Le quotidien de propagande capitaliste «Le Monde», aussi dépendant que les banques d’affaires françaises du soutien financier de l’Etat républicain en cas de défaillance, n’a jamais raté une occasion de désinformer ses lecteurs à propos du christianisme, ou de diffamer celui-ci.
Une querelle entre deux ex-conseillers du président Sarkozy est l’occasion pour «Le Monde» d’afficher en caractère gras sur son site : «Charles Maurras (1868-1952) était une figure de l’extrême-droite catholique».
Peut-être ne faut-il pas chercher très loin l’explication à la malveillance systématique du «Monde» à l’égard des chrétiens. Le «monde» désigne en effet dans le christianisme la puissance satanique, opposée à l’avènement du christ de la fin des temps. «Mon royaume n’est pas de ce monde» dit en outre le Messie à ses apôtres, renversant ainsi comme il fait systématiquement l’ordre humain, ou ce que les professeurs nomment aujourd’hui «anthropologie», science qui va bien au-delà de l’étude de l’homme, puisqu’elle consiste surtout à le justifier, et qu’elle est l’axe de subversion de la science (L’anthropologie place en effet l’homme au centre de l’univers, pour le besoin de la cause morale ou politique ; elle soumet ainsi la science aux paradoxes mathématiques). L’amour chrétien de la science ou de la vérité a pour contrepartie le mépris de l’anthropologie, «science sans conscience» selon le mot de Rabelais, car ne retenant de la science que l’usage ou la fonction mécanique. Autrement dit l'anthropologie contribue à créer un inconscient collectif extrêmement dangereux pour les personnes les plus faibles, et qui les crucifie véritablement, pour reprendre la comparaison avec l'instrument de torture des tribunaux romains.
- Charles Maurras est une sorte de Nitche français, qui ne clame pas aussi fort que ce dernier sa haine de Jésus et des chrétiens, mais ne se prive pas d’insulter les apôtres du Christ. Contrairement à Nitche qui rêve d’une restauration de la religion païenne romaine («Dieu, famille, patrie»), Maurras se félicite quant à lui que l’Eglise catholique romaine ait opéré la transformation du christianisme en religion d’Etat. On a pratiquement avec Maurras le point de vue le plus éloigné de Molière, qui s'employa au contraire à montrer le caractère de théocratie égyptienne du régime de Louis XIV (siècle où l'emprise des "banques chrétiennes" devint à peu près définitive).
Ce diagnostic maurrassien, bien qu’il a une part de vérité, n’empêche que l’ordre juridique fantasmé par Maurras soit une pure chimère, comme le retour du paganisme romain rêvé par Nitche. «L’histoire ne repasse pas les plats.» C’est encore d’être une pensée historique, opposée à la pensée juridique, qui sépare le christianisme des religions païennes anthropologiques qui cultivent l’inconscient collectif. Tous les grands historiens occidentaux, à commencer par Shakespeare, mais aussi Karl Marx, sont nettement sous l’influence de la pensée chrétienne anticléricale (le clergé est privé de ses anciennes prérogatives par l’apôtre Paul et Jésus-Christ), et ils ramènent par conséquent à l’apocalypse, récit historique synthétique de la chute des nations impies.
Le paganisme implique le négationnisme historique, au contraire, sur lequel il fait prévaloir la constitution juridique et le droit. C'est le tour de force de la doctrine nazie de G.W.F. Hegel, en particulier (propagée en France par Sartre et divers autres logocrates), d'inventer un négationnisme historique discret, sous la forme d'un millénarisme juridique, apparemment historique, mais qui ne l'est pas plus que les utopies totalitaires prétendument chrétiennes ou païennes auparavant.
- On peut presque dire, et Shakespeare invite à le comprendre, que le négationnisme maurrassien ou païen a une cause sexuelle pédérastique ou incestueuse, tant l’identification des institutions morales et politiques à une mère ou une matrice est constante dans l’histoire. L’histoire n’est pas faite pour rassurer l’homme, tandis que la science anthropologique ou juridique, elle, n’a pas d’autre fonction.
Maurras n’a donc jamais pu séduire que trois sortes d’imbéciles :
1/ des catholiques au niveau de la kermesse ou du folklore, qui n’ont jamais lu les évangiles et la proscription par le messie de toute forme d’utopie morale ou politique (les institutions juives et romaines ont d’ailleurs collaboré à l’assassinat de Jésus).
2/ des néo-païens qui, comme les admirateurs de F. Nitche encore une fois, sont incapables d’observer l’évidence que le transfert de souveraineté du monarque ou de l’élite aristocratique au peuple est non seulement un phénomène irréversible, mais que l’organisation même du monde même a rendu ce transfert symbolique nécessaire, qui n’empêche aucunement les élites d’accaparer le pouvoir ; des néo-païens pour qui le droit a par conséquent le même usage qu’une drogue, puisqu’ils en ignorent l’usage pratique. Le paganisme, dans l'Antiquité, a rarement atteint un niveau intellectuel aussi bas.
3/ des esprits aussi obtus et acharnés que Maurras à ignorer que la devise romaine «Dieu, famille, patrie» est sans doute la moins contestée en Allemagne, et la plus contestée en France depuis des siècles, où l’esprit s’est élevé heureusement un peu plus haut que celui du maquignon ou du hobereau de province, accroché à son cadastre.
On voit ainsi l'habileté du "Monde" à faire passer pour une idéologie d'extrême-droite catholique, celle qui arrange en réalité le mieux le monde des affaires républicain, dont ce périodique subventionné est l'organe de propagande principal. La présence de "maurrassiens" dans le conseil de l'Etat ainsi que dans de nombreux organes de presse capitalistes est donc parfaitement naturelle, Maurras étant le plus inapte à s'opposer à l'esprit publicitaire du monde, qui assure le maintien de l'élite dans ses prérogatives, bien au-delà de ses compétences, notamment en matraquant le peuple à l'aide de contrevérités érigées en dogme par des journalistes.