J'ai ouï-dire d'un best-seller écrit par un auteur de best-sellers yanki comme il en existe des dizaines aux Etats-Unis. Son principe consiste à imaginer ce que le monde serait devenu si les nazis avaient triomphé des Russes et des Etats-Unis.
Ainsi voilà typiquement le genre de bouquin "à suspense" dont on devine d'emblée la fin et dont les Yankis raffolent pourtant. Chacun sait que si les nazis l'avaient emporté, le monde serait peu ou prou devenu ce qu'il est aujourd'hui. Peut-être en un peu moins pourri ?
Entre Harry Potter et ce genre de roman débile à suspense, on peut se demander si la littérature pour adultes existe vraiment aux Etats-Unis ?
Commentaires
Je vous flamberais tout ça à l'uranium, moi...
Dans Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick, les Etats-Unis ont capitulé face aux forces de l'Axe et sont occupés par leurs vainqueurs. Dans la zone dominée par les nazis, il y a des camps de concentration et probablement des chambres à gaz. Est-ce le cas aujourd'hui ? A force de diaboliser les yankees, on oublie que le monde est un peu plus respirable sans les nazis et leurs alliés.
"Peut-être en un peu moins pourri ?"
Malgré le diplomatique point d'interrogation, se cache t-il sous la formule provocatrice un contenu avouable ou non ?
Comment ça "probablement des chambres à gaz", Sébastien ? Vous ne seriez pas un peu révisionniste des fois ?
Pas révisionniste du tout, Lapin. Je ne crois pas que les chambres à gaz soient mentionnées dans le livre (mais je peux me tromper), sans qu'il faille en inférer que l'auteur niait leur existence. Le livre date de 1962, bien avant que n'éclate la querelle autour de Faurisson.
Tout ça pour dire que cet ouvrage mérite le détour, bien que le principe en soit condamnable selon les critères lapinesques.
Vous évoquez là le genre Uchronie, dont deux des titres phares - anglo-saxons - évoquent justement l'après-guerres, Fatherland et le Son du Cor. Idées alléchante que cette histoire-fiction, un peu comme savoir ce qui serait arrivé si je n'avais pas raté mon entretien d'embauche, ou encore plus trivial, si ma tante en avait.
Et si la France n'avait pas déclaré la guerre à l'Allemagne ? Et si Hitler n'avait pas décidé d'attaquer Staline ? Et si Nicolas II n'avait pas décidé d'engager son armée dans une guerre où elle ne faisait pas le poids ?
L'uchronie n'est pas forcément un genre inintéressant, mais le coup du Yanki qui nous dit : si les Etats-Unis n'avaient pas gagné la guerre, le monde serait peuplé de méchants communistes et de méchants nazis, il est un peu "téléphoné" vous ne trouvez pas ? Autant regarder des dévédés ou écouter Guy Sorman.
Surement que l'Allemagne aurait envahit la Russie avec plus de chance de vaincre; qu'Hitler aurait quitté le pouvoir par ennui; que, comme la France de Poincaré n'est pas celle de Napoléon III, il y aurait eut match nul, l'allemagne finissant par signer la paix avec la triple Entente pour éviter une défaite face à une France retrouvée. Dans les guerres modernes, on ne vainc pas sur un coup de génie comme du temps des grecs ou de Napoléon, les jeux sont faits bien avant le dénouement, or l'industrie française couplée au génie de la race aurait suffit pour venir à bout de la grosse bertha.
Maintenant l'uchronie américaine parait grossièrement surestimer leur rôle dans la victoire, car Staline pouvait gagner même si le jour J eut échoué. Pour les russes, les américains ne les ont aidés qu'à hauteur de 10%, leur rôle fut mineur dans le dénouement.
Une uchronie, semble-t-il, existe avec comme thème la non-crucifixion de jésus, deux mille ans après; ça présenterait déjà plus d'intérêt.
En ce qui me concerne, n'étant ni laïc ni démocrate-chrétien, je ne communie pas au mythe commun qui consiste à condamner Hitler ou Staline sur la base de quelques syllogismes destinés à embobiner les foules.
Je considère Nicolas II comme un des plus grands criminels de l'histoire du XXe siècle. Il a déclaré une guerre qu'il n'avait pas les moyens de mener, la guerre contre le Japon aurait éclairé un moins grand imbécile (La thèse de Soljénitsyne ne tient pas debout).
Il ne faut pas oublier non plus la perfidie de l'Angleterre, qui sème la zizanie dès la fin du XVIIIe siècle.
- L'Angleterre a contraint Mussolini à s'allier à Hitler.
- Elle a poussé la France hésitante et peu préparée à entrer en guerre.
E. Waugh, qui surclasse tous les écrivains anglais de cette période a d'ailleurs condamné fermement la politique cynique de son pays.
Quoi qu'il en soit, les décrets sur l'histoire ou les procès historiques tels qui se déroulent actuellement ne peuvent qu'être le fait de régimes totalitaires. Ce que les Etats-Unis impérialistes peuvent dire à travers leur propagande cinématographique sur Staline ou je ne sais qui n'a au regard de la vérité aucune espèce d'intérêt. La Maison blanche n'est qu'un sépulcre blanchi. Si les Yankis avaient rejeté l'hitlérisme, ils auraient rejeté aussi l'ingéniérie génétique et atomique nazie. Ils ne l'ont pas fait.
(N'oubliez pas que l'ère moderne commence à la Résurrection, voire à la Pentecôte, non à la crucifixion.)