Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Misère de la philosophie

Héritiers déclarés de Nitche : l'abbé Mugnier, Michel Polac, Philippe Sollers et Michel Onfray… Une coïncidence ? Ça fait un peu trop pour une coïncidence. Que Finkielkraut cite Péguy, au beau milieu de ses gesticulations anachroniques, en voilà une coïncidence, un accident (probablement dû à une inversion de fiches de lecture).

Passons sur les efforts d'Onfray pour laver Nitche du soupçon de racisme et de misogynie. Onfray croit venir en aide à son grand homme en expliquant que la folie de Nitche n'était qu'une maladie "physiologique" et non pas mentale ou spirituelle. Onfray n'a rien pigé au problème. Vouloir libérer l'homme comme Nitche, à l'aide de quelques slogans existentialistes et évolutionnistes grossiers, et se retrouver soi-même aliéné, entièrement dépendant des gardes-chiourme d'un asile, que la folie soit physiologique ou pas, voilà qui est pour le moins un clin d'œil du destin. Ça l'abbé Mugnier, au moins, en définitive l'avait pigé.
Lorsqu'on est le jouet du destin comme Onfray, il est normal qu'on soit incapable de le lire.

On ne peut pas tirer un plus mauvais parti des Grecs et des moralistes français que Nitche l'a fait. Sur des bases pas très éloignées, Marx a obliqué vers la raison et la sagesse. Opposition également entre l'impuissance puritaine de Nitche et le côté rabelaisien de Marx. Sous des dehors de moine sorti de l'abbaye de Thélème, je soupçonne Sollers d'être un masochiste qui aime se faire fouetter, comme Robbe-Grillet, dont la littérature est aussi emmerdante que celle de Sollers, exprime la même impuissance.

*

Tentative aussi d'Onfray de faire la part entre l'art populaire et la merde cinématographique. Chaplin et Tati d'un côté, Spielberg de l'autre. Ça part d'une bonne intention, même si Onfray aurait dû observer que jamais un régime n'a été aussi hostile comme la démocratie aux arts populaires (Hegel l'avait prédit), leur substituant des niaiseries commerciales comme Littell ou Harry Potter, Amélie Poulain, le cinéma français.
Rien de moins "populaire", par ailleurs, que l'Université populaire d'Onfray, qui forme des crétins sentencieux. J'en ai vu un ou deux à la télé, de la secte normande d'Onfray, et j'ai été projeté directement au XVIIe siècle, dans une pièce de Molière. Bobos philosophes sans la bonhommie du bourgeois gentilhomme.

Le problème c'est qu'Onfray voudrait faire la part de l'art populaire et des superproductions industrielles, alors qu'il est bien incapable de faire la part entre ce qui est de la poésie et ce qui n'en est pas. Il n'a pas les idées claires. En ça il tient bien de Nitche.

*

Ce constat que je viens de faire sur la philosophie contemporaine, la nullité d'Onfray et, simultanément, son grand succès à la Fnac, un banal certifié de philosophie peut les faire. Alors pourquoi ? Pourquoi Onfray a autant de succès alors qu'il est aussi nul ? C'est la seule question philosophique qui s'impose, tout le reste n'est que philosophie scolaire. Ainsi parlait le grand Karl Marx.

Commentaires

  • "pourquoi Onfray a autant de succès ?" Peut-être sa monture de lunettes ? Peut-être sa vêture ....Noir/Blanc ? Peut-être ce ...sourire si coquettement esquissé de l'homme qui sait qu'il sait ? ;-)

  • Sexuellement je comprends parfaitement qu'Onfray ou BHL aient plus de succès que Luc Ferry, Finkielkraut ou Yann Moix, mais je faisais plutôt allusion au succès des compilations de balivernes d'Onfray sur Montaigne, Maurras ou Nitche, à cet hédonisme à la portée des smicards.

Les commentaires sont fermés.