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L'ivresse de l'altitude

L’idéologie est presque partout, à gauche comme à droite. La France, qui était une nation de peintres et de savants, est devenue une nation de philosophes et de journalistes, comme les États-Unis. Sans compter les marchands, qui détiennent le pouvoir réel, bien sûr.
On parle d’“économie de services” : quelle expression abjecte ! Elle contient toute l’hypocrisie démocratique.

Un exemple tiré de l’actualité : le gouvernement veut réformer la fonction publique et, dans ce but, récompenser le mérite individuel dans l’administration. Très joli, mais complètement naïf. On ne se demande même pas pourquoi le système d’évaluation déjà en place, purement formel, ne fonctionne pas. La réponse est pourtant évidente : une évaluation réelle est impossible humainement à mettre en place dans la plupart des administrations, à commencer par l’Éducation nationale, et elle serait trop coûteuse dans les secteurs où elle paraît plus plausible, plus coûteuse que les économies visées.
Quiconque a déjà travaillé dans le privé est fixé sur les conditions de l’avancement dans ce secteur qui ont plus à voir avec la servilité qu’avec le mérite. Le beau mérite du vendeur de lave-linge ou de téléphones portables qui en a fourgué deux fois plus dans le même laps !
La distinction public-privé est d’ailleurs globalement une illusion.

Ici on voit nettement l’incohérence de l’idéologie des libéraux de droite qui prétendent vouloir diminuer le rôle de l’État. Ce projet d’avancement au mérite, ce n’est pas “moins d’État” mais “mieux d’Etat”. Ce n’est pas Madelin ou Tocqueville, mais Colbert. Avec ce problème que ni Fillon ni Sarkozy, s’ils peuvent éventuellement emprunter son discours, n’ont la stature du grand Colbert.

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Le plus amusant, c’est que les syndicalistes soient farouchement opposés à l’avancement au mérite, alors qu’inéluctablement l'organe de contrôle du mérite tomberait entre leurs mains et leur influence idéologique en sortirait renforcée. Il est vrai que dans l’Éducation nationale, cette influence est déjà totale et qu’on ne voit pas comment elle pourrait se renforcer.

Celui qui incarne le mieux la synthèse du crétinisme libéral de gauche et de droite, c’est Jacques Attali. Qu’il se place sous les auspices de Marx donne un côté ubuesque à ses propos idiots.
N’importe qui a un tant soit peu une âme d’artiste constate le côté ubuesque de notre époque et que Jarry n’est pas un auteur comique mais tragique. Seules les brutes ne voient rien ou prennent Sarkozy pour le messie.

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L’idéologie actuelle, elle, fait fonction d’hôtesse de l’air. Les moteurs de l’avion sont en flammes et, d’une voix rassurante, avec un joli sourire, l’hôtesse explique aux passagers qu’il ne faut pas s’inquiéter, on va bientôt arriver à destination, dans un pays de cocagne magnifique avec plein de palmiers, où on vit tout nu et on peut baiser librement, à condition de mettre une capote pour "augmenter son plaisir" - j'espère que vous n’avez pas oublié d'emporter vos godemichets et vos “sex-toys”, au moins, Mesdames et Messieurs ? La compagnie vient d’embaucher un nouveau pilote, secoué de tics mais très talentueux, un as du “looping” et des acrobaties en tous genres. Attachez vos ceintures, on entame la descente.

Commentaires

  • Bien vu tout ça.
    Une remarque : La France est surtout un pays de paysans avares et de fonctionnaires factieux. C'est ce que Colbert avait voulu changer en vain : Il n'aura créé enfin qu'une anti-religion, le colbertisme

  • Dernière idée en date de Jacques Attali pour débrider la consommation et la croissance : ouvrir plus de supermarchés. Il fallait y penser. Si chaque major de l'X depuis quarante ans sortait une idée comme ça, je pense qu'on serait tirés d'affaire.

  • C'est rigolo, vous avez choisi pile la remarque d'Attali qui n'est pas complètement une ânerie.

  • Pas complètement ? Si on considère que les beaufs yankis passent leurs week-ends dans des "mall" géants à claquer leur pognon, à mater des navets insanes de Spielberg et à bouffer des "french fries", qu'ainsi l'épargne des ménages est directement réinvesties dans l'économie, certes, alors Attali n'a pas complètement tort.
    Avouez seulement qu'une telle idée, un gosse de dix ans abonné depuis l'âge de deux au "Journal de Mickey" ou à "Pif gadget" aurait pu la trouver.

  • La majorité des Français ne la comprennent pourtant pas, cette idée.

    L'homme ne vit pas que de pain, mais sans, il meurt.

    Personne ne sait comment redescendre de l'arbre où on est monté. Ce n'est pas seulement une question morale. Il faut faire manger les gens. Et quand le riche maigrit, le pauvre meurt.

    On en reparlera quand vous aurez des enfants.

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