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Exit René Girard

Dans le contexte d'une culture de masse soigneusement entretenue par la presse et les médias, il est plutôt cocasse d'entendre et voir célébré le "philosophe" René Girard à l'occasion de sa mort.

R. Girard faisait le constat que les sociétés sont animées par la violence, une violence croissante ; c'est une remarque assez superficielle et banale, compte tenu des massacres perpétrés entre nations européennes aux cours des XIXe et XXe siècles.

Plus profondément, Shakespeare fait observer que la violence moderne est une violence plus subtile et plus humaine, contrairement aux sociétés traditionnelles dont les rapports de force reflètent plus directement la violence de la nature. La violence des classes possédantes (cf. "Le Marchand de Venise"), celle de l'Etat moderne ("Arbeit macht frei") éclate moins en surface, mais elle n'est pas moins terrible. L'activité des volcans est souterraine - ainsi des geysers de violence modernes.

J'ai entendu René Girard prendre l'exemple de la bombe atomique, mais l'utiliser très mal ; en effet, ce qu'on doit indiquer, c'est que la paix et la sécurité de l'Occident reposent assez largement sur la bombe A, c'est-à-dire sur la menace de la violence. C'est ici un exemple d'oppression permanente exercée par l'Occident dominant sur des peuples sous sa domination. Il faut dire aussi que l'apologie de la sexualité est une apologie de la violence déguisée sous le nom d'amour, là encore typique de la barbarie moderne (cf. "Roméo et Juliette").

Si la bible est incompatible avec les valeurs modernes, c'est parce qu'elle pose le principe d'une violence sociale irrémédiable. Le judaïsme et le christianisme ne proposent aucun remède à la société, dont le sort est scellé dans l'Apocalypse. Comment peut-on être moderne après la shoah et le goulag, le colonialisme ? La réponse est simple : parce que la société l'exige - la culture de masse participe ainsi à une gigantesque opération de blanchiment pour le compte des élites. La culture de masse dit l'abjection des élites modernes soi-disant "humanistes", car la culture de masse est un entraînement précoce à la violence.

Le mensonge est donc l'ingrédient particulier de la violence des sociétés occidentales modernes. Ce mensonge est perçu par les milieux populaires à travers la ou les théorie(s) du complot ; celle-ci véhicule le message selon lequel on ne peut pas faire confiance à l'Etat et aux élites pour dire la vérité.

Un socialiste honnête fera l'apologie de la violence, comme un mal nécessaire - un mal écologique. Ainsi la doctrine sociale de Nietzsche est sincère, car ce doctrinaire fait l'apologie de la violence, qui pour mieux être encadrée doit être reconnue, assimilée et traduite dans l'art.

Le discours des anthropologues modernes sur la violence est parfaitement nébuleux et trompeur. On le reconnaît à ce qu'il n'envisage pas l'argent comme la première cause et effet de la violence sociale, mais le "racisme", les "inégalités", etc., c'est-à-dire des formules abstraites.

Je connaissais mal René Girard, à l'exception de son étude de Shakespeare, dont on peut dire aussi qu'elle est superficielle. Dire que "Hamlet" n'a pas pour thème la vengeance est, là encore, une évidence. C'est aussi évident que de remarquer que le "Don Quichotte" de Cervantès est une parodie ironique des romans de chevalerie et de la culture médiévale.

La vengeance est un des thèmes, si ce n'est LE thème central du roman et de la culture bourgeois, dont les tragédies de Shakespeare ne font pas partie. On peut faire le constat de l'importance de la vengeance dans la culture bourgeoise à travers le thème de la vengeance contre les nazis, ou de l'abjecte "chasse aux nazis", manifestation du triomphe de la bestialité nazie chez ses soi-disant adversaires.

De plus René Girard posait comme un principe que les pièces de Shakespeare ne sont pas apocalyptiques. Or la mythologie chrétienne, comme la mythologie juive, est principalement historique et apocalyptique. Prétendre que Shakespeare n'est pas apocalyptique, sans en rapporter la preuve, et quand bien même la critique universitaire avoue qu'elle est loin d'avoir achevé son travail d'élucidation, relève du préjugé ou de la pétition de principe de la part de R. Girard.

 

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