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Critique littéraire

L'autocritique est un art difficile, notamment parce qu'il suppose d'être en bonne santé. Si l'art de Proust est aussi dépourvu d'autocritique et rempli des justifications que le fétichisme procure, par conséquent destiné à plaire aux femmes, c'est sans doute parce que Proust est malade et drogué jusqu'aux yeux.

Il arrive à ce genre d'auteur, comme Pascal ou Rimbaud, de réclamer à leurs ayant-droit de détruire leur oeuvre dans un regain de santé, comprenant qu'elle n'a été qu'une prothèse, et par conséquent une escroquerie sur le plan littéraire. Si l'on se penche d'un peu plus près sur la culture bourgeoise, on se rendra compte, d'ailleurs, qu'elle est entièrement thérapeutique, c'est-à-dire inutile à un esprit sain de corps et d'esprit. C'est un vin mauvais, un de ces petits vins sucrés traîtres qui font la joie des bonnes femmes. L'aspect thérapeutique de la culture bourgeoise est ce qui la rapproche de la sorcellerie et du tribalisme. Personne ne lit Proust = nul ne sait ce dont le sorcier du village est capable. Le respect pour la culture est la superstition moderne et la peur des fantômes.

Il n'y a pas l'athéisme d'une part, et la religion de l'autre, ce sont là deux manières trop humaines de considérer la religion, mais plutôt une religion propice à l'autocritique (qui diffère de l'examen de conscience), et l'autre propice à l'autojustification (d'où le besoin des grandes bourgeoises allemandes protestantes du baume de la psychanalyse).

L'effet néfaste de la chair sur la conscience est systématiquement souligné dans les religions (non seulement la religion chrétienne) propices à l'autocritique. Une religion que l'on peut confondre avec l'opium du peuple, comme dit Marx, est nécessairement une religion qui fait la part belle à l'érotisme, le plus souvent sous la forme maligne de la promesse de bonheur, c'est-à-dire d'une jouissance différée dans le temps. L'éthique judéo-chrétienne est l'ingrédient de base du totalitarisme. On ne peut contester ce point à l'antichrist Nietzsche, qui a le don de faire apparaître le satanisme comme un humanisme. Nietzsche "parle" à tous ceux que la culture moderne détruit, en particulier les enfants, parce qu'il s'est soigné en luttant contre les effets néfastes pour lui-même de la culture bourgeoise, la plus incitative à la passivité de toutes les cultures. C'est un plus grand sorcier que Proust ou Freud, dont les publics sont plus restreints.

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