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harry frankfurt

  • De l'art d'éditer des conneries

    J'ai décidé de m'embusquer au rayon "Philo" de la Fnac. La philo ne m'intéresse pas, je n'y consacrerais même pas six heures et un quart, mais je suis curieux de voir quelle tête ont les amateurs de philo, et les amatrices, comparées aux gonzesses du rayon "Littérature étrangère" ou "Développement personnel" ?

    La première ne me déçoit pas en réclamant un titre d'"Emmanuel Lavinasse". Le vendeur ne peut réprimer un sarcasme, avant d'essayer de se rattraper vu que la cliente est plutôt bien roulée et que c'est une cliente. La vanne du vendeur glisse sans faire un pli sur le visage lisse de la jeune fille.
    Bon, mais celle-ci n'est pas typique, juste une lycéenne en train de faire ses courses avec sa liste. La suivante est blonde et élégante et doit faire pas loin d'un mètre quatre-vingt. Elle farfouille un peu, puis va réclamer à son tour une biographie de Karl Marx par Jacques Attali… Heureusement pour elle, ils ne l'ont pas.
    Pour se foutre de la gueule des clients ignares, ils sont forts à la Fnac, mais à part ça ils n'ont jamais rien dans leurs rayons, ou quinze jours après tout le monde. La Fnac combine les inconvénients du dirigisme soviétique et ceux du capitalisme américain.

    Je suis intrigué au bout d'un moment par ce petit bouquin qui me tourne le dos et devant lequel deux ou trois bobos ont marqué un temps d'arrêt. C'est De l'art de raconter des conneries, d'un certain Harry Frankfurt, professeur à Princeton. Ça, en revanche c'est très typique, typique du genre de merde que les éditeurs français essaient de fourguer pour se remplir les poches. En gros c'est une dissertation d'étudiant appliqué d'une soixantaine de pages. 10/18 a imprimé ça en corps quatorze pour gonfler la disserte jusqu'à en faire un volume de poche, et ajouté une couverture toilée épaisse pour faire monter le prix au-dessus de huit euros. Avec un tel titre, ça va sûrement cartonner, ils ont dû se dire, ces enculés !
    Petite préface oiseuse du traducteur d'abord pour expliquer qu'il a eu beaucoup de mal à traduire bullshit dans la langue de Molière. Foutaises ! Il a bon dos Molière ! Ensuite, développements vains et maladroits du professeur de Princeton sur les tenants et les aboutissants de la logorrhée. Faut dire qu'il est mal placé. La philosophie, ç'a toujours été un peu l'art de raconter n'importe quoi sur n'importe quel sujet, mais depuis quelque temps, c'est VRAIMENT n'importe quoi !!

    Bien sûr, la littérature française se dégrade surtout à cause des goûts déplorables des femmes pour les niaiseries politiquement correctes, mais aussi parce que les éditeurs ne pensent plus qu'à ça, au pognon.