« Après les apologies furieuses du seizième et du dix-septième siècle, les pamphlets purulents du dix-huitième et les romans humanitaires du dix-neuvième [et les slogans absurdes du vingtième siècle], l'Histoire, cette chose simple et lumineuse, « ce clair miroir où Dieu regarde extérieurement ses desseins », selon la belle expression de Donoso Cortès, la pauvre Histoire est devenue tellement obscure qu'il faut presque du génie pour y pénétrer.
« Les philosophes de la liberté de conscience, si profondément corrupteurs, nous ont fait moins de mal que les soi-disant historiens modernes. Que dis-je ? Les philosophes n'auraient jamais pu mentir avec avantage si les historiens n'avaient enrichi l'indigence de leurs doctrines du scandale de leurs calomnies.
« (…) Ce domaine sacré de l'Histoire que nous avions le devoir de respecter et de défendre comme un patrimoine, comme la sueur et le sang de nos pères, nous l'avons livré à tous les exploiteurs des émotions les plus vulgaires et à tous les bouffons de partis. Il est temps de réparer cette faute de laquelle Dieu finirait par nous demander un compte plus terrible qu'on ne croit. »
L. Bloy, in : Nouveaux propos d'un entrepreneur de démolition
Exactement. L'Histoire est une chose beaucoup trop sérieuse pour la laisser aux philosophes, aux soi-disant "penseurs de la modernité", aux cinéastes, etc.
Bloy n'est pas lui-même historien, mais il aime l'Histoire, qui déjà n'est plus qu'une ruine dévastée, nous dit-il ; mais encore peut-il s'attacher à quelques belles colonnes, et L'Univers tire à vingt mille exemplaires.
Bloy démolit à mains nues les faux plafonds cachant le ciel, il essuie les plâtres, mais le spectacle des bulldozers de la propagande faisant table rase de la cathédrale lui sera épargné, ces engins nivelleurs manœuvrés par les bouffons du parti communiste et du parti gaulliste.
Commentaires
Les philosophes que j'ai eu l'insigne honneur de cotoyer avaient tous l'honnèteté de considérer l'Histoire comme partie integrante de leur art (ainsi que l'ethnologie, l'anthropologie, la biologie...), ne serait ce que pour éviter de ré-inventer le fil à couper le beurre ; ce sont d'ailleurs les seules personnes (assertion purement personnelle) ayant manifesté vis à vis de l'Histoire le même sens critique que celui qu'il s'imposaient à eux même. Celà me fait mal de vous voir les intégrer dans le même sac que les cinéastes.
Très belle citation du Fauve....
"Exactement. L'Histoire est une chose beaucoup trop sérieuse pour la laisser aux philosophes, aux soi-disant "penseurs de la modernité", aux cinéastes, etc."
Je suis encore d'accord avec vous ... ca va finir par jaser !
Je plaisante ...
Vous faites bien de mettre Voltaire avec Pascal au lieu de le mettre avec Sartre comme on fait trop souvent. A beaucoup d'égards, et la bigoterie à part, Voltaire n'est pas si éloigné de Pascal qu'on pourrait le croire. Mais Le Uhlan, appelé sur d'autres fronts, n'a malheureusement pas le temps de développer ce point. A vous revoir, lapin.
"Bloy démolit à mains nues les faux plafonds cachant le ciel, il essuie les plâtres" Et toi Lapin, tu t'occupes de la plomberie ? ou tu la laisse aux polonais...
Ouh là non, Pim, moi je fais juste un peu d'ébénisterie, disons que j'aime assez manier la chignole, mais c'est tout.
Ah j'y suis, tu voulais m'inviter à visiter ton nouveau blogue mais t'osais pas, c'est ça ? Pfff, z'êtes pas simples, vous, les bobos…
Ahah! si si je t'assure, je te vois bien dans la tuyauterie, ou dans la pub remarque. Et ouais je sais pimpelette ça rime avec galipette.
Bon, je vais essayer Lapin, mais je te promets rien, y'a pas beaucoup de place tu sais... puis si ça rentre pas je mettrai simplement l'épitaphe ",ordure."...
Oui, "une ordure", tout simplement, me convient aussi très bien. Pige pas ce que tu veux dire avec ta tuyauterie !? Je vais te dire le problème, j'ai déjà fait un peu de soudure à l'arc, mais je suis pas assez souple pour me glisser sous les lavabos qui fuient.