Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Revue de presse (IX)

« (…) Nul doute que les goûts de Monsieur Vollard étaient sûrs ; manque juste à l’exposition un regard critique sur la part commerciale de son activité. Le cartel du tableau Les Peupliers indique avec quiétude que Vollard l’acheta à l’artiste pour 200 fr. et le vendit un an plus tard pour 2000 fr., l’artiste étant toujours vivant. Le marchand d’art est un personnage assez récent dans l’histoire. Il apparaît quand les peintres désorganisés par la disparition des corporations se trouvent fragilisés et doivent se mettre en quête d’un intermédiaire entre eux et les acheteurs.
(…) Gauguin, aux Marquises, eut fort à souffrir des manières de Vollard avec qui il était en affaires. Le marchand non seulement envoya irrégulièrement et partiellement les sommes dues, mais encore dissimula l’existence des toiles en sa possession aux personnes qui souhaitaient en acquérir : cela s’appelle de l’accaparement. M. Malingue, l’éditeur des Lettres [de Gauguin] à sa femme et à ses amis (Grasset), n”hésite pas à désigner Vollard comme “un des principaux responsables de la misère de Gauguin”.
(…) la dernière lettre de Gauguin (à son ami Monfreid) relate cette situation cruelle, alors qu’il attend plus de 1500 fr. dus par Vollard qui le laisse sans aucune nouvelle. Le jeu trouble des marchands d’art, l’histoire n’en est pas encore écrite, et le musée d’Orsay ne s’est pas risqué à aborder la question. »
Samuel (“Présent littéraire”, 14 juillet, à propos de l'expo sur la collection Vollard au musée d'Orsay)

Répondre à cette question aussi exactement qu’il est possible sera nécessaire pour comprendre l’art capitaliste du XXe siècle. Les progrès de la science historique, pour l’instant, ne sont appliqués qu’à des périodes de l’histoire assez ancienne comme le Moyen-âge où, là, il est permis de tenter de cerner la vérité, du moins dans des thèses, puisque c’est encore l’histoire de Michelet ou de Max Gallo qui est enseignée à l’école.
Une question “confluente”, c’est le rôle de la critique d’art journalistique, qui n’est pas très ancienne non plus, puisqu’on considère symboliquement que Diderot est l’ancêtre des critiques d’art.
L’indépendance du jugement de Diderot vis-à-vis du marché de l’art ne fait pas de doute, bien qu’il fût chargé par Catherine II de Russie de l’acquisition de tableaux français pour la collection impériale, mais il semble qu’il se soit fié à son seul goût, axé sur des critères d’honnêteté et de moralité, comme on sait, traversé quelque fois par des emportements spontanés pour des peintres échappant à ces critères. Bien qu’auteur de contes érotiques (inintéressants), Diderot n’aimait pas et ne comprenait pas la peinture de Fragonard (intéressante).
Mais les jugements de Philippe Dagen, par exemple, critique contemporain d’art au Monde, ont-ils de l’influence sur le marché de l’art ou, au contraire, est-ce le marché de l’art qui influe sur les jugements de Philippe Dagen ?
Par ailleurs peut-on concevoir qu’un peintre, même doté d’un fort tempérament et rusé comme Picasso, ait pu s’abstraire de ce contexte du marché de l’art et de marchands comme Vollard ?
On objecte généralement, quand on ne leur intime pas carrément l’ordre de se taire, aux critiques qui, comme Samuel, ne se satisfont pas du prêchi-prêcha capitaliste en matière d’art, les marchands vénitiens ou les princes florentins, mécènes et commanditaires d’œuvres d’art, et les cahiers des charges parfois assez stricts qu’ils imposaient aux artistes. En somme, qu’est-ce qui laisse plus de liberté au peintre, un cahier des charges assez stricts ou le désir de l’artiste moderne de rencontrer l’approbation de la critique d’art ?
Une chose est sûre, les commanditaires de la voûte de la chapelle Sixtine n’imaginaient pas la représentation extraordinaire que Michel-Ange leur offrit. Michel-Ange lui-même avait-il une idée exacte du résultat avant de se mettre à l’ouvrage ?

Commentaires

  • On n'a qu'à faire des artistes des fonctionnaires fainéants comme les autres ! Tu sais que mon copain Yfig (anti-sarkozyste) est un grand spécialiste des entourloupes en tous genres du marché de l'art ... il a écrit de longs textes sur le sujet sur son site.

  • Longs, ça ne veut pas dire bons. Et question entourloupes en tous genres, ayant fréquenté moi-même des artistes contemporains, j'ai une idée assez précise des trucs et astuces du milieu.
    Ce que je recherche plutôt, ce sont des artistes contemporains honnêtes et cultivés. Longtemps j'ai cru que ça n'existait pas, n'ayant croisé que des petits malins ou des balourds invraisemblables régurgitant un discours esthétique mal assimilé où je pouvais retrouver un morceau de Baudelaire par-ci, un morceau de Lhote par là, un filament de Cocteau, un joli rôt d'Apollinaire, un syllogisme décomposé de Diderot, etc. Et puis un jour j'en ai rencontré un. C'est un type rare et assez curieux, qui m'inspire des sentiments contradictoires, le mépris et la pitié. C'est quelqu'un qui, tout en exprimant des vues assez pertinentes sur des détails, sachant faire la part des effets et de la véritable force, tout en étant un véritable amoureux de l'art donc, est persuadé que, globalement, il fait erreur. Il voudrait être de son temps, mais il n'y arrive pas.
    Là, oui, si vous connaissez quelqu'un de ce genre, ça m'intéresse…

  • Je parle de ton blog sur le mien.
    Bonne journée,
    L.

  • Mon Lapinos,

    Si un jour tu veux vraiment écrire quelque chose de conséquent sur l'art - particulièrement l'art pictural - je m'engage à faire tout mon possible pour le faire éditer dans les meilleures conditions. Mais je ne m'inquiète pas si ce jour arrive les éditeurs se précipiteront pour obtenir les bonnes feuilles en exclusivité ...

  • Vous voudriez être mon pygmalion, Driout ? Vous vous dites qu'avec Juldé, Lapinos, qui sais-je encore, ça sera bien un malheur si l'un d'entre eux n'arrive pas à quelque chose, c'est ça ? Mais moi je ne veux pas être écrivain contrairement à Juldé. Si c'est pour finir comme… je cherche un écrivain contemporain dont je puisse dire sans me parjurer que c'est un écrivain… allons, mettons Nabe ou Patrick Besson, si c'est pour terminer comme Patrick Besson, à lécher le cul des directeurs de magazine, surtout d'un magazine comme "Le Point", très peu pour moi !

  • Je prends un pourcentage très modeste demande à Juldé !

    Pauvre Patrick Besson ! On doit en plus le confondre avec ce vilain socialiste qui est allé faire de la retape pour Sarko l'enchanteur !

  • Connais-tu le Rembrandt écrit par Van Dongen ?

  • Van Dongen, il écrit comme il peint, dis-moi, papa Driout ?

  • Raciste !

Les commentaires sont fermés.