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hippone

  • Sur la chute de Rome

    Le sermon d'Augustin d'Hippone est célèbre, dans lequel il exprime son indifférence chrétienne à la chute de l'Empire romain en même temps que sa confiance en Dieu.

    Des pans entiers de la théologie d'Augustin d'Hippone sont sujets à caution, car le résultat d'une spéculation philosophique. Augustin s'interroge à propos de certains aspects mystérieux de la parole divine, et formule quelques hypothèses.

    Mais le dédain de la politique et de la civilisation d'Augustin s'appuie sur l'évangile, qui énonce de façon claire, univoque et répétée que "le royaume de dieu n'est pas de ce monde".

    Il ne saurait y avoir par conséquent de royaume, d'empire ou de nation chrétienne que selon la ruse de Satan, afin d'empêcher l'accomplissement de la vérité. La démocratie-chrétienne n'est autre que la dénomination courante de l'antichristianisme, dans la mesure où la démocratie-chrétienne assume l'asservissement de la vérité chrétienne à la cause de la bourgeoisie.

    Il arrive au clergé catholique romain de citer Augustin d'Hippone, mais en réalité le césarisme catholique romain et la doctrine sociale de l'évêque de Rome contredisent la démonstration d'Augustin qu'il n'y a rien à attendre de la civilisation, du point de vue chrétien ; la civilisation est un pacte scellé entre Satan et l'homme selon la Genèse.

  • Augustin et l'Antéchrist

    J'ai récemment dissuadé mon pote Fodio de se lancer dans la lecture de la théologie d'Augustin d'Hippone. J'étale ici un peu mieux mes griefs. D'abord le style d'Augustin est habituellement spéculatif, et ne va pas assez à l'essentiel, bien qu'il ne soit pas entièrement hypothétique comme le style de Blaise Pascal, apprécié des amateurs de noeuds de cravate.

    Mais surtout, Augustin se fie pour la "philosophie naturelle" à Platon, qui ne diffère pas des Egyptiens, dont le seul souci est l'ordre ou la vertu, et rien d'autre. Les chrétiens n'ont pas de bonne raison pour ressusciter ce que la Mer Rouge à englouti : l'éthique, que la métaphore de "mer rouge" restitue parfaitement, vu le nombre de crimes qui ont été commis en son nom.

    L'Allemagne est d'ailleurs un pays de néo-platoniciens, et on peut dire de Platon qu'il est la matrice intellectuelle de l'éthique nazie. Comme je n'ai pas encore trouvé de néo-platonicien allemand à la hauteur de Platon, j'en conclus la haine de cette nation pour le progrès. Même Nitche, après avoir fait l'éloge du dieu du carnaval et de la fête de la bière, est bien obligé de reconnaître qu'on ne peut pas célébrer Dionysos tous les jours.

    Sur ces entrefaites je me suis décidé à lire la "Cité de Dieu", qui ne désigne pas dans le christianisme la République de Platon, ni Rome, la Cité du Vatican, mais la "Jérusalem céleste", c'est-à-dire l'Eglise chrétienne immortelle. Sur ce point Augustin ne dévie pas du christianisme dont les buts métaphysiques renversent le procédé de l'ordre naturel sur lequel les civilisations païennes sont fondées, avec probablement un surcroît de science physique chez les Egyptiens, par rapport à toutes les civilisations suivantes, ce qui explique la fascination à travers les millénaires des alchimistes, architectes, hommes de loi (Montesquieu), et autres polytechniciens pour cette formule mathématique la plus parfaite. On peut même dire, bien que ce fut une théocratie inflexible, que les Egyptiens ont inventé l'utopie démocratique, hypothèse nettement moins élégante que les pyramides, mais non moins religieuse.

    Dans ce chapitre, Augustin n'est pas plus sûr de lui ; la formulation mythologique de l'apocalypse de saint Jean, à l'instar de nombreux passages du "vieux testament" des juifs, étant faite pour le dévoilement progressif et une meilleure conservation de l'esprit que cette mythologie recèle, offre en effet pas mal de résistance à l'esprit qui veut les traduire ; cela pour donner la mesure de l'extraordinaire travail d'élucidation entrepris par Shakespeare-Bacon.

    Augustin, donc, sur l'Antéchrist ("Cité de Dieu", XX, XIX) :

    "Je vois qu'il me faut passer sous silence de nombreux témoignages de l'Evangile et des apôtres sur ce dernier jugement, de peur que ce Livre ne prenne de trop longs développements ; mais il est impossible d'omettre ces paroles de l'apôtre Paul aux habitants de Thessalonique : "Nous vous prions, dit-il, mes frères, par l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre union en lui, ne vous laissez pas surprendre dans votre foi, ni épouvanter par aucune prophétie, aucune parole, aucune lettre que l'on supposerait venir de nous, comme si le Seigneur était imminent : mettez-vous en garde contre toute séduction. Ce jour n'arrivera point que l'apostat ne vienne, et que l'homme de péché ne paraisse, ce fils de mort, cet adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu, de tout ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, s'offrant lui-même comme Dieu. Ne vous souvient-il pas que je vous disais cela quand j'étais encore avec vous ? Et vous savez ce qui le retient, afin qu'il paraisse en son temps. Car déjà s'accomplit le mystère d'iniquité. Seulement que celui qui se tient maintenant, tienne toujours jusqu'à ce qu'il se retire. Et alors se découvrira l'impie que le Seigneur Jésus tuera d'un souffle de sa bouche et dissipera par le resplendissement de sa présence ; l'impie qui doit paraître dans toute la puissance de Satan, multipliant les miracles, les signes et les illusions du mensonge, et les séductions de l'iniquité pour ceux qui périssent faute d'accueillir l'amour de la vérité qui les eût sauvés. Et c'est pourquoi Dieu suscitera contre eux une telle puissance d'erreur qu'ils croiront au mensonge ; afin que ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru à la vérité, mais prêté consentement à l'iniquité."

    Nul doute qu'il ne parle ici de l'Antéchrist ; et que le jour du jugement (qu'il appelle jour du Seigneur) ne doive venir après l'avènement de l'apostat, déserteur du Seigneur notre Dieu. Car si ce nom convient à tous les impies, combien plus encore à celui-ci ? Mais en quel temple de Dieu doit-il s'asseoir ? Est-ce dans les ruines du temple bâti par Salomon, ou dans l'Eglise ? Car l'apôtre ne donnerait pas au temple d'une idole, au temple du démon, le nom de temple de dieu. (...)"