Peut-on reprocher à une octogénaire cacochyme, elles ont été nombreuses dans ce cas, d’avoir voté pour Sarkozy ? Bien souvent recluses, condamnées à la télévision, terrorisées par les images des émeutes dans les banlieues, elles ont voté pour le ministre de l’Intérieur et de l’Ordre - ou supposé tel.
Peut-on reprocher aux Alsaciens et aux Lorrains, ils ont été nombreux dans ce cas, d’avoir voté pour Sarkozy ? Comme Drieu la Rochelle le fait remarquer, si les Allemands ont le sens de la musique, ils n’ont pas celui de la politique et leur passion excessive pour l’ordre, à la limite de la géométrie, peut les mener aux pires extrémités afin de le préserver.
Mais les démocrates-chrétiens ? Majoritairement ils ont voté pour Sarkozy, nouveau Guizot en plus cynique. Je ne doute pas qu’ils seront capables de trouver des phrases pour justifier leur choix et le spectacle décadent offert par le couple présidentiel qu’ils ont porté au pouvoir. Du Feydeau, mais au premier degré.
Mgr Barbarin, officiellement “primat des Gaules”, en réalité au bout de la peau de chagrin de son pouvoir temporel et spirituel, déclarait à l’occasion des dernières élections présidentielles que voter est un DEVOIR pour un chrétien, un catholique.
Si le primat des Gaules prône le vote quand l’évêque de Rome prône au même moment la dissidence, c’est bien la preuve que la morale “naturelle” est un gadget théologique. Il n’est pas innocent que les démocrates-chrétiens s’abritent derrière ce genre d’arguties pour justifier tel acte et son contraire. La dialectique mensongère, ce n’est pas celle de Marx, c’est celle-là.
Dans un réflexe typiquement démocrate-chrétien, Mgr Barbarin préférait s’abstenir de donner une consigne de vote précise. Maintenant que le scrutin a pris fin, je serais curieux de savoir pour qui Mgr Barbarin a voté, afin d’accomplir son devoir de chrétien, et comment il justifie son choix.