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  • Une première histoire du trumpisme

    Une histoire des Etats-Unis, au-delà de la réaction populiste à la crise mondiale de 2008, devrait s’efforcertrumpisme,donald trump,maga,histoire,steve bannon,tocqueville,libéral,capitalisme,gilets jaunes,george orwell,essai,maya kandel d’expliquer pourquoi l’espoir d’avènement d’une démocratie aux Etats-Unis, formulé à la fin du XIXe siècle par le publiciste libéral A. de Tocqueville, pourquoi cet espoir a été très tôt déçu ? Autrement dit, comment un régime oligarchique démagogique a-t-il pu s’imposer au lieu de la démocratie espérée ?

    Il n’est pas inutile de rappeler certaines caractéristiques de l’utopie démocratique de Tocqueville. Cet aristocrate normand est peut-être le seul Français à jamais avoir été (sincèrement) enthousiasmé par le projet de démocratie en Amérique du Nord, teinté de rousseauisme.

    Néanmoins Tocqueville n'était pas un optimiste béat ; il avait entrevu le risque que la jeune confédération d’Etats courait d’évoluer vers un régime oligarchique ; il qualifie cette menace dans « De la Démocratie » « d’aristocratie de l’argent ». Tocqueville avait foi aussi dans l’adoucissement des mœurs démocratiques, à quoi la guerre dite « de Sécession », quelques années à peine après la mort de l’essayiste, oppose un démenti cinglant ; les historiens tiennent en effet cette guerre civile comme l’une des premières, si ce n’est LA première guerre « totale », engageant cruellement toutes les forces vives des deux partis opposés. Le fait de la violence démocratique est établi dès la fin du XIXe siècle, et ne se démentira pas par la suite.

    La violence verbale de Donald Trump, pour ne pas dire sa vulgarité, qui galvanise son électorat, ne doit pas faire oublier que l’hypocrisie du parti oligarchique adverse contribue largement, elle aussi, à la violence, notamment sur le plan international où les « droits de l’homme » servent à maquiller la cause impérialiste de motifs humanistes. Agressée verbalement par D. Trump, l’actuelle présidente du Mexique a répliqué en rappelant tout ce que l’extraordinaire violence qui règne au Mexique (nation officiellement « en paix ») doit à son puissant voisin, trafiquant d'armes international.

    Les médias européens oublient de rappeler que le droit de détenir des armes à feu est un droit essentiellement démocratique. Si le parti démocrate apparaît comme moins violent, plus policé, c’est parce qu’il est le parti de la délégation de la violence au pouvoir exécutif., suivant le droit européen. La violence des MAGA est bel et bien « révolutionnaire ».

    Significativement, l’utopie démocratique de Tocqueville est une utopie anti-européenne, en rupture avec la formule politique de l’Etat moderne (théorisé vers 1650). Tocqueville ne se satisfaisait pas de l’Etat « tout-puissant », tel qu’il s’était imposé en France en dépit de la Révolution bourgeoise et des aspirations des Lumières à la décentralisation. Cet aspect « anti-européen » se retrouve dans la révolution MAGA, les électeurs de D. Trump étant enclins à voir dans les nations européennes des nations colonialistes belliqueuses, pour ne pas dire génocidaires.

    L’ouvrage de Maya Kandel est focalisé sur les campagnes et les victoires successives de Donald Trump, et fait assez largement fi du contexte historique. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle accorde à l’idéologie MAGA/trumpiste une importance excessive. Qu’il soit antisémite ou au contraire sioniste comme celui de Trump, « wokiste » ou « antiwokiste », le discours démagogique opère comme un levain sur les masses, suivant l’observation de George Orwell ; l’idéologie est la carrosserie du populisme, non son moteur. M. Kandel dit bien que le trumpisme n’est pas assimilable au fascisme, mais elle ne dit pas précisément pourquoi : le trumpisme n’est pas assimilable au fascisme car les Etats-Unis ne sont pas une nation en expansion industrielle comme le IIIe Reich ou l’Italie de Mussolini, mais au contraire une nation en récession.

    Steve Bannon, dont M. Kandel explique comment il est devenu l’idéologue en chef de Donald Trump, à qui il a inspiré les slogans politiques les plus efficaces, n’est jamais qu’un publicitaire de plus au pays du marketing politique. Le krach de 2008, dont M. Kandel sous-estime les répercussions, a joué en la faveur des slogans de Steve Bannon et Donald Trump dans la mesure où la démagogie wokiste antagoniste peut se résumer au slogan de la mondialisation heureuse (dont A. Huxley a produit la caricature dès 1932).

    Le capitalisme sans filtre en vigueur aux Etats-Unis a eu pour conséquence de mobiliser une large partie de la classe moyenne, frappée durement par la crise, contre l’appareil d’Etat de Washington, qui finance la propagande wokiste par le biais de fondations philanthropiques privées ou publiques. L’ascension politique de Donald Trump résulte donc autant de la sclérose des partis institutionnels, absorbés par leurs visées impérialistes, que de l’opportunisme de S. Bannon, sa capacité à canaliser les aspirations des « White Trash » (petits blancs déclassés) et d’une partie de la communauté hispanique au sein de laquelle les slogans wokistes n’ont que peu d’écho.

    M. Kandel se laisse happer par l’idéologie et entre trop dans le détail du « marketing politique » MAGA ; l’étude d’un phénomène idéologique ou politique, isolé de son contexte historique, revient à n’étudier que la partie visible de l’iceberg. Le seul intérêt de cette enquête fouillée sur la stratégie électorale des MAGA est qu'elle souligne à quel point l’électorat de D. Trump est hétéroclite : contrairement à la promesse de restauration de l’économie américaine sur le déclin, les slogans antiwokistes mobilisent surtout le noyau dur des fondamentalistes évangélistes, hostiles à la société de consommation en laquelle ils voient le prolongement du satanisme européen (catholique romain). D. Trump, qui n’a rien lui-même d’un fondamentaliste, a paradoxalement su capter cet électorat puritain, qui reste sans doute très méfiant (le jeune assassin de D. Trump était lui-même membre d’une secte chrétienne fondamentaliste, et la thèse de sa manipulation par les services secrets est peu probable).

    La diversité de cet électorat, regroupé derrière le slogan fourre-tout « Make America Great Again » rendra la mission que s’est assigné D. Trump de restaurer la suprématie des Etats-Unis d’autant plus difficile. Cette fragilité électorale pourrait entraîner le camp MAGA à se radicaliser encore plus ; le camp démocrate adverse, « éparpillé » par la répression des Palestiniens de la bande de Gaza, d’une violence inouïe, cautionnée par le président Joe Biden et la candidate Kamala Harris, pourrait lui aussi se radicaliser pour faire oublier sa contribution à une guerre impérialiste brutale.

    Un détail surprenant dans l’analyse de M. Kandel, à la limite de la mauvaise foi, est l’accusation lancée à D. Trump d’opposer systématiquement la fiction à la réalité. Ce procédé n’est pas celui de Donald Trump, mais celui des Etats-Unis tout entier ! Les Etats-Unis sont une nation de plaideurs, et ils l’ont toujours été. A qui D. Trump devrait-il demander la permission de s’affranchir de la réalité ? A Hollywood ?

    M. Kandel considère le trumpisme comme le phénomène politique majeur du début du XXIe siècle ; c’est d’autant plus vrai que la crise mondiale a entraîné, dans l’ensemble des pays occidentaux, des bouleversements sociaux analogues à ceux qui ont produit la victoire de D. Trump : on l’a déjà presque oublié, mais la première campagne d’E. Macron était largement « antisystème », avant que le président français n’apparaisse rapidement comme un champion de la politique économique planifiée à partir de Bruxelles, à l’instar de ses prédécesseurs. La promesse de réindustrialiser la France fut faite AVANT celle de Donald Trump d’en faire de même.

    Plutôt que de révolution « libérale-conservatrice », suivant la dénomination retenue par l’essayiste, on caractérisera mieux la conquête du pouvoir fédéral par les MAGA comme "une révolution capitaliste anticapitaliste" ; ainsi la contradiction du programme politique MAGA apparaît comme étant plus économique qu’idéologique. L’utopie MAGA est une sorte de retour vers le futur.

    (Dans mon essai "Orwell & les Gilets jaunes", je reviens de façon moins partisane que Maya Kandel sur la révolution MAGA, dans un chapitre intitulé "C'est quoi Trump ?" : le phénomène Trump est en effet intéressant à observer en raison des analogies entre la révolution MAGA et celle des Gilets jaunes, qui ont débordé en 2019 les digues des partis politiques institutionnels, comme les MAGA en 2016.)

  • Gilets jaunes contre Etat profond

    Déclaré mort par la presse et les médias de l'oligarchie, le mouvement historique des Gilets jaunes exerce en réalité depuis 2020 une forte pression sur les partis politiques, en particulier les Insoumis de J.-L. Mélenchon et le RN de Le Pen. La grève générale de 2019 a eu pour effet de souligner l'absence d'opposition politique institutionnelle en France ; l'opposition au pouvoir exécutif centralisé, exercé depuis Paris et Bruxelles, est apparu comme un simulacre.

    Le parallèle s'impose avec la "révolution MAGA" Outre-Atlantique, dont il ne faut pas oublier qu'elle a eu lieu non seulement contre le parti démocrate, mais aussi contre le parti républicain, devenu lui aussi à la fin du XXe siècle un parti de "faucons" impérialistes, par conséquent en rupture avec les principes libéraux.

    Les Gilets jaunes poussent donc depuis 2019 Mélenchon et Le Pen à faire la preuve à leurs électeurs qu'ils sont vraiment des partis d'opposition. M. Le Pen a ainsi renversé le premier ministre bruxellois M. Barnier. Son successeur F. Bayrou marche sur des oeufs depuis sa nomination, et sa tentative d'imposer aux Français un budget dicté par les banques allemandes est sur le point d'échouer. Notons au passage qu'il ne s'agit nullement d'un budget "d'austérité", mais d'un budget destiné à rassurer les banquiers et les industriels allemands qui mènent la danse.

    Le clergé médiatique subventionné par les oligarques fait ordinairement passer le mouvement des Gilets jaunes pour un mouvement "nébuleux" - adjectif cocasse quand on sait le rôle de la presse oligarchique française de plonger l'opinion publique dans le brouillard sur tous les sujets.

    Il s'agit d'effrayer la population française, en particulier la partie la plus âgée de l'électorat qui supporte les partis "bruxellois". En réalité, une écrasante majorité des Gilets jaunes est clairement "antisystème", percevant la contribution des grandes centrales syndicales au gouvernement oligarchique de la France ; les divergences portent sur les moyens de se débarrasser du système de gouvernement oligarchique, dont une petite caste de technocrates a doté les Français sous couvert de "construction européenne", en dehors du cadre républicain.

    Certains Gilets jaunes (c'est mon cas) considèrent que la constitution gaulliste maurrassienne fut une étape sur le chemin de la dictature des technocrates, d'autres a contrario que la construction européenne rompt avec la constitution gaulliste. Il s'agit ici seulement d'une divergence d'analyse historique.

    La révolution antisystème MAGA n'est pas plus unifiée. A la différence des Gilets jaunes, les MAGAs ont réussi à se saisir des rênes du pouvoir et à se rassembler derrière le programme de D. Trump ; ce programme les divise déjà car il est très peu libéral - il est plus socialiste que le programme des Insoumis en France ! Les Insoumis comme le RN ne présentent aucune garantie de rupture avec la politique allemande, bien au contraire. La Commission n'a eu aucune peine à soumettre Mme G. Meloni, comme elle avait soumis la gauche souverainiste grecque auparavant.

    En somme on aurait tort de croire que la révolution MAGA est plus avancée que celle des Gilets jaunes ; le problème de la conquête du pouvoir ne doit pas trop absorber les Gilets jaunes. L'Union européenne elle-même, en multipliant les politiques insanes, a largement contribué à sa perte : la guerre en Ukraine, quoi qu'elle n'en soit pas la seule responsable, est largement imputable à l'Union européenne et ses délégués successifs Mitterrand, Chirac, Jospin, Sarkozy et Hollande : l'histoire retiendra d'eux qu'ils furent incapables de s'opposer efficacement à la tutelle de Washington, comme leurs partenaires allemands.

    L'unité des Gilets jaunes est, mathématiquement, contre le RN et les Insoumis, leur tactique de récupération de ce mouvement révolutionnaire. Le RN et les Insoumis sont subventionnés pour diviser les jeunes actifs qui constituent la plupart des Gilets jaunes ayant affronté les CRS de plein fouet.

    S'il est trop tôt pour proposer un plan de restauration de la république, les Gilets jaunes libéraux et les Gilets jaunes communistes peuvent s'unir autour d'un objectif commun - le démantèlement de l'Etat profond (Big Brother) : cet objectif est celui des MAGA, mais sur ce point D. Trump tient, de toute évidence, un double discours : démanteler l'Etat profond reviendrait pour les Etats-Unis à renoncer à leur politique impérialiste ; la défaite des Etats-Unis en Ukraine n'est pas un renoncement, malgré tous les efforts de D. Trump pour le faire passer cette attitude pour un "pacifisme" : il s'agit seulement d'une défaite. Rien n'indique que D. Trump a mis le consortium militaro-industriel étatsunien au pas. En somme le programme de D. Trump est assez gaulliste.

    Gilets jaunes libéraux et communistes peuvent s'entendre facilement sur le démantèlement du ministère de la Culture bourgeoise, officine dont la principale fonction, suivant l'illustration de G. Orwell, est d'abrutir le peuple en faisant la promotion du divertissement. Mais il n'est pas inutile de définir plus précisément les contours de "l'Etat profond", déjà très profond en France à la fin du XIXe siècle, suivant une observation de K. Marx.

    Selon que l'on sera communiste ou libéral, on ne définira pas exactement l'Etat profond de la même façon. Les communistes verront en premier lieu les forces de police pléthoriques déployées contre les Gilets jaunes sous le commandement du préfet Lallement pour protéger les représentants de l'appareil d'Etat. Tandis que les libéraux ont tendance à assimiler l'Etat profond aux seuls fonctionnaires, les communistes souligneront le rôle délétère du clergé médiatique subventionné par les oligarques, ainsi que la solidarité du Capital et de l'Etat, dissuasive de prendre au sérieux une politique économique keynésienne.

    Observons que la révolution MAGA a en commun avec la révolution bolchevique de concevoir le capitalisme comme un problème majeur ; même si les MAGA estiment que le capitalisme financier des fonds de pension (BlackRock) est un capitalisme perverti (pour les marxistes il est une métastase).

  • Lénine et Darwin

    En lisant les oeuvres choisies de Lénine, je me suis demandé : - Lénine était-il infecté par l'idéologie darwiniste ? Les meilleurs critiques du totalitarisme ont montré que la technocratie, qu'elle soit nazie, soviétique ou démocrate-chrétienne, est indissociable de l'idéologie darwiniste. Aldous Huxley a ainsi placé cette conviction au centre du dispositif technocratique barbare dont il a fait une satire cinglante et subversive (Brave New World, 1932).

    Pratiquement on pourrait dire que l'idéologie darwiniste joue dans la culture bourgeoise le même rôle que le droit divin dans l'Ancien régime.

    On parle parfois de l'arrogance ou du mépris d'Emmanuel Macron ; il vaudrait mieux dire qu'il partage un sentiment de supériorité propre à sa caste, le sentiment d'être un "alpha". Ce préjugé est d'ailleurs partagé par les "epsilons", à qui il est inculqué dès le plus jeune âge à l'école. Il n'est pas rare d'entendre, dans la bouche d'un epsilon, la revendication d'un "droit au bonheur", non moins technocratique que l'idéologie darwiniste.

    Les grands singes mâles dominants sont menacés d'être déposés, dès que leur force physique décline. Les alphas perdent le respect qu'ils inspirent dès lors que la perspective du bonheur collectif, dont les bonobos offrent une image relativement satisfaisante, s'éloigne. La domination est acceptée en contrepartie du bonheur.

    Dans la société totalitaire, au stade décrit par Huxley de la consommation sans entrave ou presque, il vaut mieux être une femelle alpha qu'un homme epsilon.

    On sait que Karl Marx s'est laissé abuser par la théorie darwiniste, qui n'était pas encore devenue le grand fourre-tout d'hypothèses contradictoires qu'elle est devenue ensuite. Marx a cru que l'hypothèse de Darwin était "matérialiste", alors qu'elle est en réalité "mathématique", reposant sur la théorie des grands nombres.

    L'hypothèse darwiniste est "progressiste", dans la mesure où elle permet de soutenir une idée du progrès social automatique, largement répandue par les élites libérales, quitte à faire passer les crises économiques à répétition pour un bienfait économique.

    Si le prolétariat est le mieux à même, selon Marx et Lénine, de lutter pour le progrès social auquel la bourgeoisie capitaliste s'oppose, c'est parce que ce prolétariat joue un rôle économique essentiel, en même temps qu'il est bien placé pour voir que la bourgeoisie s'enrichit sur son dos. La mondialisation a, d'une certaine façon, reconfiguré la lutte des classes à l'échelle mondiale. La guerre que se livrent le parti démocrate et le parti MAGA aux Etats-Unis est un nouvel épisode de la lutte des classes. La nouvelle division du travail à l'échelle mondiale ne donne pas satisfaction aux partisans de D. Trump.

    Lénine mentionne incidemment l'hypothèse de Darwin, à titre de comparaison. Il la juge "scientifique", mais il ne semble pas s'y être intéressé de plus près.

    Le léninisme repose largement sur le matérialisme historique de Marx et sa critique de la philosophie idéaliste des Lumières. Sans doute Lénine est-il moins méfiant que Marx vis-à-vis du "miracle technologique", mais cela ne permet pas d'expliquer pourquoi le régime soviétique s'est figé dans la technocratie après la Seconde guerre mondiale, un progressisme plus darwiniste que marxiste, qui fait dépendre le progrès des seules innovations technologiques.

    La crise économique et industrielle de 1929 a porté un coup fatal à la théorie libérale du ruissellement, dont Marx a démontré qu'elle ne repose que sur quelques syllogismes. La guerre de l'Allemagne contre la Russie, si elle s'est soldée par la défaite du IIIe Reich, pris en tenaille, a néanmoins fait triompher le socialisme nationaliste, compatible avec la guerre impérialiste, y compris au pays des bolchéviks. Le parti unique, qui n'était qu'une étape selon Lénine vers un Etat démocratique, est devenu un appareil d'Etat technocratique rivalisant avec l'Etat fédéral étatsunien pour la domination du monde.

  • Bilan (intermédiaire) des Gilets jaunes

    Le rôle de la presse oligarchique, ce pourquoi elle est payée, est d'étouffer ou de contenir le mouvement des Gilets jaunes. Depuis le mandat de F. Hollande, les représentants de l'oligarchie se démènent pour prendre le contrôle des réseaux sociaux américains, au risque de laisser apparaître à une large part de l'opinion publique que la Chine est le modèle politique des dirigeants de l'Etat profond européen.

    Les dispositifs sécuritaires trahissent une dimension essentielle de l'Etat profond : il est gérontocratique. Le corps électoral vieillissant, qu'il soit "de gauche" ou "de droite", adhère très largement aux décisions arbitraires de la Commission.

    Le terme de "lutte des classes" est impropre à qualifier la grève générale étendue des Gilets jaunes en 2018. La comparaison avec la révolution libérale MAGA s'impose plutôt. Il est plus juste de parler d'un combat intergénérationnel que de lutte des classes, compte tenu de la division du travail à l'échelle mondiale.

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  • Le Coup d'Etat permanent

    La jeune génération, dont la mémoire est systématiquement effacée par les écrans de télévision, ignore que la "révolution MAGA" a déjà eu lieu en France en 1981 : "l'Etat profond", c'est alors l'Etat gaulliste et sa constitution monarchique, conçue pour annihiler la république parlementaire, accusée de la défaite française de 1940.

    Dans un ouvrage paru dans les années 60, au titre éloquent - "Le Coup d'Etat permanent" - François Mitterrand faisait le procès des institutions bonapartistes mises en place par le général de Gaulle et son constitutionnaliste Michel Debré. On note au passage le soutien du parti communiste français et des grandes centrales syndicales au régime monarchique républicain, et l'évolution du communisme vers un corporatisme ouvrier.

    Non seulement ce dispositif gaulliste-bonapartiste est antirépublicain, mais il représente selon F. Mitterrand une menace d'évolution vers un pouvoir technocratique. C'est à croire que F. Mitterrand avait lu "1984" !

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