Je croise dans le métro, ligne 8, un jeune chrétien qui prêche intelligemment à la rame. - Jésus-Christ, dit-il, n'est pas venu fonder une religion, mais les détruire toutes. La trentaine ou un peu moins, l'apparence et le costume d'un VRP, calme, pas d'effet dramatique dans son discours, ni d'indice de folie - originaire du Maghreb.
Les robots qui se rendent au boulot prêtent un peu l'oreille, pour ceux qui n'ont pas un casque à diffuser de la musique sur la tête, délivrant un ordre de mission cool. La santé mentale apparente du prêcheur est ce qui plaide le plus en sa faveur.
L'indifférence reprendra ses droits dans une, deux ou trois stations. Il n'y a pas d'amour, mais de l'indifférence, dira l'athée, justifié par la plupart des faits et gestes de ses contemporains ; de l'indifférence et de l'appétit. Le prêtre chrétien ne doit pas s'attendre à ce que son prêche ait un effet de masse, surtout dans les derniers temps de la terre et de l'humanité, de l'avènement de l'antéchrist.