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Pas d'éloge funèbre

Antonioni et Bergman, deux représentants du cinéma chiant qui cassent leur pipe la même semaine : je suis gâté en ce moment ! Je m’offre un verre de bon pinard de Cahors pour fêter l’événement, en solitaire. En temps normal, j’aurais trouvé un ou deux potes pour lever leur verre avec moi, mais là ils se sont tous barrés en vacances, les lâches, les traîtres… je leur pardonne parce qu’ils sont mariés : ils doivent faire des concessions.

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S’il y a bien quelque chose que je ne pardonne pas au cinéma, c’est d’être ennuyeux. Superficiel, passe encore, c’est dans sa nature, mais quand par-dessus le marché le cinéma est rébarbatif, ça devient une vraie torture.
Si les démocrates s’efforcent de convaincre que l’art DOIT être philosophique et ennuyeux, c’est en réalité parce qu’ils ne savent pas faire autrement que philosophique et ennuyeux.
Certes, l’art nazi est emmerdant, mais l’art démocratique l’est encore plus.

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Je suis de ceux qui pensent que le cinéma atteint son apogée avec les frères Lumière, ou avec Buster Keaton si on veut. Déjà chez Chaplin, il commence à y avoir des longueurs. Idem pour la photographie, il y a Nadar et puis plus rien ; Nadar, avant de se recycler dans la photographie, était caricaturiste ; ça explique pourquoi, mieux qu’un autre, il arrive à faire passer la photo pour une production artistique. Cartier-Bresson aussi était artiste d’abord, mais d’un niveau très inférieur à Nadar ; autant dire que pour Cartier-Bresson, le recyclage était obligatoire ; et puis la morgue de Cartier-Bresson est insupportable, tandis que Nadar était un brave type.
Après, dans le cinéma, il y a quelques rares types un peu malin qui parviennent à s’adosser à une technique littéraire ou à une œuvre littéraire et à faire une transposition - en général un pastiche - passable. Je ne pense pas ici à Godard, Godard n’abuse que les gogos avec son discours, ses films, eux, sont mortellement rasoirs et vains.

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Même comme spectacle, comme pur divertissement, le cinéma est très limité. L’autre jour, j’ai regardé quelques minutes de ce film, Casablanca, sur Arte, ce film qui passe pour un chef-d’œuvre immortel du “7e art”, comme ils disent. De l’eau de boudin… Une bluette jouée par des acteurs médiocres sur fond de propagande hollywoodienne, voilà ce que j’ai vu ; et qu’est-ce que ça traîne ! Dès les cinq premières minutes, on a tout pigé de la psychologie des personnages et de l’intriguette. Et l’actrice principale n’est pas mon genre. J’ai coupé court.

Un autre exemple : La Passion de Mel Gibson. Je ne serais pas allé voir ce truc seul, mais une belle Américaine (du Sud, bien sûr), a insisté pour que je l’accompagne, en utilisant des arguments quasi-religieux. Ah, et puis le truc d’entendre des acteurs parler latin, vu que les acteurs de cinéma ont souvent du mal à parler leur langue maternelle correctement, je me suis dit que ça pourrait être drôle. Quel nanard ! La moitié de la salle poussait des cris en voyant le sang qui giclait dans tous les sens, y compris (surtout) l’Américaine, qui a même dû aller se remaquiller après aux toilettes. Cette débauche de jus de tomate ne m’a fait ni chaud ni froid. Une simple petite bagarre de rue dégage plus d’émotion que cette torture de cinoche. Pour suggérer la vérité ou la beauté, un acteur de théâtre dispose de beaucoup plus de moyens.

Pourquoi, dans ce cas, ces longues queues devant les cinémas, dira-t-on, ou cette affluence devant les "bacs" de dévédés ? Dame, c’est que les gens vont où on leur dit d’aller, surtout en démocratie. Quant aux Américaines, mieux que les Françaises encore, elles savent pleurer sur commande.

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