Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Censurer internet ?

Mon dabe, plutôt goguenard vis-à-vis d'Internet, se plaint qu'il se traduise par la mort de la presse écrite. C'est-à-dire que mon paternel ne trouve plus dans les quotidiens depuis qu'Internet est entré dans les moeurs ce qu'il y trouvait avant ; et vu qu'il est incapable de se connecter à Internet...

Tu parles d'un drame ! Pour moi je serais ravi jusqu'à l'orgasme si l'internet pouvait achever définitivement la presse écrite, dont la mort est parfaitement rationnelle, pour qu'on soit débarrassé enfin de tous ces plantons de la politique qui n'en assument même pas les désagréments. Même symboliquement, juste avant l'apocalypse.

Il faut dire que pour un marxiste (mon dabe ne l'est pas), compte tenu du mépris de Marx pour la politique et les politiciens, la responsabilité des savants est beaucoup plus grande, l'imposture scientifique s'incarnant pour Marx dans la philosophie (Marx n'a pas eu le temps comme F. Bacon de s'étendre sur les liens étroits qui unissent la philosophie aux mathématiques -et pour partie à la poésie-, arts éminemment spéculatifs, comme qui dirait "orphiques" selon Bacon ; Bacon a vu avant Marx le caractère "orphique" de l'art bourgeois.) Hitler est moins coupable que Hegel en quelque sorte, puisque celui-là n'a pas l'intelligence de celui-ci, et qu'un homme politique quel qu'il soit est comme pris dans un engrenage. Sarkozy est sans doute particulièrement "en phase" avec la société française actuelle, mais lui ou Ségolène Royal, François Bayrou, qu'est-ce que ça change ? Tout le monde a pu constater comment Fillon, chrétien libéral (putain de sa race maudite), s'est mué subitement au gré des événements en chrétien social injectant de l'huile dans les rouages et cédant au mécontentement des moins riches qu'il se proposait de mettre au pas deux semaines auparavant. Si la société n'était pas aussi pédérastique, le constat de l'inanité de la politique serait tiré par tout le monde. Après la nuit des rois, celle des présidents et même des parents : c'est l'ordre politique même qui l'exige. Si la politique ne se dirigeait pas inéluctablement vers le cercueil, elle ne serait pas anthropologique. Or Marx démontre que le seul mobile de l'anthropologie, c'est la politique (c'est vérifiable sur le plan de l'art aussi) ; et Shakespeare souligne, derrière le mobile de la politique, l'action du diable (Toutes confessions confondues, on peut poser qu'un dévot de la politique -il faut l'être aujourd'hui compte tenu de ses résultats- détestera Shakespeare à condition qu'il soit un minimum alphabétisé et ne confonde pas Shakespeare avec le boeuf Verdi ou Rossini.)

Il n'y a sans doute positivement pas lieu de se réjouir des progrès accomplis par Internet, surtout vérifiables dans le domaine de la prostitution (d'où on peut déduire la totale hypocrisie du féminisme, idéologie presque entièrement adossée au capitalisme depuis un siècle) ; mais on peut néanmoins interpréter le fait que la liste des vieux cons qui pestent contre le web ne cesse de s'allonger, comme un signe assez encourageant ; pour mémoire je note ici ma liste :

- Eric Orsenna ;

- Maurice Dantec ;

- Jacques Séguéla ;

- Alain Finkielkraut ;

- Pierre Arditi...

(Les nouvelles contributions de vieux cons sont les bienvenues, à condition qu'il s'agisse bien d'authentiques vieux cons, actionnaires depuis des lustres de l'évolution de la bourgeoisie vers la fange.)

Commentaires

  • Tout simplement excellent!

  • Robert Redeker
    cf son article dans la revue Médias, des extraits ici http://blog.jeanlucraymond.net/post/2009/12/28/Facebook-royaume-du-narcissisme-et-de-l-exhibitionnisme-selon-le-philosophe-Robert-Redeker

    Pour juger de l'ancienneté de son état de nuisible, je ne suis pas compétente.

  • « … Dans une réunion, l'ancien patron de la FNAC et désormais patron du Nouvel Observateur [Denis Olivennes] a qualifié Internet de "tout à l'égout de la démocratie"...»

    Intéressant ^^

  • La palme du comique revient à Jacques Séguéla qui accuse Internet de propager... le mensonge, alors qu'on peut penser qu'une France sans publicité serait une France qui recouvrirait une bonne part de sa franchise.

  • du verbe "recouvrer", j'allais préciser pour les lecteurs distraits, puis j'ai vu que t'avais fait la faute: "recouvrerait" donc ...Sauf à recouvrir cette franchise d'un voile de sincérité, naturlicht!

    pour Redecker il traine tellement de casseroles, on l'a collé au CNRS pour qu'il les récure en toute sérénité...
    de toute façon tous ces vieux cons ont un PC au sous-sol, j'en mettrais ma mai au feu tiens!

  • Je ne pige pas trop votre raisonnement Lapin.

    Si le net conduira à la fin de la presse écrite, ne sera t-il et n'est-il pas qu'un pis aller vers pire. Un pote ayant brièvement bossé dans l'édition numérique d'un canard m'a confirmé la médiocrité des .fr de la presse, remplis de merdeux serviles parés à se gober une couille pour avoir un tout petit nom. Lui, venant de la PQR, pensait ne pas pouvoir trouver plus consensuel et marketé; erreur.
    Pour les sites à contributeurs, comme le post ou agora vox, un rapide coup d'œil suffit à se faire une opinion sur le modus-merdi de ces machins, aux "rédacteurs" choppant le melon plus rapidement encore que les pros.

    La grand mensonge d'internet est d'offrir l'illusion de la préhension et de la compréhension intégrale. Bientôt ne sera plus apposé le slogan "vu à la tv" mais "lu sur le net".
    Redecker et Finkielkraut ne sont que de mauvais joueurs qui diabolisent, comme d'autres louent, une invention toute humaine.

    Et puis la propagande mue et mute, les types pensant que la domination des idées sort toute faite des palabres de quelques conclaves journalistiques devraient vite fait voir qui sont leurs contradicteurs : d'autres internautes. L'illusion de la naïveté ou du bon-sens sont d'excellents ressorts propagandistes. Rien de tel qu'un bon coup de pragmatisme ou de saine colère pour parachever de convaincre une personne ne demandant, au fond, pas mieux que ça.

  • - Primo, je ne suis pas d'accord avec mon paternel, la presse écrite n'a pas eu besoin d'internet pour se torpiller ; elle était déjà crevée avant. Il n'est que de comparer la presse actuelle avec celle du XIXe siècle qui contribuait à la vie artistique (et je crains que le XIXe soit loin d'être le siècle le plus intelligent et le plus artistique).
    - Deuxio en ce qui me concerne je tiens que l'information est un aspect majeur du totalitarisme. Les médiats ont obtenu ce que les régimes les plus oppressifs n'avaient obtenu par la force, un degré de censure très élevé. Je connais par exemple un type qui dirige une gazette littéraire à Paris assez en vue, gazette assez à gauche ; bon, il est assez âgé et a fait la "drôle de guerre", a entrepris de rédiger ses mémoires et m'a avoué qu'il s'autocensurera largement sur le chapitre de la guerre, notamment, et ce bien qu'il n'ait absolument rien à se reprocher et s'est trouvé toujours "dans le camp des gentils". Et j'ai pas mal d'exemples dans le même genre.
    Donc je vois internet comme un système d'information, non pas exemplaire, mais susceptible de se retourner contre la censure de l'information elle-même.

Les commentaires sont fermés.