Une amie me fait cette remarque impertinente que j’aurais tendance à me prendre pour le pape. Ça vaut toujours mieux que de se prendre pour le président de la République !
Elle réplique que je me prends AUSSI pour le président de la République !
Tant que les femmes vivront plus longtemps que nous, elles auront le dernier mot.
Du reste, je suis théoriquement éligible au trône de Pierre, qui n’est pas réservé à un cardinal ni même un ecclésiastique. La date du prochain scrutin et ses conditions sont entre les mains de Dieu, mais je ne vois pas ce qui pourrait m’empêcher de dévoiler les grandes lignes de mon programme à l’avance, pour ne pas être pris au dépourvu.
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Parmi les mesures d’urgence que je prendrais, il y aurait l’interdiction faite au clergé de prononcer des sermons jansénistes ou existentialistes. Evidemment, parler en paraboles comme Jésus exige un sens de l’épopée et du conte qui n’est pas une vertu très répandue parmi les curés contemporains qui n’étudient pas Cervantès à l’école, hélas.
Mais la littérature chrétienne regorge de passages magnifiques, de Bossuet, de Baudelaire, de Bloy - ou de Péguy, de Claudel, pour prendre des auteurs plus modernes ; on pourrait se contenter d’en lire des morceaux au lieu d’infliger à des assemblées démocrates-chrétiennes, c’est-à-dire déjà à moitié païennes, des dissertations complètes de philo. J’observe que dans ma paroisse, le mauvais penchant à philosopher n’a fait qu’augmenter depuis l’élection de Benoît XVI. Il n’est plus un curé, aussi petite et reculée soit son “secteur”, qui ne se prenne désormais pour saint Thomas d’Aquin.
De façon pratique et vu le paganisme galopant en France, le clergé s’efforçant dans sa grande majorité de contredire les ordres du Vatican, le plus efficace serait de prendre un décret interdisant carrément aux prêtres de prêcher et d’abandonner ce petit jeu aux protestants.
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Deuxième mesure d’urgence, vu que refaire de la politique est essentiel et urgent pour l’Eglise catholique, et qu’on ne peut pas faire de politique sans hommes, j’ordonnerais une conscription générale pour remplir de nouveau les séminaires. Tous les catholiques de sexe masculin de vingt à cinquante ans seraient mobilisés, détournés pour leur plus grand profit et celui de la société de la “vie de couple”. On serait d’ailleurs surpris de constater que les hommes de trente à cinquante ans sacrifient, si ce n’est la sexualité, du moins cette merveilleuse “vie de couple”, sans trop de regrets.
Seuls les pères de familles vraiement nombreuses seraient acquittés, ainsi que ceux qui s’acquitteraient d’une taxe qui financeraient les études et le logement des séminaristes les plus déshérités
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Un dernier point d’actualité. Recevrais-je au Vatican si j’étais élu pape Nicolas Sarkozy et sa bande de potes, Jean-Marie Bigard, Alain Delon ou Bernard Arnault ? Bien sûr, mais à condition qu’ils soient vêtus comme les bourgeois de Calais et non en costumes rayés de maquereaux ripoublicains. Dans ces conditions il n’y a aucune raison d’interdire à Zachée de pénétrer dans la ville sainte.