pas de la violence, peut-être ? Le coït, ce n'est pas de la violence ? On parvient avec ce type de raisonnement au comble de l'abstraction et de la pure rhétorique. La médecine moderne se pose elle-même en promesse débile de faire disparaître la violence et la souffrance - promesse qu'elle est très loin de tenir.

L'incitation des femmes à avorter, dans la plupart des cas, est une contrainte non moins forte que la contrainte de se marier pour les femmes dans des sociétés moins riches.

Et je n'aborderai pas ici le problème de l'ingestion de produits chimiques abortifs ou contraceptifs, et la violence qui peut en découler, en dépit des dénégations de médecins dont l'avis sur ces questions n'est pas indépendant, puisqu'ils reçoivent des appointements de l'industrie chimique ; ou encore le problème des séquelles d'avortement. 

Bien au-delà du cas de Caroline Fourest et de l'avortement, le propos est éclairant sur la manière dont la violence moderne est habilement dissimulée, et le rôle que la plupart des féministes jouent dans cette dissimulation. C'est en effet exactement sur la même base rhétorique que la violence des riches est occultée. De façon caractéristique, contrairement au marxisme, le féminisme qui traite en principe constamment de la question de l'abus de pouvoir, n'aborde presque jamais la question de l'argent, alors même qu'il est caractéristique de l'abus de pouvoir moderne.

La femme est l'emblème d'une société idyllique, et c'est comme s'il était impossible aux femmes de se départir de ce rôle pour admettre la noirceur irrémédiable du plan social, noirceur que les idéologies réformatrices n'ont fait qu'aggraver.

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