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Bilan de Léon Bloy

Le centenaire de sa mort est l'occasion de se remémorer Léon Bloy (1846-1917). Cet écrivain paradoxal (catholique ET pauvre) a contribué au même titre que Karl Marx à mon éloignement définitif de la doctrine catholique romaine ; je tiens désormais cette doctrine pour une doctrine pharisienne, autrement dit le surgeon mort du figuier mort et maudit par le Messie.

Le figuier mort signifie la loi juive, amputée de son sens spirituel et eschatologique par le clergé juif. Or Léon Bloy, au même titre que Karl Marx, a travaillé à faire renaître l'eschatologie au sein d'une culture "judéo-chrétienne" dont la vocation profonde est de contrecarrer la Révélation par tous les moyens, y compris en accomplissant l'iniquité au nom de Jésus-Christ si c'est nécessaire pour méduser les nations de la terre.

Si Karl Marx ne s'avance pas, contrairement à Léon Bloy, sous la bannière de l'eschatologie mais celle de la "ligue des Justes" -rebaptisée "communiste"-, ôter à Marx la dimension eschatologique n'est possible qu'à condition de n'avoir lu ni Marx ni la Bible (ce qui est très fréquent dans ce pays).

Léon Bloy est demeuré dans le giron de l'institution catholique ; je dis "institution" pour indiquer que l'on méconnaît l'Eglise romaine si l'on méconnaît la cause essentiellement juridique de sa doctrine. Le Sauveur ne parle sans doute pas de "figuier" par hasard ; ni les apôtres ne précisent par hasard que Judas Iscariote alla se pendre à un figuier.

Léon Bloy a remarqué l'hostilité d'une partie du clergé catholique, l'a même éprouvée parfois durement, mais il n'a pas décelé dans la doctrine catholique romaine la vocation à contredire le sens apocalyptique de l'Histoire.

La limite du propos de Léon Bloy est, d'une certaine façon, tracée par Léon Bloy lui-même. Celui-ci définit justement la tâche du littérateur ou du journaliste chrétien comme la confrontation des événements qui secouent le monde à la prophétie apocalyptique. Or, pour ce faire, Shakespeare a adopté un point de vue plus élevé que Léon Bloy.

L'erreur la plus flagrante de Bloy est l'idéalisation du moyen-âge, quand bien même celui-ci se caractérise par la substitution du droit et de la philosophie romaines à l'eschatologie chrétienne, ce que Shakespeare a parfaitement vu et illustré dans plusieurs pièces, au contraire.

L'erreur commise par Bloy est identique à celle que commettrait celui qui verrait dans la démocratie américaine aujourd'hui une nation chrétienne. En effet les Etats-Unis d'Amérique s'éloignent du message chrétien avec la même ostentation chrétienne que le moyen-âge s'en éloignait. La complexité de la culture américaine est analogue à la complexité du moyen-âge.

La mentalité américaine est typiquement médiévale : parmi les nombreux signes qui l'indiquent, le goût américain pour le cinéma, c'est-à-dire pour la fiction. Les plus dures critiques du moyen-âge ont été faites au nom de la vertu, pour en fustiger le vice - un bref séjour aux Etats-Unis suffit pour s'apercevoir combien la culture moderne américaine dévalue la vertu, alors même que les Américains -tels des femmes-, ne cessent de causer "éthique" du matin au soir.

Contrairement à Léon Bloy et son utopie, située dans un passé réconfortant, Shakespeare propose une vision purement apocalyptique, sans ancrage temporel. L'odeur de pourriture du Danemark est l'odeur de l'utopie politique chrétienne sans cesse renouvelée à travers les siècles.

Commentaires

  • Au fond le violent conflit qui oppose l'évangile au pharisianisme était déjà en germe au moins depuis Moïse et la fameuse scène du veau d'or. Et d'ailleurs, le pharisianisme à proprement parler est devenu la religion juive actuelle, (après la destruction du second temple par les Romains) religion qui s'est fondée sur le refus du Christ à travers le Talmud (qui sont des livres de lois !), le judaïsme est donc né après le christianisme et non pas l'inverse comme on voudrait nous le faire croire. Et c'est un pharisianisme similaire qui triomphe au Vatican, d'ailleurs avez vous vu la crèche qu'ils ont installée ? Elle est très évocatrice...

    La démocratie américaine n'existe pas, puisque il est parfaitement légal de faire du lobbying ou dit plus crûment de la corruption. Et plus globalement, tout est faux, frauduleux, contrefait, on peut être quasi-certain que quelque chose que l'on nous vante comme positif cache en réalité son exact contraire et inversement, signe du démon.

    Joyeux Noël à tous (malgré que moi même je n'y crois plus beaucoup).

  • Léon Bloy par lui même :

    "Dieu m'avait donné le sens, le besoin, l'instinct – je ne sais comment dire – de l'Absolu, comme il a donné des aiguilles au porc-épic et une trompe à l'éléphant. Don extrêmement rare que j'ai senti dès mon enfance, faculté plus dangereuse et plus torturante que le génie même, puisqu'elle implique l'appétit constant et furieux de ce qui n'existe pas sur la terre, et que par elle est procuré l'isolement infini. Je pouvais devenir un saint et un thaumaturge. Je suis devenu un homme de lettres !
    Ces phrases ou ces pages qu'on veut admirer, si on savait qu'elles ne sont que le résidu d'un don surnaturel que j'ai gâché odieusement et dont il me sera demandé un compte redoutable !
    Je n’ai pas fait ce que Dieu voulait de moi, c’est certain. J’ai rêvé, au contraire, ce que je voulais de Dieu, et me voici, à soixante-huit ans, n’ayant dans les mains que du papier !"

  • - Le veau d'or façonné par Aaron avec les anneaux des femmes et des enfants tandis que Moïse et les Anciens s'étaient retirés sur la montagne représente l'idolâtrie - une idolâtrie manifeste.
    Sans doute le pharisaïsme conduit-il aussi à l'erreur et à la fausse religion, mais c'est une tromperie beaucoup moins manifeste et plus subtile. Paul consacre plusieurs passages des épîtres à expliquer la nature et la puissance de cette ruse nouvelle de l'Adversaire.

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