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Aimer Nimier

J’ai beau faire, je ne parviens pas aimer Nimier. Roger, pas Marie-Antoinette, bien sûr. Il a tout pour plaire, pourtant. De belles femmes, de belles saillies, de belles voitures, de belles lettres, une belle gueule, un bel uniforme (de hussard), usw. Je suis même disposé à lui pardonner son seul défaut, sa fille, Marie-Antoinette, cet écrivain gnan-gnan poussée sur le trottoir des lettres par Françoise Verny.
Pour la troisième fois, j’ouvre Les Épées, je veux au moins essayer de comprendre ce qui ne va pas avec Roger.

Et ça recommence, il y a des phrases qui me déplaisent, comme celle-ci : «Les abstractions ne saignent pas, du point de vue hygiénique qui ne me quitte pas, quel avantage !» ou pire, cette autre : «Adieu le monde poisseux et raffiné des autres. Il est doux de sentir sa destinée à côté de soi, comme une respiration inconnue.» Qu’est-ce que c’est que cette affectation, ce style résolument moderne, je fronce les sourcils. Peut-on attendre quelque chose de bien d’un type qui lit l’Auto-Journal ? Ou alors c’est le monologue intérieur trop plein d’ironie de Sanders le milicien-résistant qui m’agace. «C’est difficile de se faire lire, dit Chardonne. «Si on a de l’esprit, l’éteindre ; et une “pensée”, tout de suite la pulvériser ; cela craque sous la dent. Pas trop de nerfs dans la phrase. Et il condamne Nimier au silence pendant dix ans. Pas assez rassis. C’est une blague ! Evidemment, Nimier prend Chardonne au mot…

L’air de rien je viens de dépasser la page 90. Je suis sûr que je vais parvenir à l’aimer enfin, Roger, peut-être pas autant que j’aime le Jacques Chardonne des Lettres à Roger Nimier, mais tout de même un peu.

Commentaires

  • Pour ceux que la littérature de Nimier intéresse, je conseille ("coups de coeur de la Fnac par Dj Zukry"1 un recueil de textes de Nimier intitulé : "Les écrivains sont-ils bêtes ?" : un essai chahuteur dans lequel il défend Blondin, Céline, Bernanos, pastiche le bloc-notes de Mauriac...



    "La littérature engagée avec son air martial et ses bonnes résolutions, est sympathique dans la mesure où les fayots sont sympathiques dans un régiment de cavalerie".



    Pour ceux qui aiment Nimier, il est plus que conseillé de lire le roman d'Antoine Blondin "Monsieur Jadis ou l'école du soir" car Nimier y est tout à fait chevaleresque, et, raison éminemment suffisante, ce roman autobiographique est admirable.



    Baisers du Palindrome.

  • Un bonhomme jaune qui fait un clin d'oeil (et il se croit malin en plus) est venu se glisser dans le message précédent. J'en suis désolé (erreur de frappe sans doute).



    Mon prochain commentaire vous sera donc envoyé sous forme de SMS.



    Encore toutes mes excuses.

  • Nimier conduisait une Aston Martin, pas une Austin ! Ouah, la honte ! T'y connais rien en bagnole, mec !

  • c pas une erreur de frappe cher DJ mais une conversion automatique de tes smileys point-virgule tiret parenthèse en ridicules petites têtes grimaçantes

  • Nimier incarne sans doute le mieux la littérature dégagée telle qu'elle fut conçue par cette jeune droite d'après-guerre, vaguement anar et férocement caustique. Mais sans doute trop. Les formules à l'emporte-pièce de Nimier sont passées au stade du lieu commun (le fascisme "baroque et fatiguant" et tutti quanti) d'où la lassitude qui nous guette. En revanche, le personnage reste définitivement attachant, que ce soit le farceur invétéré ou au contraire l'employé de Gallimard quasi timide devant le grand Céline. Par ailleurs, on peut aussi juger la qualité d'un individu à ses amis, et Nimier en a eu de grands !

    Mais si l'on veut utiliser la catégorie des hussards, unanimement décriée par les intéressés eux-mêmes, j'avoue trouver la littérature d'un Déon ou d'un Laurent bien plus trapue.

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