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La France en noir et blanc

Petite séance de cinoche hier soir chez moi. Je regarde Le Chagrin et la Pitié de Marcel Ophüls qu'on m'a offert - et vivement recommandé, sachant mes réticences vis-à-vis du cinéma.
Mon alibi c'est qu'il faisait un peu trop chaud pour bosser dans mon appart', surtout après avoir enfourné quatre cannellonis dans mon four hyperpuissant. Quel couillon !

Je regarde ces images d'archive avec intérêt quand même, je dois admettre. On apprend en effet dans Le Chagrin que Mendès-France a beaucoup plus d'humour que Laurent Fabius, mais pas seulement.

On n'en fait plus beaucoup des documentaires comme ça. Ophüls se contente en effet d'aiguiller le spectateur vers ses idées préconçues sur l'antisémitisme viscéral des Français et l'utilité de l'éradiquer en tournant des films, mais il le laisse quand même libre de tirer ses propres conclusions. Tandis qu'aujourd'hui on a basculé dans la manipulation grossière, les bobos applaudissent les tripatouillages de Karl Zéro ou de Michaël Moore (ou de Spielberg, pour les gosses) comme si c'était de véritables "œuvres", on ne se soucie même plus de paraître "objectif". Les cervelles sont préparées, on n'a plus qu'à y déposer les petits principes manichéens qu'on veut et à refermer la boîte.

Avec Ophüls, je me sens encore libre de préférer le personnage de l'ancien capitaine de la wehrmacht qui ne regrette rien, par exemple.
Qu'il regrette rien, jusque-là c'est facile à comprendre : son boulot c'était d'être soldat, et après tout c'est un boulot plus honnête que journaliste ou politicien. Non, là où il m'épate vraiment, mon capitaine, c'est qu'il a le culot de pas céder de terrain face au journaliste qui voudrait bien que le méchant perdant se mette à genoux et balbutie une ppetite repentance toute faite. Allez, ça mange pas de pain et ça donne toujours au gars devant son écran un sentiment superficiel de justice et puis que tout est bien qui finit bien… Niet ! Le type est pas Boche pour rien : la wehrmacht meurt mais ne se rend pas.

Ophüls essaie bien de le rendre caricatural, ce capitaine allemand, et c'est pas trop difficile vu la germanophobie du public français en général, mais il se défend, le bougre, il est tenace, il s'accroche à ses médailles et à sa bravoure. Il regrette que d'avoir perdu la guerre en définitive, et c'est logique. Il trouve pas la civilisation yankie ni la civilisation soviétique qui l'ont vaincu particulièrement édifiantes (Je rappelle que le reportage d'Ophüls date de 1969, depuis quelques voix se sont élevées pour contredire la version en vogue en France à la fin des années soixante selon laquelle l'Union soviétique était en passe de devenir un pays de cocagne laïc.)

L'impression que laisse cette séance est une impression de dégoût, très nette. Dégoût des Français bien plus que des Boches. Même les Résistants sont pas reluisants. Cet ex-colonel fantoche de la Résistance qui emmène l'équipe d'Ophüls sur les lieux de ses exploits passés, dans sa grosse Mercedes, a beau avoir une gouaille paysanne sympathique, en fait d'exploit il se souvient que de la tentative désespérée de trois gamins de son équipe d'échapper aux soldats Allemands. Ceux-ci ont déboulé à l'improviste dans le village tenu par le "colonel", en son absence, pendant qu'il était en vadrouille dans la cambrousse avec son "état-major". Un véritable officier se vanterait pas d'avoir perdu trois "hommes" aussi bêtement.

Il semblerait que l'exaltation du martyre juif puisse pas se faire sans que la France soit traînée dans la boue.

Commentaires

  • Il y avait pourtant un très bon film hier soir, certes ultra connu mais surtout bien plus subtil qu'il n'y parait : "Le bon, la brute et le Truand".
    Plaisir garanti.

  • houlalalala, trés risquée la fin du commentaire Lapinos, attention à la loi Gaissot...

  • "Plaisir garanti" : tu serais pas un peu présomptueuse comme gonzesse, Suzette ?

    Pour que le plaisir soit garanti avec une gonzesse, à mon avis, puisque t'abordes le sujet, il faut au moins qu'elle sache parfaitement cuisiner quatre ou cinq plats différents, cuisine française ou italienne de préférence, pas seulement faire une blanquette de veau ou une quiche lorraine.
    Tu vois peut-être pas le rapport, Suzette, pourtant c'est simple : tout le cinéma ne vaut pas pour moi un bon gratin de tétine (par ex.). Si tu cherches un cinéphile, Suzette, c'est pas la bonne adresse, mais tu devrais trouver ce genre de petits branleurs par dizaines sur le ouaibe.

  • Bien le bonsoir cher Lapin, tu sais qu'il y a un petit soucis dans tes commentaires là? Impossible de les ouvrir.
    Par ailleurs es-tu sûr que les bidouillages à la Karl Zéro, Moore etc ne perdent pas en crédibilité justement du fait de leur subjectivité? Je veux dire même aux yeux des bobos... (Tu sais, tes ennemis invisibles qui surgissent de partout et te font t'énerver tout seul dans ton coin).

    PS: oui, je suis désagréable, mais tellement contente de te retrouver après avoir déserté près de 3 semaines la capitale comme mes congénères.

  • Ça c'est bien une attitude typiquement bobo de nier la réalité, Pim, du moins la part de la réalité qui "dérange".

    J'observe qu'il y a quelques années encore les bobos n'hésitaient pas à se revendiquer comme tels. Naturellement, puisque c'est la presse bobo qui avait développé cette idée de bourgeoisie-bohême qui tendait à faire croire que l'on avait du fric, certes, mais qu'on en aimait pas moins les pauvres, la preuve, on avait la bohême en commun.
    Les bourgeois ne sont pas cons, Pim, ils ont compris ce que ça peut avoir de gênant d'avoir du pognon et des privilèges dans une société imprégnée par les idéaux marxistes.

    Je crois que la supercherie a fait long feu. Un de mes potes a traité il y a quelques semaines un bobo de bobo en terrasse d'un café branché, eh bien le mec l'a très mal pris, il s'est bien gardé de venir lui mettre un coup de boule, mais il était furax visiblement. "Bobo" n'est plus vraiment un qualificatif sympathique, ça commence à devenir une insulte.

    Par ailleurs je crois que ceux qui ont le plus souffert de l'hypocrisie des bobos, à savoir les jeunes beurs et les jeunes nègres entassés dans des barres de béton depuis des lustres, sont en train de changer, de se rendre compte qu'ils ont été manipulés. Ils ne sont plus dupes des salamalecs genre "Touche pas à mon pote", "Black, blanc, beur", "80 % de réussite au bac", "Tu es issu d'un peuple qui a beaucoup souffert", etc., etc.

    À la télé on ne montre que les "collabeurs", mais il y en a de plus en plus qui votent Dieudonné, contre le système des bobos.

  • Vous trouvez classe qu'on ne puisse avoir aucun regret à avoir quand on a participé à une entreprise génocidaire ?

    La bassesse germanophobe courante en France atténuerait-elle la gravité d'un crime ? A moins de contester le génocide commis par les nazis, je vois mal le rapport.

    Quant aux beurs, êtes-vous en train de nous dire que les bons beurs sont les délinquants et que ceux qui réussissent en se sortant les doigts du cul et en étant brillant sont des « collabeurs », terme que j'imagine plutôt péjoratif ? Drôle de point de vue, qui n'a pas grand chose à envier à une certaine hypocrisie de gauche.

  • Vous avez vu ce docu, Marcel ? Mon capitaine allemand s'est battu contre les Russes sur le front de l'Est où il a été partiellement congelé. On l'a "muté" par conséquent à Clermont-Ferrand, un secteur beaucoup plus peinard ensuite.

    Il estime qu'il s'est comporté en officier : il n'a jamais dirigé son arme, sa troupe, contre des civils, il s'est battu au péril de sa vie (surtout en Russie) contre d'autres soldats.

    Et question génocide en général, il pense sans doute que les Russes ont battu tous les records et que les Yankis, en quelques mois, ont montré de quoi ils étaient capables.
    Sa "position" n'est pas intenable.

    Je ne vous connais pas, Marcel, mais je suppose que vous vous doutez que les vainqueurs qui ont écrit l'Histoire n'ont pas manqué de souligner certains passages et d'en effacer d'autres - et qu'il convient de s'élever un petit peu au-dessus des schémas des manuels scolaires.

    C'est ça justement que je trouve assez couillu de la part de mon capitaine, c'est d'accepter de répondre aux questions du journaliste, qui peut pas s'empêcher de se donner le rôle du ministère public, et alors que tous les manuels scolaires sont contre lui, y compris les manuels allemands.
    Ça serait tellement facile une petite repentance, de dire : « Ah, mais moi je ne savais pas, c'est pas bien ce que mes petits camarades ont fait. »

    Quand je parle de "collabeurs", reprenant un mot de Nabe, je parle pas des "beurs qui ont réussi", mais de ceux qui, en échange de quelques plateaux télé pour faire la promo de leurs albums de rap ou d'une place à l'Assemblée, vont réciter la petite litanie bien-pensante qui consiste à dire que tout va bien dans la France black-blanc-beur en finale de la coupe du monde, à part les vilains lepénistes, Sarkozy et son kärcher, et le manque de moyens pour construire de nouvelles MJC et embaucher des assistantes sociales.

    Logique que les beurs des banlieues préfèrent voter pour un type, Dieudonné, en rupture avec le système, à partir du moment où ils se rendent compte que ce système les a baisés, qu'on leur a servi de beaux discours au lieu de leur donner ce dont ils avaient besoin : savoir lire, savoir écrire, et un coup de pied au cul à celui qui fait une connerie.

  • Dire que soldat est un boulot plus honnête que journaliste ou politicien, c'est mentir, mon lapin. C'est pas le boulot qui compte mais la façon dont on l'accomplit. J'ai connu des soldats qui assassinaient sans joie ni conviction. Où est l'honnêteté là-dedans?

  • Quels soldats, de quelle armée parles-tu ? Cite-moi un nom de journaliste honnête (en dehors de Tintin)…

  • Peu importe l'armée. Tu crois que tous les soldats font ce boulot par conviction? (Conviction de quoi, d'ailleurs...) Pourquoi n'y en aurait-il pas un certain nombre qui le font pour l'argent, pour la retraite à 40 ans, parce que c'est moins fatigant que l'usine, parce qu'on voyage éventuellement etc.?

    Les journalistes, je ne les fréquente pas beaucoup, c'est le moins qu'on puisse dire. Je serais donc incapable de dire lequel est honnête et lequel non. Mais sur le nombre de journalistes et de publications, rien qu'en France, il doit forcément y avoir des journalistes qui font leur métier honnêtement.

  • Ce documentaire est formidable. A mon avis le meilleur fait sur ce theme. Il n'est pas trop manichéen, l'allemand et la Maziere pas du tout diabolisés, ils en deviennent presque plus touchant en effet que ce gros representant debile en frigidaire qui joue les kakous dans sa grosse mercos et qui finalement donne une bien pietre image de la résistance communiste.
    Par contre, les paysans résistants sont assez emouvants.

  • Mettre la blanquette de veau sur le même plan que la quiche lorraine, c'est bien montrer qu'on n'a rien compris à la blanquette de veau et ses secrets.

    Votre gratin de tétine m'intrigue : vous le faites vous-même ? avez-vous une bonne adresse pour le goûter (ou, niaise que je suis n'est-ce qu'une plaisanterie graveleuse) ? au fait, quelqu'un aurait-il une bonne adresse pour les oreilles de cochon du côté de Paris ou Lyon ? oui, oui, je m'éloigne d'Ophüls, mais tout a été dit, dirait-on, alors qu'avec les oreilles de cochon on n'a jamais fini.

  • "La lie, c'est la bave épaisse qui s'étire élastique vers le sol à l'heure du jogging forcé. Force pas. Finis ton effort et fais moi l'bisous d'cochon qui s'enquille barres céréales et jus d'fruits avec des morceaux affreux au fond d'l'emballage."

    Des mois que je ne t'ai pas "vu" sur Hirsute!
    Alors je te rappelle à ton devoir! http://hirsute.hautetfort.com

  • françois de souche est un insecte coprophage. Ceci est une information, pas une insulte je l'ai vérifiée et elle n'est pas à prendre au conditionnelle.

  • la vache, meme sur le blog de Lapinos j'ai des fans... ;-)
    En plus des fans qui emploient des mots compliqués... waouh...

  • Bonjour messire Lapinos.

    Premièrement, merci pour ce blog, qui change de la monotonie consensuelle dans laquelle nous baignons.

    Deuxièmement, je me permets d'apporter mon soutien à Sînziana. Tout lapinos que vous êtes, il vous arrive sans doute quelquefois d'éprouver le besoin d'être informé sur ce qui se produit autour de vous et surtout, un peu plus loin.

    Comment diable sauriez-vous qu'il se passe quelque chose à la frontière libanaise, que deux avions ont touché des tours jumelles, que Laurent Fabius manque d'humour si aucun journaliste ne faisait son travail? Certains le font malhonnêtement, mais faut-il conclure que ce travail lui-même est malhonnête ? Ne céderiez-vous pas, pour une fois, à un préjugé très répandu ?

  • Il suffit de voir qui possede les grands journaux français pour se rendre compte que la presse est juste la courroie de transmission des opinions du systeme vers le grand publique.
    Jusque dans les annees 70, c"etait le contraire, et la presse amplifiait l'opinion de la base des lecteurs. Chaque courant d'opinion de la société avait son journal et la presse etait vraiment d'utilité publique.

    Désormais l'immense majorité des journaliste se content de plagier les très orientées depeches Afp et les journaux ont quasiment tous les memes opinions. Seule, et encore pas toujours, la formulation change.

    Il ne faut par consequent pas setonner que la presse ecrite perde des lecteurs et que les gratuits remplacent aussi facilement les Libés, le Monde et Figaro...

  • Si c'est ce que vous pensez, François, il faut conclure, en bonne logique, que tous les journalistes français contemporains font leur travail malhonnêtement (ou ce qui dans ce cas de figure est aussi grave : avec un panurgisme imbécile). Ce qui ne revient pas à dire que ce travail est malhonnête par essence.

    La remarque vaut pour les hommes politiques, naturellement.

    Mais nous nous éloignons de la note initiale, manifestement en l'absence du maître des lieux... Je m'éloigne sur la pointe des pieds...

  • Ce qui frappe dans le docu d'Ophüls, je crois que Desouche est d'accord avec moi sur ce point, c'est son étonnante objectivité PAR RAPPORT à ce que les journalistes nous servent aujourd'hui. Chez Ophüls, l'accusé a encore la parole, en quelque sorte. Le témoignage de la femme torturée à la Libération par des résistants, sur la foi d'une simple dénonciation, avec la chanson de Brassens ensuite, c'est tout simplement inimaginable aujourd'hui sur Arte ou TF1 - en première partie de soirée du moins. D'ailleurs qui sait encore que Brassens était contre toutes les armes, y compris lorsqu'elles étaient portées par des résistants communistes ?

    N'empêche, Desouche, qu'Ophüls a au moins une idée derrière la tête et ne se contente pas de recueillir des témoignages et de les confronter. Il sert la soupe à Mendès-France, par exemple, tandis que La Mazière est assez ridiculisé (ou ridicule), son discours auto-complaisant. Le capitaine de la Wehrmacht ne me paraît, lui, ridicule que superficiellement, à cause de son cigare, de son intérieur allemand bourgeois. Son sourire ironique aussi est antipathique, mais faut pas oublier qu'on est en train de le juger, il n'est pas dupe, je préfère ses réponses nettes et précises à quelques regrets de circonstance, absurdes dans son cas puisqu'il n'a fait que le boulot pour lequel il était payé, la guerre. Remarque qu'il n'a même pas la lâcheté de faire porter le chapeau à la gestapo dont il ne faisait pas partie, ce serait pourtant facile.

    Ophüls a au moins une idée derrière la tête, que je trouve stupide et pleine de préjugés, c'est qu'il faut combattre l'antisémitisme avec des films, d'où ma réserve.

    L'ex-colonel de la Résistance, élu par trois ou quatre de ses potes n'est pas représentant en frigidaires mais en téléviseurs Phillips, je tiens à cette symbolique, Desouche.

    (Gratin de tétine n'est pas une plaisanterie graveleuse, demandez à votre tripier, Nadine)

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