Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

weil

  • S. Weil ou H. Arendt ?

    J'ai une prévention particulière contre les femmes juives ou chrétiennes "identitaires", c'est-à-dire qui propagent une doctrine païenne sous couvert de la foi juive ou chrétienne.

    Elles constituent un danger d'autant plus grand pour l'esprit que, comme chacun peut l'observer, les femmes bénéficient sur le terrain social d'une position dominante (99% d'hommes peuplent les prisons, tandis que 200.000 crimes ou délits d'avortement demeurent impunis, les miséreux sans-logis sont surtout des hommes, la modernité est un féminisme, etc. ; bien sûr, les hommes qui bénéficient de meilleurs revenus sont principalement mus par la volonté de plaire ainsi aux femmes).

    - Un Américain, mais non aliéné mental/patriote comme les Américains de souche sont ordinairement me disait récemment : - Lapinos, comment peux-tu être misogyne ? Ne vois-tu pas que les femmes sont beaucoup plus fortes que les hommes ? Et moi de répliquer : - C'est précisément à cause de cette force néfaste que je suis misogyne. Les Juifs et les chrétiens sont misogynes contre la puissance matricielle du monde. Les Américains sont efféminés ou mondains parce qu'ils sont soumis à la puissance matricielle du monde. Le totalitarisme est un féminisme, car le totalitarisme est un prolongement du monde au-delà de ses limites raisonnables, à l'exemple d'un vieillard qui s'accroche à la vie sans aucune raison de s'y accrocher, alors même qu'il ne tire plus la moindre joie de sa vie."

    La philosophie nazie de Heidegger, amant et maître de Hannah Arendt est confuse et contradictoire, comme l'est nécessairement le néo-paganisme. En effet, la doctrine païenne de l'identité et de l'enracinement se heurte à la réalité politique de l'enracinement de l'homme moderne dans l'argent et non plus dans la terre et un territoire donné, ce qui fait de l'homme moderne en citoyen du monde, en raison de la circulation de l'argent à cette échelle, qu'il le veuille ou non. Que Heidegger, Arendt, ou même Hitler ne le veuillent pas n'y change rien, puisqu'ils sont incapables d'imposer à l'échelle politique ou morale une nouvelle donne ; et c'est exactement sur ce terrain-là aussi que le marxisme-léninisme a échoué. Autrement dit, les régimes nazi et fachiste sont des régimes bourgeois libéraux ordinaires - leur mystique païenne est superficielle. Elle est confuse comme la mystique d'un néo-païen qui tenterait de concilier le paganisme avec le cinéma, alors que ce dernier est un art enraciné dans l'argent. Si Nietzsche est beaucoup plus français et beaucoup plus clair, c'est parce qu'il pousse le raisonnement néo-païen jusqu'au bout, jusqu'à l'autodafé de tout ce qui représente à ses yeux la modernité, comme on tranche des membres gangrenés. On discerne chez Heidegger le bourgeois, à sa manière de tergiverser.

    Cependant Hannah Arendt a tenté de comprendre le totalitarisme, rejoignant ainsi Simone Weil, auteur d'une même tentative "Des Causes de l'oppression", qu'elle a dit à juste titre son meilleur ouvrage. On ne peut manquer de voir derrière ces efforts une façon d'interroger la féminité, puisque le totalitarisme se présente comme un régime d'oppression occidental et féminin - que l'on peut ainsi opposer au modèle égyptien de la tyrannie antique, orientale et virile.

    Hannah Arendt pose de bonnes bases pour un essai de compréhension du monde moderne, mettant ainsi en cause la culture de masse et l'extraordinaire instrument d'aliénation qu'elle représente, dissimulé derrière l'argument culturel et l'office public sinistre du ministère de la Culture ; de même H. Arendt pointe du doigt l'envahissement par le mobile politique de toutes les autres déterminations humaines, d'une manière plus radicale que ce fut le cas dans l'antiquité. Alexandre a beau être un tyran, il n'envisage pas d'exercer sa tyrannie dans le domaine de la poésie, de la science physique ou métaphysique. Alexandre envisage les limites de la tyrannie, bien plus que l'homme moderne n'envisage les limites de l'Etat moderne, notamment en termes de liberté.

    Pour tout défenseur chrétien de la vérité, la tournée des popotes parlementaires, allemandes, françaises, belges, etc., par l'évêque de Rome Benoît XVI est un véritable scandale. Absolument rien de chrétien ne justifie un tel activisme politique ou diplomatique, et toutes les ignominies justement imputées aux Eglises chrétiennes ont pour cause cet activisme politique et diplomatique.

    La limite de la critique du totalitarisme proposée par Hannah Arendt est d'ignorer, voire d'occulter la dimension intellectuelle ou rhétorique du mouvement totalitaire. Ainsi le débordement des considérations politiques et morales sur des considérations étrangères à la politique et à la morale n'est pas tant imputable aux politiciens. Ainsi que le souligne Arendt, la vérité ne peut pas entrer en ligne de compte politique. Par conséquent c'est aux savants, aux philosophes ou aux penseurs de ne pas se soumettre aux calculs politiques.

    Simone Weil a indiqué de façon plus concise et plus radicale, dans ce qui est son meilleur bouquin ("Causes de l'oppression"), l'évolution d'une oppression primitive naturelle vers une oppression finalement culturelle, le moyen de défense imaginé par l'homme pour se défendre contre la nature, c'est-à-dire la culture ou la religion, devenant à son tour un instrument d'oppression. Le totalitarisme ou la démocratie est donc un situation d'oppression à caractère anthropologique, de l'homme par l'homme, tandis que la tyrannie ancienne, la monarchie de droit divin égyptienne ou "oedipienne", était un principe de soumission au droit naturel.

    Simone Weil n'a pas non plus clairement indiqué le rôle actif subversif du catholicisme romain dans cette transition vers le socialisme moderne, le rôle de matrice du droit moderne totalitaire de l'Eglise romaine, mais tout en admirant le christ Jésus, et voulant l'imiter, elle a refusé de se convertir au catholicisme romain comme on refuse de boire une eau trouble que l'on devine infectée.