Nous donnons ici un point de vue marxiste ; on verra qu'il diffère du point de vue "altermondialiste".
S'il y a bien une organisation qui mérite d'être qualifiée de "terroriste", ce n'est pas d'abord le Hamas, et ce n'est pas non plus l'Etat israélien, mais c'est l'organisation des Nations unies. L'ONU est coupable de deux crimes qui ont acculé le Hamas et Israël à un affrontement militaire. Le premier crime est de ne pas avoir obtenu une paix solide entre deux entités politiques secondaires ; le second crime est d'avoir fait briller l'espoir d'un accord de paix aux yeux d'une bonne partie de l'opinion publique mondiale - autrement dit d'avoir dissimulé l'impasse politique dans laquelle ces entités se trouvaient.
Les propagandistes sionistes nous expliquent que les Palestiniens, leurs représentants et le monde arabe n'a jamais sérieusement eu l'intention de négocier. Sans doute, mais ce que la propagande sioniste ne dit pas, et que le monde arabe sait, c'est qu'Israël n'est pas un Etat souverain, mais une position avancée des Etats-Unis au Moyen-Orient ; par conséquent le président des Etats-Unis n'est pas un tiers dans les "négociations de paix". Dire qu'Israël est un satellite des Etats-Unis n'est pas infamant, puisque la France et l'Allemagne ne sont pas non plus des Etats souverains ; les efforts conjoints du chancelier allemand G. Schröder et du président français J. Chirac pour constituer une puissance européenne souveraine ont fait long feu.
Définissons le mensonge criminel de l'ONU et du droit international en général : il consiste à faire croire à l'opinion publique mondiale que la paix est possible dans le contexte d'une guerre impérialiste opposant la Russie aux Etats-Unis. Le mensonge du droit international autorise pratiquement Israël et le Hamas à s'affranchir complètement de ce "droit".
Au passage, la qualification de "terrorisme", que les propagandistes affectionnent, est pratiquement dépourvue de sens. Depuis la fin du XIXe siècle, les moyens de guerre mis en oeuvre par les puissances impérialistes qui se sont affrontées sont des moyens de guerre "totale", incluant l'usage du terrorisme. L'usage du mot "terroriste" est, comme le droit international, un accessoire de l'impérialisme. Ce qui est surprenant dans l'attentat terroriste contre le gazoduc NordStream, conduit par un commando ukrainien supervisé par la CIA, ce n'est pas le procédé terroriste, mais que l'attentat ait visé une puissance alliée des Etats-Unis au sein de l'OTAN - l'Allemagne.
Attardons-nous un instant sur un aspect du terrorisme d'Etat, mis en oeuvre depuis quatre-vingt ans : la menace nucléaire, baptisée "dissuasion nucléaire" par la propagande impérialiste. On voit qu'il y a là un moyen de guerre, utilisé contre le Japon, présenté comme un moyen de paix. La déclaration de guerre d'Israël à l'Iran vient de faire voler en éclats la propagande pacifique de la dissuasion nucléaire (à laquelle la propagande du nucléaire civil est indissociablement liée) : il s'agit en effet pour Israël d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire. Mais l'Ukraine a contribué aussi à faire voler en éclats cette propagande en s'opposant efficacement à la puissance impérialiste russe, dotée de l'arme atomique. Mais encore le Hamas n'a pas été dissuadé par la bombe israélienne de mener un raid meurtrier contre cet Etat.
Le processus de paix par la terreur nucléaire et le souvenir d'Hiroshima n'a fait que stimuler des méthodes de guerre non conventionnelles et une autre forme de terrorisme.
Le discours altermondialiste consiste à poser le principe de la libre-détermination des peuples ukrainien, palestinien, etc. Mais les Etats indépendants, de grande ou de petite taille, ne sont pas fondés sur des principes ; ils sont fondés sur une économie et une organisation politique. L'Ukraine ne s'est pas opposée à l'annexion par la puissance impérialiste russe : l'agression russe a poussé l'Ukraine à choisir une annexion par les Etats-Unis et l'Allemagne. L'impérialisme, sur tous les continents, empêche la libre-disposition réelles des peuples depuis le début du XXe siècle. Le financement de mouvements nationalistes réclamant la libre-disposition, par telle ou telle puissance impérialiste afin de déstabiliser son rival n'a pas grand-chose à voir avec la libre-disposition véritable.
Les conséquences des politiques impérialistes sont si néfastes qu'elles devraient inciter les citoyens de ces puissances à se révolter contre les actionnaires principaux de ces politiques impérialistes, assez facilement identifiables au-delà des seuls consortiums militaro-industriels, et à ne surtout pas compter sur le droit international complice.