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libéral

  • Dans la Matrice

    C'est certes un grossier mensonge -le b.a.-ba du mensonge libéral- d'affirmer que le capitalisme n'a pas de répercussions morales ou éthiques.

    De ce point de vue, Marx représente encore aujourd'hui un danger pour les élites libérales ; au contraire de Nietzsche, Marx n'est pas un moraliste, mais il fait la démonstration que le capitalisme est un mouvement de corruption, un cancer du corps social. Il n'y a pas de remède dans Marx à cette corruption, mais seulement un diagnostic, ce qui explique que la critique marxiste était irrécupérable telles quelle par la dictature populiste russe, à laquelle la critique marxiste ne proposait aucune direction politique véritable (la science ou l'histoire ne peuvent constituer des buts politiques).

    Je rapproche volontiers la "pensée" libérale de l'algèbre ou de la musique, ayant remarqué comment tel ou tel spécialiste de la géométrie algébrique ou de la musique se laisse convaincre facilement de la rationalité de la pensée libérale, qui est en réalité une formule magique, ainsi que le sont beaucoup de formules mathématiques récentes. L'économie moderne est une incitation à prendre ses distances avec la réalité bien plus forte que n'importe quel manifeste surréaliste ou n'importe quel psychotrope. De là vient aussi la dimension religieuse du capitalisme. Hannah Arendt fait observer à juste titre la place toujours plus grande qu'occupent les choses inutiles dans la culture totalitaire ; or ces choses ont une dimension onirique.

    De ce point de vue, la crise économique, qui représente une menace pour les élites, peut s'avérer une chance pour le sujet lambda, en lui fournissant l'occasion d'une prise de conscience. Le machiavélisme des élites politiques, assistées dans cette tâche par le clergé démocrate-chrétienne, consiste à brosser un tableau de la crise qui ne soit pas trop noir (on accusera le seul "capitalisme financier", en se gardant de dévoiler la corruption généralisée), ni trop confiant (car la peur de l'avenir reste une grande ressource pour les élites politiques afin d'incliner le peuple à l'obéissance).

    Le capitalisme rend optimiste, c'est-à-dire con. Ce n'est pas la moindre conséquence sur le plan moral que de transformer l'humanité en une espèce animale.

  • L'imposture chrétienne-libérale

    Mgr Dagens, membre de l'épiscopat français et de l'académie française, a le don de cumuler sur sa tête les plus vaines gloires mondaines qu'on puisse faire. Il ne lui manque plus qu'à présider le Rotary-club de son diocèse pour compléter le déguisement.

    - Sur son blog, il fustige l'attitude du parti catholique intransigeant ou réactionnaire, qu'il caractérise comme une volonté de reconquête d'une position dominante au sein de la société française. La sienne, d'attitude, consiste à lécher le bâton merdeux de l'éthique démocratique-libérale. Opposer la servilité à la rébellion, voilà en quoi consiste la tactique du démocrate-chrétien, sur la base d'un existentialisme que Bouddha inventa bien avant le sieur Dagens.

    - Disons deux mots du parti "intransigeant" ou réactionnaire. D'abord, s'il était réellement aussi intransigeant que ça, il y a belle lurette qu'il serait allé botter le cul de Mgr Dagens, ou qu'il lui aurait rappelé que tout porteur de bicorne exprime par-là son allégeance à Satan. Le christianisme de son prédécesseur Jean Guitton, est d'ailleurs le plus diabolique qui se puisse faire - une sorte de bénédiction de la technocratie et des technocrates.

    - Le christianisme libéral justifie toutes les réactions violentes contre lui, non pas chrétiennes mais politiques, en raison de l'infâmie qui consiste à indexer l'éthique sur les valeurs boursières. Et les Juifs qui se croient sous la protection de la démocratie-chrétienne feraient bien de se méfier, s'il n'y a pas derrière leur adhésion quelque motif du même genre que celui de Shylock.

    - Quant à la reconquête d'une position dominante, si elle n'a évidemment rien de chrétien ou d'évangélique, elle est la plus conforme à la théorie catholique romaine d'un christianisme institutionnel, hiérarchisé et militant. Sans cette position dominante, l'institution n'est plus qu'une ruine, fréquentées par ce qu'on peut qualifier de "touristes spirituels". L'Eglise romaine n'a d'ailleurs plus d'emprise, à l'instar de l'islam, que dans les nations ou sur les continents qui n'ont pas connu de véritable révolution industrielle, celle-ci ayant remis les instruments du pouvoir religieux dans les mains d'un nouveau clergé. Plutôt que dangereuse, il faut dire que la démarche des catholiques réactionnaires est vaine, semblable au combat mené par Don Quichotte, imaginé par Cervantès comme le prototype du chrétien qui se démène en dehors de l'histoire, tout en persistant à ignorer que le christianisme est la plus historique des espérances.

    Si le chrétien se détache des contingences morales et politiques, dont le monde ne peut se passer, pas plus que de conflits armés afin de régénérer sa culture, c'est pour la raison que le chrétien a sans cesse à l'esprit la fin du monde, à l'inverse du démocrate-chrétien, disposé à le prolonger le plus longtemps possible. Car le monde justifie le chrétien libéral et non dieu. Coupé du monde, de son bicorne, de sa mitre, de sa crosse et de son anneau, Mgr Dagens n'est RIEN. Qui voudra encore l'écouter en dehors d'affairistes douteux ? Qui lit encore les académiciens en dehors de rombières ?

    Dagens dénigre le don-quichottisme chrétien, mais hélas pour lui il n'est pas Cervantès, mais seulement un de ces nullibistes catholiques comme on ramasse à la pelle dans les coulisses de la culture "judéo-chrétienne".

    Quant à l'éloge par ce prélat des Etats-Unis et de leur simulacre de christianisme - les Yankees les plus honnêtes se réclament de Satan - il est une infâmie. Rien, dans le christianisme, ne justifie la démocratie, millénarisme plus frauduleux encore que la monarchie de droit divin des pharaons. La démocratie est entièrement tributaire de la tyrannie française d'ancien régime. C'est elle qui a opéré la conversion de l'ordre satanique égyptien en apparence d'ordre chrétien. Sans ce tour de passe-passe juridique, il n'y aurait aucun moyen de faire reluire aujourd'hui le mirage de la démocratie. Cracher dans la soupe de cet Hermès trismégiste incarné que fut le cardinal de Richelieu n'empêche pas le sieur Dagens de s'en délecter.