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la croix

  • Catholique et pédé

    Le mot "pédéraste" n'est pas plus que le mot "nègre" insultant en soi. L'homme moderne prétend changer le monde en changeant les mots : on décèle là sa tartuferie et sa volonté réelle de maintenir le monde dans le même état.

    Le quotidien démocrate-chrétien "La Croix" (20 oct.) consacre un article à Julien et Bruno, "catholiques, homosexuels et mariés". Ceux-ci évoquent longuement leur difficulté à faire reconnaître dans leur milieu d'origine leur goût pour la sodomie. La démocratie-chrétienne est la religion du Tartufe et de Sganarelle, et la France doit peut-être à Molière, comparativement à l'Allemagne et aux Etats-Unis, la méfiance des Français à l'égard de la démocratie-chrétienne.

    Peut-on s'enculer chrétiennement ? On peut mettre fin au débat en citant le théologien Martin Luther : "Rien dans les Evangiles ne permet de fonder le mariage chrétien." Pour qui a lu ces Evangiles avec un minimum d'attention et dans le but du salut, il va de soi que Jésus-Christ n'est pas venu pour justifier les moeurs de la bourgeoisie libérale, ni celle de telle ou telle tribu ou caste. "La chair est faible" proscrit toute tentative de détournement de l'esprit de dieu contenu dans sa parole à des fins anthropologiques. Un tel détournement est le pire des péchés. Les chrétiens qui s'en remettent à la doctrine sociale de l'Eglise sont faibles d'esprit, car la parole de dieu interdisent de prendre les oeuvres humaines pour une voie de salut.

    Cette situation ubuesque incarnée par un couple d'amoureux homosexuels qui "cherchent leur place dans l'Eglise", est un angle pour examiner le satanisme très particulier véhiculé par la démocratie-chrétienne, métastase du catholicisme romain (le "socialisme chrétien" dérive du rituel catholique romain, et ces deux aspects sont comme tenon et mortaise). L'apôtre Paul évoque ce satanisme de la fin des temps, sous le nom "d'Antéchrist". Le nombre 666, qui est "un nombre d'homme" signifie "le pacte avec la mort", annoncé déjà dans l'Ancien Testament - ce "pacte avec la mort" est la marque de fabrique de l'anthropologie moderne.

    Le mystère apocalyptique du Christ et de son épouse l'Eglise, théologie sublime, est "étouffé" autant que faire se peut par l'Eglise romaine (Jean-Paul II dernièrement) et sa doctrine réduisant le mystère divin à une dimension charnelle et anthropologique qu'il ne peut avoir.

     

     

  • Catholicisme intransigeant

    Dans le quotidien "La Croix" (11-12 janvier), un clerc catholique romain, Gaston Piétri, pose la question : "Où est la véritable intransigeance ?".

    Utilement celui-ci rappelle que Jésus-Christ n'est pas un modèle de composition, mais bien d'intransigeance. Il cite l'évangile : "Que votre oui soit oui." ; "Nul ne peut servir deux maîtres, Dieu et l'argent." ; "Tout arbre qui ne produit pas un bon fruit, on le coupe et on le jette au feu."

    Je précise que l'intransigeance du Messie est manifeste au cours de sa vie publique, non pas à l'égard de pécheurs que la société condamne : criminel, femme adultère, etc., mais à l'égard du clergé juif principalement. A ce clergé le Messie reproche de ne pas avoir saisi la portée universelle du judaïsme ou de la loi de Moïse, et d'en avoir restreint le bénéfice au seul peuple hébreu, méprisant ainsi l'esprit de la loi.

    Or le clergé catholique romain n'accomplit-il pas le même détournement de la parole divine dont les pharisiens se rendirent coupables il y a un peu plus de deux mille ans ? La doctrine catholique romaine est-elle véritablement "universelle", ou bien n'a-t-elle pas été réduite à une doctrine anthropologique, et par conséquent nécessairement relative ? L'intransigeance exige que l'on se pose cette question, d'autant plus que les derniers évêques de Rome, Joseph Ratzinger en particulier, affirment la nature anthropologique du message évangélique, ce qui est IMPOSSIBLE, notamment en raison de l'intransigeance de la parole divine à l'égard de l'ordre social humain.

    Joseph Ratzinger tente ici de justifier la vocation du clergé romain à décréter dans le domaine moral, ou comme on dit aujourd'hui, dans le domaine social. Derrière l'argument de l'anthropologie se dissimule en réalité le cléricalisme romain.

    Gaston Piétri ne pose pas de cette manière le problème de l'intransigeance chrétienne vis-à-vis de la vérité, c'est-à-dire de l'amour. Son but est de priver d'une base évangélique les catholiques réactionnaires qui manifestent leur désapprobation vis-à-vis de la politique et de la morale modernes. Il n'a pas tort, car il n'est pas difficile de montrer que ce type de réaction est fondé juridiquement contre l'histoire. Poussant le raisonnement juridique jusqu'au bout, l'antéchrist Nitche est amené à nier la résurrection du Messie, c'est-à-dire le triomphe de la vérité et de l'amour sur la logique juridique, essentiellement relativiste. Pour autant ce clerc romain n'a pas raison. L'évangile moderne ne cautionne pas plus l'attitude moderne qu'elle ne justifie le retour à un ordre ancien. D'ailleurs le flou juridique moderne est facteur d'une iniquité non moins terrible que l'ordre tyrannique ancien. Dans la mesure où l'éthique occidentale moderne assume un prétendu héritage judéo-chrétien (Hegel), à travers l'idéal démocratique égalitaire, notamment, et les droits de l'homme, elle expose les peuples opprimés par les nations occidentales à rejeter en bloc les évangiles et l'éthique hypocrite dont le "clergé laïc" occidental prétend qu'elle découle. Par conséquent, l'éthique moderne est un motif de scandale extraordinaire pour les chrétiens ; l'intransigeance doit les inciter à dénoncer cette subversion moderne, non pas au profit d'un ordre ancien somme toute à peine moins abstrait que la perspective moderne totalitaire, mais parce que le triomphe de l'Eglise, invisible, n'est pas fonction du temps.

    "Il n'y a pas de droits de la vérité à faire inscrire à tout prix dans les institutions. Il y a le droit des personnes à entendre un message dont les ondes de choc devraient aller loin dans le jeu social. A condition que les témoins du Message eux-mêmes respectent ce jeu social et ne s'installent pas en surplomb." : cette casuistique, typiquement moderne en l'occurrence, de Gaston Piétri, n'est pas fondée sur les évangiles ; c'est au contraire le refus de composer avec la nécessité sociale qui est le sens des paraboles et de l'amour chrétien. Où est-il écrit que le christianisme a pour but de féconder le "jeu social" ? Le Messie n'a de cesse de répéter que son royaume n'est pas de ce monde, et que le "jeu social" n'est qu'un jeu macabre, c'est-à-dire entérinant la mort comme un réalité éternelle. Gaston Piétri se fait ici l'apôtre d'une idéologie laïque moderne qui n'a rien de chrétien, mais qui ressemble beaucoup à un luthéranisme dévoyé, ayant renoncé à l'intransigeance de Luther, sans doute peu nostalgique du moyen-âge, mais réduit du fait de l'évolution à un conformisme social plus grand encore que celui du petit parti catholique réactionnaire nostalgique. La dialectique du conservatisme et de la modernité n'est d'ailleurs pas une dialectique chrétienne : c'est une dialectique culturelle, et il n'y a pas de culture chrétienne.

    Plus concrètement, on peut s'interroger sur le bénéfice de ces doctrines sociales chrétiennes ? En quoi n'ont-elles pas fait le jeu du capitalisme moderne, depuis le début, suivant l'argument de leurs détracteurs athées ou anticléricaux ? N'y a-t-il pas rien de plus désespérant pour les apôtres sincères de la justice sociale, persuadés du mérite des papes à faire entendre un tel discours abstrait, que l'échec systématique et catastrophique de ce type d'entreprise que le message évangélique ne cautionne pas ? N'est-ce pas ce type de désespéré qui, confronté à la désillusion, finit par être acculé à l'égoïsme ou à la vengeance ?

    Enfin, s'il n'est pas permis de servir l'argent comme un second maître, quel est le sens du consentement à un Etat, une personnalité morale temporelle, dont l'existence est entièrement dépendante d'une problématique économique aliénante, au point que les élites dirigeantes ne peuvent même plus prétendre à la responsabilité, et ne disposent plus, comme solution ultime, que de diviser pour se maintenir ? Traduit en acte dans le fachisme néo-païen ("Dieu, famille, patrie"), où dieu n'est autre que Satan, comme dans le communisme prolétarien, le discours de la justice sociale n'a rien fait qu'assurer le triomphe de la détermination humaine la plus basse, économique, dans les faits voire dans les consciences. Comme l'argument de la justice sociale est indissociable de cette prétendue "éthique judéo-chrétienne", les chrétiens fidèles à la parole divine sont amenés à voir dans la formule moderne sur laquelle l'Occident s'appuie la manifestation de l'antéchrist.