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erik orsenna

  • Censurer internet ?

    Mon dabe, plutôt goguenard vis-à-vis d'Internet, se plaint qu'il se traduise par la mort de la presse écrite. C'est-à-dire que mon paternel ne trouve plus dans les quotidiens depuis qu'Internet est entré dans les moeurs ce qu'il y trouvait avant ; et vu qu'il est incapable de se connecter à Internet...

    Tu parles d'un drame ! Pour moi je serais ravi jusqu'à l'orgasme si l'internet pouvait achever définitivement la presse écrite, dont la mort est parfaitement rationnelle, pour qu'on soit débarrassé enfin de tous ces plantons de la politique qui n'en assument même pas les désagréments. Même symboliquement, juste avant l'apocalypse.

    Il faut dire que pour un marxiste (mon dabe ne l'est pas), compte tenu du mépris de Marx pour la politique et les politiciens, la responsabilité des savants est beaucoup plus grande, l'imposture scientifique s'incarnant pour Marx dans la philosophie (Marx n'a pas eu le temps comme F. Bacon de s'étendre sur les liens étroits qui unissent la philosophie aux mathématiques -et pour partie à la poésie-, arts éminemment spéculatifs, comme qui dirait "orphiques" selon Bacon ; Bacon a vu avant Marx le caractère "orphique" de l'art bourgeois.) Hitler est moins coupable que Hegel en quelque sorte, puisque celui-là n'a pas l'intelligence de celui-ci, et qu'un homme politique quel qu'il soit est comme pris dans un engrenage. Sarkozy est sans doute particulièrement "en phase" avec la société française actuelle, mais lui ou Ségolène Royal, François Bayrou, qu'est-ce que ça change ? Tout le monde a pu constater comment Fillon, chrétien libéral (putain de sa race maudite), s'est mué subitement au gré des événements en chrétien social injectant de l'huile dans les rouages et cédant au mécontentement des moins riches qu'il se proposait de mettre au pas deux semaines auparavant. Si la société n'était pas aussi pédérastique, le constat de l'inanité de la politique serait tiré par tout le monde. Après la nuit des rois, celle des présidents et même des parents : c'est l'ordre politique même qui l'exige. Si la politique ne se dirigeait pas inéluctablement vers le cercueil, elle ne serait pas anthropologique. Or Marx démontre que le seul mobile de l'anthropologie, c'est la politique (c'est vérifiable sur le plan de l'art aussi) ; et Shakespeare souligne, derrière le mobile de la politique, l'action du diable (Toutes confessions confondues, on peut poser qu'un dévot de la politique -il faut l'être aujourd'hui compte tenu de ses résultats- détestera Shakespeare à condition qu'il soit un minimum alphabétisé et ne confonde pas Shakespeare avec le boeuf Verdi ou Rossini.)

    Il n'y a sans doute positivement pas lieu de se réjouir des progrès accomplis par Internet, surtout vérifiables dans le domaine de la prostitution (d'où on peut déduire la totale hypocrisie du féminisme, idéologie presque entièrement adossée au capitalisme depuis un siècle) ; mais on peut néanmoins interpréter le fait que la liste des vieux cons qui pestent contre le web ne cesse de s'allonger, comme un signe assez encourageant ; pour mémoire je note ici ma liste :

    - Eric Orsenna ;

    - Maurice Dantec ;

    - Jacques Séguéla ;

    - Alain Finkielkraut ;

    - Pierre Arditi...

    (Les nouvelles contributions de vieux cons sont les bienvenues, à condition qu'il s'agisse bien d'authentiques vieux cons, actionnaires depuis des lustres de l'évolution de la bourgeoisie vers la fange.)

  • Goebbels pas mort

    Dominique Wolton, fonctionnaire d'expression bureaucratique, tente de convaincre ses confrères que l'Internet recèle une menace pour la corporation des journalistes. A trop recevoir d'informations contradictoires, le robot-citoyen va en perdre son latin et cesser d'exécuter le programme. L'information a vertu de leurre de l'opinion publique.

    En réalité, les médiats avaient déjà grillé leur circuit avant l'apparition de l'Internet. Le poids des cartels militaro-industriels dans la presse était déjà évident. Par ailleurs l'Internet reste assez verrouillé pour que le PS puisse jouer ce double-jeu de condamner le principe de l'invasion de l'Afghanistan dans les médiats, tout en votant les crédits militaires qui permettent cette invasion. Aussi affaibli soit le PS en ce moment, les cartels ne peuvent s'en passer pour le cas où Sarkozy serait brutalement déstabilisé par une plongée encore plus brutale dans la crise. C'est tout le sens des messages subliminaux adressés par le PS au patronnat, qui continue de plastronner sur TF1 en pleine déconfiture financière, comme le FMI après avoir ruiné l'Argentine, l'Onu après avoir laissé le génocide rwandais se dérouler sous ses yeux, etc.

    Le totalitarisme ne passe pas par la destruction du livre comme dans la métaphore d'Orwell, mais plutôt par l'accumulation de faux livres, de livres écrits en haine de l'art par des flics, par-dessus les vrais livres. L'oeuvre de Proust est typique de cette littérature policière qui exprime le fétichisme du langage, jailli du fond du cabinet de Proust contre la critique de Sainte-Beuve, qui a seulement le tort d'être de Proust d'érafler ses joujous d'enfance. Le critique E. Nolleau faisait remarquer récemment à Philippe Delerm que la première gorgée de bière n'est pas plus un sujet qu'un furoncle mal placé. Mais la philosophie de curé janséniste de Sartre est du même ordre : par quel moyen retrouver l'odeur de vulve de maman en dehors d'embaucher une papy-sitteuse prénommée Simone, bonne-soeur laïque en diable, exactement le genre dont les familles aristocratiques se débarrassaient au moyen âge en les expédiant au couvent (Ophélie dans "Hamlet" dont le caractère est un mélange, précisément, d'érotomanie et de puritanisme).

    Les exemples de pédophilie littéraire abondent : Nitche, Sartre, Houellebecq, BHL, Alexandre Jardin, Matzneff. A chaque fois on est assuré de trouver le caractère pédérastique qui traduit le stade génital de la pensée. Nul n'est mieux disposé à consentir à l'aliénation que le pédéraste-écrivain.

    Les fétichistes du langage et des idées comme Wolton, qui pensent que les mots naissent dans les choux ou dans les roses, ont souvent du mal à manier la syntaxe, jusqu'à la caricature chez Finkielkraut et le "chevalier du subjonctif" Eric Orsenna ; au point de donner l'impression d'entretenir un dialogue de sourds avec eux-mêmes.

    A quoi bon l'accumulation capitaliste ? Cela revient au même de se demander d'où viennent les mots. Totems et tabou : le totalitarisme doit resté crypté. C'est toujours sur le mode du court-circuit que le clergé d'une secte opère ; court-circuit des mots qui coupe de la réalité. Philologues et sociologues jouent dans la religion laïque le rôle des clercs qui transforment au Moyen âge le Nouveau Testament en talmud chrétien.

    Pythagore et sa secte fournissent le modèle archaïque de secte démoniaque fétichiste dont la science suprême est la science de soi-même : le miroir de Narcisse. Les branleurs de la physique quantique annoncent dans leurs gazettes navrantes sans se douter de rien leurs dernières découvertes dans le domaine de la CRYPTOGRAPHIE (!), façon d'avouer que pour eux la nature demeure une énigme, le pur reflet de leurs fantasmes.

    Nul n'a besoin d'être "informé" comme un robot le doit, à flux électrique continu. L'outil de sidération n'est bien sûr pas l'Internet. Que des starlettes comme Eric Orsenna ou Finkielkraut, Wolton, Maurice Dantec, pointent du doigt le ouaibe avec mépris et de façon hostile du haut de leurs chaires médiatiques est plutôt bon signe, le signe que la boutique de prêt-à-penser a flairé la banqueroute.