Que peut bien souhaiter un chrétien en 2012, si ce n'est l'apocalypse, la fin des souffrances de l'humanité, appelée de ses voeux par le camp des saints ?
"Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et il n'y avait plus de mer. Et je vis descendre du ciel, d'auprès de Dieu, la ville sainte, une Jérusalem nouvelle, vêtue comme une nouvelle mariée parée pour son époux. Et j'entendis une voix forte qui disait : "Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes : il habitera avec eux, et ils seront son peuple ; et lui-même il sera le Dieu avec eux, il sera leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu."
(Ap. chap. XXI, 8)
- Tout ça n'est pas bien sérieux ni scientifique, dira l'homme moderne... Mais celui-ci ignore le plus souvent qu'il n'y a pas d'idée plus religieuse que la "modernité", qui se passe allègrement du préalable utile à toute science laïque : un but. Quelle matière étrange, reconnaîtra l'esprit scientifique minimum, que celle qui ne se fixe pas de but ; c'est le procédé de la religion même, ou du cinéma. Si le cinéma est un art, alors la science moderne est une science, car ces deux procédés religieux adoptent la même mécanique, pleine de trous noirs et d'illusions d'optique.
- L'homme moderne ignore que ce qui est si pressant, mais n'a pas de but, c'est l'organisation, vers quoi toutes les religions tendent précisément, depuis l'Egypte antique, dont la haute tension religieuse n'a sans doute jamais été dépassée, et d'où nous viennent les principes religieux les plus purs. L'espace-temps, par exemple, dont on discerne facilement la fonction primitive organisatrice, mais le sens scientifique demeure obscur. Einstein est un nain à côté de Pythagore, un petit démon de rien du tout.
- Il y a intérêt, Mesdames et Messieurs les prix Nobel, à ce que vous découvriez enfin en 2012 votre "Boson de Higgs", vu les milliards engagés dans cette quête. Des prêtres, voire des politiciens, la corruption est "classique" ; au point qu'on se méfie parfois, à juste titre, des politiciens qui brandissent l'étendard de la morale et se disent exclusiment préoccupés du bien commun. Mais les savants ? Comment ces purs esprits responsables trahiraient-ils leurs engagements d'accroître la connaissance humaine, plutôt que de réduire à la folie le peuple, afin de mieux le soumettre ?
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"Le Figaro" se fait l'écho des voeux du pape Benoît XVI pour 2012. L'attention d'une gazette subventionnée par des banquiers et des marchands d'armes aux déclarations du pape, peut paraître l'incurie la plus grave. D'autant plus que le pape formule cette année ses voeux sincères de paix dans le monde. Songe-t-il à mettre l'Occident judéo-chrétien sur la paille, quand l'industrie militaire est la seule que l'Occident n'a pas encore songé à délocaliser chez ses partenaires chinois ?
Je vois bien une autre possibilité... Si ça se trouve le pape croit dans l'efficacité des "nations unies" ou des "soldats de la paix" pour assurer la concorde à l'échelle mondiale. Le pape et BHL, nommés co-gouverneurs d'un monde judéo-chrétien pacifié, quelle grande victoire politique ce serait, en effet, en 2012 ; on se dirait : quelle erreur de ne pas avoir dézingué Kaddhafi et Bachar-el-Assad plus tôt ! Si on avait su que le bonheur du monde ne tenait qu'à leur élimination ! Les vieux cons qui croyaient que le malheur des uns fait le bonheur des autres, les voilà bien désabusés.
- Je note que le pape se montre particulièrement préoccupé par la violence et les assassinats en Syrie. Il nous a bien eus, El Assad, avec sa laïcité syrienne, sur le modèle républicain occidental. Encore à Noël dernier, il visitait Paris en limousine, afin de mieux s'imprégner de notre esprit laïc.
Et le pétrole, quelle saloperie le pétrole, facteur aggravant de la tyrannie, qui rend le monopole de la richesse et du pouvoir encore plus facile. Prions, mes frères, pour que tous ceux qui trempent dans le pétrole ou le gaz, de près ou de loin, crèvent d'un cancer en 2012. Car on ne peut pas se contenter de prêcher la paix, il faut aussi s'en donner les moyens. La civilisation nazie, c'était tout diesel et gaz, n'est-ce pas ?
Mais, en réalité, la civilisation ne s'arrête pas ; elle ne fait jamais demi-tour ; au contraire, elle court, elle court. Elle fuit, elle fuit, comme dit Shakespeare, devant dieu et l'apocalypse. A la fin, elle n'est plus que fuite et poursuite du temps perdu. Prions pour que le pape ne se sente pas dans l'obligation, comme le capitaine obtus qui se prend pour un gouvernail, de rester le dernier à bord d'un navire qui n'est pas le sien, mais une nef des fous, au sein de laquelle la folie a valeur de raison.