Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jésus et le rockn'roll

"La Bible ne parle pas de religion. Elle parle de salut." Jerry Lee Lewis

Le célèbre pianiste à qui on demandait de confirmer que le livre de l'apocalypse était son préféré, répondit qu'il n'avait pas de préférence pour tel ou tel livre et que la Bible, qu'il avait lue tout au long de sa vie, formait un tout. - Mais la Bible n'est-elle pas difficile à comprendre ? Jerry Lewis répond que non, mais que la plupart de ceux qui lisent la Bible "cherchent une porte de sortie". Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Sachant qu'"il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus", J. Lewis exprimait sa crainte de l'enfer et de la damnation, sachant l'emprise de Satan sur les actions humaines en général, et les siennes en particulier, en face d'un interlocuteur sceptique : "On ne peut servir deux maîtres à la fois." Shakespeare ajoute que la crainte excessive de l'enfer est inutile, car l'enfer, nous y sommes déjà.

Commentaires

  • Le crédo de Jerry Lee Lewis est ancien et profondément enraciné en l'homme : "video meliora proboque, deteriora sequor."

    "Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre." Si la Bible est si simple, pourquoi les hommes ne courent t-il pas plus résolument dans les bras de leur Seigneur ? Simple question de mauvaise volonté ? Les hommes ne "veulent pas entendre" ? Cela semble un peu court. Les torrents de cacophonies que déverse le monde dans les naissantes oreilles des enfants.... Et ce soleil de Satan si aveuglant et que tant de mignons zélés reflètent à l'envie, par maints miroirs ! On n'outrepasse ici la question de la bonne volonté, je crois. On n'ai pas très aidé à voir ni à entendre, on y est même très empêché.

  • La volonté est sans doute ce qui fait obstacle entre l'homme et dieu, volonté brutale des hommes ou ruse des femmes.
    - En particulier les hommes et les femmes éprouvent le besoin, contrairement aux animaux, pour renforcer leur volonté, de se justifier. Les loups ou les abeilles forment des sociétés idéales, en comparaison des sociétés humaines, mais les loups et les abeilles n'éprouvent pas le besoin d'entendre et de réciter des discours socialistes pour s'encourager à copuler, tuer, dévorer, bref accomplir les gestes ordinaires de la vie sociale. Or la Bible ne fournit aucune justification à l'homme.
    - Prenez l'exemple de la Genèse : combien disent comme Bacon qu'il est le récit de la création de l'homme par Satan-Prométhée ? Que l'étincelle, le souffle vital qui anime la chair est démoniaque ? Il est beaucoup plus réconfortant pour l'homme de se croire le fils naturel d'un dieu sauveur. Nier que la Genèse a une signification, comme font d'autres personnes (à l'instar de Nietzsche), est d'un moindre réconfort, mais c'est encore une manière d'éviter de saisir le taureau par les cornes.
    - Une autre preuve, ce mal propre au monde moderne qu'est l'intellectualisme, que vous pointez à travers "les torrents de cacophonie", cet intellectualisme est bel et bien un gigantesque effort pour tenter de fournir une raison d'être à l'espèce humaine qui n'en a pas.

  • "Une raison d'être à l'espèce humaine qui n'en a pas."

    J'ai toujours quelques soucis à comprendre ce que vous entendez par ce genre de formules, à propos de l'absurdité de l'espèce humaine, et plus encore quant il s'agit de la vie humaine en général.

    Que la conception par exemple antique de la vie humaine comporte des raisons affaiblies par la fatalité admise de la mortalité, je veux bien l'entendre. Mais l'on peux néanmoins considérer avec peu de peine que l'instinct vital, la quête du bonheur, la quête de la libération personnelle, la recherche du plaisir, sont des raisons d'être, qui ont un certain sens et même un sens certain dans le cadre d'une condition finie.

    Et pour un chrétien, la vie serait absurde ? La possibilité qu'elle contient de la rédemption en soi de la chair, du péché, et de la mort, la possibilité réelle de la liberté, promises par le Dieu de la Bible à ceux qui se rendent digne de sa parole, n'y enlèverai rien ? La possibilité en somme, durant la vie, de s'affranchir des pièges vitaux, sociaux, des pièges justement de l'espèce, n'enlèverai rien au caractère absurde de l'existence ?

    Il est entendu que les raisons d'êtres du moderne, affranchi du Christ comme de l'antiquité, sont celles d'un homme sans tête, dirigé par d'autre hommes sans têtes vers abattoirs et galeries aux miroirs. Ce somnambulisme de fausse conscience, cet ersatz de libération excité à tout vents par la rêvasserie publicitaire, cette pauvreté en monde d'animal bâtard, cet état où l'homme ne sait plus ce qui est bon et ce qui est mauvais pour lui, et où on l'ampute de le savoir, où bien que l'animal il n'est en mesure de le sentir et de se conformer à ses instincts, ces état là, sont bien sans raison d'être.

  • Sur le plan chrétien je pourrais résumer mon point de vue : le Christ s'adresse je crois à des hommes vivants, c'est de leur vivant qu'il les invite à aimer et à se rapprocher de leur seigneur.

  • Si vous disiez que la vie qui s'offre à l'homme, que la famille, la société, les traditions offrent à l'homme à souvent un sens amoindrie, quand ce n'est pas proprement un caractère d'absurdité, on s'éviterai l'équivoque de vous croire en proie aux arguties et états d'âmes existentialistes.

  • "Prenez l'exemple de la Genèse : combien disent comme Bacon qu'il est le récit de la création de l'homme par Satan-Prométhée ? Que l'étincelle, le souffle vital qui anime la chair est démoniaque ?"

    Vous serrai t-il possible de me fournir à ce propos la source précise, cette idée étant à mon avis l'une des pierres de touche de votre christianisme ?

  • - L'Antiquité ne nie pas qu'il y a une porte étroite qui débouche sur la vie éternelle. Plusieurs mythes grecs l'attestent (à cet égard, Nietzsche proclame des contrevérités).
    - Le bonheur n'est pas tant un but que le moyen même de l'existence. Je vous conseille la lecture des nombreuses pages de Léopardi où celui-ci explique pourquoi l'homme ne peut trouver de satisfaction suffisante dans l'expérience du bonheur, qui en comparaison même du suicide peut sembler une expérience limitée.
    Une des clefs de la culture totalitaire dans laquelle nous baignons consiste à faire miroiter le bonheur comme un bien suprême. Le quidam est ainsi conditionné à penser la politique comme un art supérieur. Un chrétien dira : la politique ne va JAMAIS sans un certain mysticisme que, moi, homme de science, je rejette comme la superstition.
    - Ce que j'essaie de vous faire entendre, c'est que pour la débile Thérèse d'Avila, enfermée dans son masochisme, le plaisir a une importance délirante, qu'il n'a pas même pour Sade. La religion du plaisir est celle des hommes et des femmes qui souffrent.
    - Il n'est pas moins vrai de dire que Jésus-Christ s'adresse à des condamnés à mort, plutôt qu'il s'adresse à des hommes vivants. Vous me dites que je cherche à noircir le tableau ; je pourrais aussi bien dire que vous cherchez à l'enjoliver. La vie est absurde pour un chrétien, dans la mesure où ce qui concourt à la vie ne concourt pas au salut. Jésus-Christ dit de Judas que sa vie fut absurde.
    - Il ne s'agit pas de "mon" christianisme : je pourrais sans peine vous démontrer que la tentative des catholiques romains de réhabilitation de la chair n'a ABSOLUMENT aucun fondement évangélique. C'est cet effort pour réhabiliter la chair d'où viennent les interprétations frauduleuses de la Genèse.
    Tous les soi-disant catholiques qui propagent la doctrine des évêques de Rome se font les complices de l'antéchrist.

  • Je me permet d'insister : quelles sont les sources qui étayent une telle conception chez Bacon. J'ajoute que mon intérêt doit à un peu à une défiance de principe : la mention faite à "Dieu", à "l'Eternel Dieu", m'apparais sans équivoque dans la Genèse, à moins que vous soyez ici comme ailleurs, en ligne directe avec Dieu pour pouvoir juger qu'il s'agit dans la Genèse ordinairement admise de traductions fallacieuses, ou que vous soyez en possession d'une bible plus authentique que celle du commun des mortels, commun qui inclue naturellement les catholiques.

    J'aimerais assez comprendre sur quoi cette vision d'une conception satanique de la vie elle même repose exactement, si ce n'est sur vos propres opinions et un goût prononcé pour le contre-pied aux instances ecclésiales romaines. L'affirmation que la réhabilitation de la chair n'a aucun fondement évangélique ne vaut pas preuve que votre conception de la chair comme strict jouet de Satan et piège d'entre les pièges, en ai une.

    De manière générale, vous évoquez plus que vous ne citez, et de très loin. Seriez vous jaloux de vos lectures ? (J'ajoute que le peu de fois ou j'ai connaissance des textes que vous évoquez, il est fréquent que j'en ai une interprétation assez différente, voire opposée, mais je suis peut être bien piètre lecteur)

  • - La désignation des différentes "puissances divines" dans la Genèse et l'ancien testament est un sujet complexe, très loin d'être "dépourvu d'équivoque". Vous devez le savoir ; faute de quoi vous trouverez dans les bibliothèques comme sur internet de quoi nourrir votre curiosité à ce sujet. "Satan", autrement dit "l'Adversaire", est une puissance divine.

    - F. Bacon suggère dans son étude de la mythologie grecque de voir dans le Prométhée grec, démiurge insufflant la vie à l'homme, une fable dérivée de la Genèse, de sens analogue.

    - Quoi qu'il en soit, la mort ou le péché n'est pas l'oeuvre du dieu des chrétiens - et il paraît difficile de dissocier la mort de la vie, vous en conviendrez peut-être. Les prêtres catholiques romains qui présentent la mort comme une "étape nécessaire", confondent donc, c'est là où je voulais en venir, le culte païen démoniaque de Platon avec le christianisme.

    - "La chair est faible", rappel du Messie à l'apôtre Pierre, après qu'il l'eût trahi trois fois, signifie bien la défense du Messie, parlant au nom de dieu, d'attribuer aux actes charnels une valeur spirituelle. A l'aide de quelques mots-clefs vous pourrez retrouver plusieurs passages sur ce blog où je mentionne les efforts des antichrists qui siègent sur le "trône de Pierre" pour prêter à la chair une valeur ou un sens spirituel, contrecarrant ainsi l'ordre du Messie de ne pas le faire (notamment le pape polonais Jean-Paul II a poussé l'audace dans ce domaine très loin, comparant le mariage de chair à l'union du Christ et de son Eglise).
    - C'est à moi de vous poser une question : croyez-vous que la doctrine catholique romaine soit une présentation authentique de la foi chrétienne ?

  • Je réponds superficiellement pour l'instant, ayant un certain nombres de choses sur le feu.

    La doctrine catholique présentation authentique de la foi chrétienne : Non, pas plus que je ne crois que votre présentation soit authentique. Je crois du reste la votre moins fausse, notamment en raison du caractère individuel de sa formulation, et de la précision de certaines de vos estocades, qu'elles soient portées à ma propre bêtise ou à la bêtise du monde, et du monde catholique notamment.

    Le catholicisme m’apparaît comme un pagano-christianisme profond, plus profond que vous ne le suggérez parfois, à mes yeux, et je n'exclus pas que ce catholicisme imparfait puisse aussi charrier l'esprit du Christ, par delà les trahisons humaines, en dépit d'elle. Je pourrais avoir l'hypothèse que l'Eglise soit le véhicule de choix de la Parole en raison même de cette faillibilité, de même que c'est en partant de notre nature imparfaite que j'estime que l'on peut accéder au salut, en se détachant de l'imperfection et non en la vouant aux gémonies (elle n'a pas besoin de ça, elle y va). Je pourrais, si seulement je ne voyais pas la trahison du message s'épaissir au fil des siècles, si je soupçonnais le processus inverse d'enfoncement borné dans le péché. En l'état le catholicisme me semble entaché d'erreurs trop nombreuses, accumulées tout au long de sa longue histoire, erreurs qui tiennent à ce caractère d'hybride probablement autant qu'à sa compromission civilisationnelle originelle - et permanente à travers l'histoire. Une telle hybridation m'évoque la tiédeur de la pierre, la tiédeur que Dieu vomit, et un tel processus de déchéance m'évoque à priori la Chute, avant examen plus décidé.

    Je ne suis pas persuadé par ailleurs que mon intérêt pour le christianisme lui même ne soit pas motivé par des habitudes culturelles, un bain de culture, d'où que j'essaye aussi de percer à jours le caractère de vérité que pourrait recouvrir d'autres spiritualités, sans diluer dans un syncrétisme peu regardant, comme vous le croyez parfois, la spécificité du message du Christ, ou de ce que je perçois de sa singularité, à travers les différentes brumes qui l'épaississent.

  • Dieu est omnipotent et n'a nul besoin d'un véhicule, qui plus est imparfait. Confieriez-vous une personne qui vous est chère à un véhicule dont vous savez qu'il est saboté et qu'il l'enverra au ravin ? Non, vous préféreriez qu'elle vous rejoigne à pied, aussi pénible soit le chemin, si cette personne sait marcher.
    C'est plutôt Satan qui a besoin de nouer des alliances avec les hommes pour durer. Et comme il est fin stratège, le stratège d'entre les stratèges, ce type d'alliance tourne toujours, en définitive, à son avantage.
    Si les Grecs ont su trouver la ruse du cheval de Troie pour s'emparer d'une cité imprenable, croyez-bien que Satan est au moins capable de cette ruse.

  • S'il est omnipotent et infiniment aimant, que ne claque t-il pas des doigts pour nous arracher à notre condition maudite, voir à vous en croire, aux griffes même de notre géniteur, Satan ?

    J'ai moi l'hypothèse que Dieu soit notre créateur et qu'il nous voulut faillible, et que cette faillibilité se traduit dans notre liberté, qui découle de l'Esprit. Cette liberté de pouvoir, comme Adam et Eve, choisir de ne pas écouter sa parole, et de nous enfoncer de ce fait dans cette faillibilité qui lorsque l'on s'y conforme, nous mène à la mort.

    C'est l'orgueil de l'homme qui le perd, l'orgueil de vouloir être libre au delà du raisonnable, au delà de l'obéissance à son seigneur, au delà de l'autorisation de son seigneur, libre jusqu'à vouloir édicter sa loi et à se croire Dieu lui même. Cet orgueil est une des orientations possible de la faillibilité originelle de l'homme, l'orientation opposée étant l'humilité, c'est à dire un usage de sa liberté plus digne. L'orgueil humain, prométhéen, est excité par Satan qui nous attire à lui par ce biais.

    Reste ce fait : c'est par la faillibilité que Dieu et Diable pénètre dans le destin des hommes, et font de l'homme plus qu'un animal. La conscience de notre mort et la conscience tout court, sont notre "fardeau béni", si je puis dire, et comprend la possibilité de notre salut et de notre damnation. A la fois nous pouvons nous arracher à la condition de mortel par la pleine conscience de cette même condition, et remontant ainsi à notre seigneur par une telle conscience véridique (remontant la source de l'Esprit) de gagner notre salut par l'obéissance à ce qu'il nous édicte, si nous parvenons à l'entendre. Ou alors, cette conscience altérée, troublée par les sirènes du monde, troublée par l'usage paresseux que nous faisons de nos qualités spirituelles, par notre mauvaise volonté, de choisir, en conscience ou non, la désobéissance et de nous associer à l'Adversaire de la volonté de Dieu.

    Ici comme ailleurs, je ne peux jeter le bébé avec l'eau du bain. D'après mes vues, Dieu nous a voulu faillible car cette faillibilité est la condition de notre liberté réelle, et qu'elle comprend la possibilité de la chute et du salut. L'instinct infaillible des bêtes les voue à la mort, assèche toute liberté chez elles, et couronne d'inconscience leur destin. Notre conscience faillible fais de nous des animaux ouverts, et qui devons mériter notre salut par la proximité de l'Esprit et l'obéissance à ce qu'il nous souffle, par voix de prophètes et en s'efforçant à la claire-vue.

  • Votre déisme psychologique est proche du catholicisme romain (auquel vous n'accordez pourtant pas l'authenticité). J'ajoute que si vous mettez Satan ou "la nature", le "feu créateur", comme Nietzsche, à la place de "dieu", votre doctrine n'en sera que plus rationnelle ; la liberté pleine et entière n'est pas concevable sur le plan naturel, dit justement Nietzsche, qui nie en bloc toute espèce de métaphysique, qu'elle soit juive, chrétienne, ou même grecque (la mythologie d'Homère s'ouvre sur la science métaphysique).

    - Le raisonnement psychologique est un raisonnement qui se mord la queue. En effet, la condition humaine n'est une malédiction que du point de vue juif ou chrétien, opposé à la "culture de vie" païenne. Et l'homme n'a nul besoin de dieu pour abroger l'effet indésirable de la condition humaine que représente la souffrance : l'homme peut fort bien mettre fin à ses jours, bien que la voie lâche du confort bourgeois soit socialement plus convenable.
    Jésus-Christ n'est pas venu offrir à l'homme une solution qui est déjà à sa portée. Il est venu offrir à l'homme l'amour de dieu, à prendre ou à laisser. Sur le plan social, cet amour n'est d'aucun usage, c'est pourquoi il n'y a aucune "doctrine sociale chrétienne" possible, c'est-à-dire aucun compromis avec le péché, aucun compromis avec la mort. Les solutions de compromis sont explicitement proscrite par le Messie à ses apôtres. Cela ne signifie pas que le compromis ou la composition soit une tentation permanente, pour moi comme pour vous. Mais en faisant de la compromission une religion, on dépasse certainement ce que l'amour de dieu tolère.

    - Je vous engage à lire Léopardi (ses écrits regroupés sous le titre "Théorie du plaisir") : ce n'est pas une doctrine chrétienne, mais ils remettent en question votre "raisonnement" sur dieu et la vie. Léopardi dit en substance : la jouissance, fort bien ; mais elle est nécessairement momentanée ; une fois la jouissance atteinte, on ne peut que vouloir se maintenir dans cet état le plus longtemps possible, ou regagner ce sommet où il est ardu de se maintenir. L'effort en vaut-il vraiment la chandelle ? La jouissance ne met donc pas un terme à l'absurdité de la condition humaine. Le besoin de surmonter cette absurdité et de connaître la vérité n'est pas moins une exigence réelle, par-delà la jouissance. C'est pourquoi Léopardi a tenté de se suicider, au terme d'une quête scientifique qui lui semblait déboucher sur une impasse, et comme il tirait, non pas de la nature, mais d'un besoin spirituel plus élevé, sa principale raison de vivre.
    On rapproche parfois Léopardi à tort de Nietzsche, car le premier illustre ou met en lumière l'influence de deux forces antagonistes réelles sur l'homme, tandis que le second s'efforce de démontrer que la pensée humaine ne peut dépasser le cadre du droit naturel.

  • Je ne sais pas si nous nous comprenons ici. Je ne crois pas que "La nature", le "feu créateur", ou je ne sais quel autre nom que vous tenez à donner à ce que je décris ici, contienne en lui la possibilité de conjurer la mortalité, et que bien au contraire c'est par l'esprit, qui n'a rien de naturel, et par des efforts proprement spirituels, qui n'ont rien de naturel non plus, que l'on se sauve et que l'on outrepasse les limites de notre condition.

    Je ne vois pas plus ce que la jouissance vient faire ici. La liberté faillible, que j'évoque ici mène bien à deux chemins distinct. L'un est le torrent des tentations terrestres (je ne parle pas de tentation au sens moral), plus ou moins bassements humaines, anthropologiques diriez vous peut être, et qui comprend la conformation à la nature, à notre nature, et donc au caractère de malediction de notre nature, in fine à la mort donc.

    L'autre, étroite, nous mènes, par l'Esprit qui provient de Dieu, à nous échapper de la mortalité, et ce chemin est naturellement, partant pourtant de notre condition faillible, glacialement éloigné de la question de la jouissance terrestre. Distincte plus que strictement opposée, à mon avis cependant.

    Faut t-il donc adhérer à votre dogme d'un "malin démiurge" pour être chrétien de plein droit d'après vous ? Ce serait cocasse !

  • Ajout : La voie que je dessine est contre-nature, ce qui ne veux pas dire que la nature, la nature humaine y compris, n'en ai pas le point d'accès (nous sommes des animaux dotés de corps, soumis à des règles physiques comme toutes les choses du monde), et que ce point d'accès, s'il doit être considéré avec méfiance et conscience lucide, ne peux pas nous faire parvenir, comme véhicule encore une fois, à l'Esprit.

    L'intellection nous viens de nos sens, et la perception que nous avons du monde passe par ceux-ci, nos capacités cognitives nous viennent de notre cerveau, qui est un organe que l'électricité traverse, nos facultés plus hautes que la simple perception, notre conscience, nos facultés logiques, nos facultés de jugement, proviennent de l'Esprit de Dieu, et seules libèrent.

    "L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé…" Matthieu. L’œil n'obéit t-il pas aux lois naturelles, n'appartient t-il pas au règne des objets de la nature ? Je ne crois pas qu'il faille vouer la nature, et notre corps avec donc, qui en est un objet parmi d'autres objets, aux gémonies, mais en user en pleine raison, avec toute la méfiance que cela requiert, pour se rapprocher de la Vérité. Il faut se méfier du ventre et des organes bas en général, et du cerveau reptilien qui y préside, de tout les organes qui s'excitent et qui se troublent aisément.

    C'est un véhicule périlleux, le seul que nous avons cela dit, et ce péril est l'offrande de Dieu, car en ce péril réside le choix, et donc la liberté. Vous faudrait t-il que la nature humaine, que la biologie, sois réglés comme des horloges suisses vers un salut en pilote automatique, pour que vous ôtiez vos critiques un brin morbides faites à leur endroit ?

    Oui, le corps, entaché de la corruption de sa mortalité et de sa faiblesse constitutive, est soumis à la tentation et file vers la mort, à petit ou grand feu, et c'est de cette malédiction qu'il faut nous affranchir, pas du corps lui même. Libérer le corps en se libérant du corps, non pas du corps EN SOI, mais en ce qu'il intime de traîtrise à la vérité et à la parole. Soit tout le fatras de pulsions, de faux espoirs, guidés par la peur du corps faible, tout le trouble et l'excitation des nerfs, si bien flattés par notre cacophonie terrestre, toute la vile pulsion qui le dérègle etc etc etc.

    (Un idéal apollinien y parviens assez je pense, et c'est une des conditions NON SUFFISANTE, je le précise encore une fois, qui peuvent nous donner bon véhicule peu troubler, disposé à se diriger vers le salut, et d'abord à nous donner pleine possession de nous sur des plans plus bas, d'ailleurs.)



    Cela dit, je dois ajouter que mes vues et raisonnements sont en l'état un croisement d'expériences personnelles, d'interprétations, d'hypothèses, d'études et d'intuitions qui vaut ce qu'il vaut, et que je ne prétend pas à votre érudition, ni d'être en possession de cette Bible doté des notes de bas de page de Dieu lui même et dont vous usez souvent, qui vous arroge monopole (à vous et à Bacon disons) interprétatif manifeste.

  • Je crois comprendre que vous m'accusez d'être catholique subliminal, pour mon refus de me figurer que mon créateur est Satan, et que tout ce qui transige à ce dogme là est accusé par vous d'un défaut de "pureté chrétienne", et de ne faire que "blanchir le monde", le sanctifier en somme. Ce schéma, bien qu'assez performant, me semble un peu fourre tout.

  • La "culture de vie" est "satanique" (païenne), un point c'est tout. Ce n'est pas un dogme, mais un fait historique. F. NIetzsche, apôtre de l'antichristianisme et de la culture de vie, emploie cette expression à bon escient. Or les derniers évêques de Rome prétendent que le christianisme est une "culture de vie", et font passer corrélativement la vie pour un don de dieu. C'est faux - seul le salut est un don du dieu des chrétiens à ceux qui lui sont fidèles et ne trahissent pas ses paroles.
    Vous m'avez dit le fond de votre pensée, je vous ai exposé le plus clairement possible en quoi la doctrine catholique romaine relève de la fornication. Fin de la discussion.

  • Si la Génèse illustre la création de l'homme par Dieu, alors la vie est au sens strict un don de Dieu, que ce don contienne en lui la possibilité de la mort comme du salut n'y enlève d'ailleurs rien, sauf à estimer que n'est don que ce qui nous tombes tout cuit du ciel sans être taché d'aucun péril pour nous. Paresse ! Cela dit, dans votre thèse d'un souffle vital satanique, et d'une paternité maline de l'homme, tout est renversé.

    Cela étant dit, je ne suis pas catholique, et je ne sais pas bien pourquoi vous recentrez sur votre marotte de la papauté antéchristique ainsi tout le temps pour m'y associer. J'admet sans problème que la "culture de vie" comme FIN est satanique, bien plus que païenne d'ailleurs. (Le paganisme grecque explore la métaphysique et dépasse de très loin les caricatures bourgeoises de l'épicurisme, de je ne sais quel "bien mourir" ou quel "art de vivre"). C'est ici fornication indéniable, dans l'hypothèse que votre interprétation de l'idée de fornication sois juste. Sanctification du moyen en fin qui détourne du sens des fins véritables et libératrices.

    Fin de la discussion, si vous y tenez, c'est votre terrier après tout.

  • Il est puéril de croire que dieu a créé l'homme pour le soumettre à l'épreuve de la tentation.
    La Genèse est un récit mythologique, analogue au mythe de Prométhée. L'ancien testament est assez confus sur la notion de "dieu" ; dans certain passage, Iaveh est même appelé Satan, et Satan Iaveh.
    - Votre interprétation puérile de la Genèse est celle-là même de l'Eglise catholique romaine, qui lui permet de faire passer la "culture de vie" satanique pour quelque chose de chrétien.

Les commentaires sont fermés.