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Qui sont ces serpents ?

Ce qu'il est convenu d'appeler "linguistique" ou "philologie", bien au-delà de la curiosité étymologique de Voltaire, est une entreprise bourgeoise d'étranglement de la science matérialiste et de l'histoire, Aristote et Homère compris ; une entreprise qui n'est pas dénuée de rapport avec le "Frankenstein" métaphorique de Marie Shelley. Par la philologie s'introduit la religion dans la science, jusqu'à ce que l'ordinateur possède son programmateur, le domine de la hauteur de son étrange personnalité morale.

On peut dire que la haine de l'art n'est pas un vain mot chez Pascal, que Voltaire et Péguy auraient dû épingler plus durement encore, comme papillon ou collectionneur de papillon.

Sous le prétexte fallacieux de ressusciter la langue grecque, Jacqueline de Romilly lui offre en réalité un enterrement de première classe dans le rite byzantin. Elle pratique l'art germanique consommé d'embaumer les cadavres et de les placer ensuite sous cloche. Bergson le dit lui-même, et c'est sans doute parce que c'est un des rares paroles sensées qu'il prononce, la Grèce n'est pas "poétique" mais "prosaïque". Ce qu'on doit traduire par : Aristote et Homère SONT beaucoup plus la Grèce que Socrate ou Epicure. Ou encore : Aristote sait trop (notamment parce qu'il a lu Homère) à quel point la politique repose sur le coït et la passion, pour ne pas mettre son art à distance de la politique (meta). Retenez au moins ceci : le clerc qui se réclame à la fois de Pascal et d'Aristote n'est qu'un imposteur.

Or la philologie de Romilly est bien le prisme qui empêche de voir l'opposition entre le matérialisme grec et l'idéalisme romain. La tragédie devient comédie et la comédie tragédie. Or ce qui vit, ce n'est pas le pastiche romain de la science grecque ontologique.

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D'un niveau supérieur à Romilly ou Marcel Conche, parce que plus près de l'"induction véritable", comme dit le très sain François Bacon, la science de Dumézil n'en est pas moins viciée en son coeur. Pour faire entrer Homère dans sa grille de lecture anthropologique (F1-F4) sans le forcer, à l'instar du folklore païen irlandais, encore faut-il démontrer qu'Homère est anthropologique lui-même, c'est-à-dire que l'"Iliade" et "l'Odyssée" forment un récit moral hasardeux qui ne relève pas de l'histoire-prophétie au sens matérialiste de Bacon ou Marx. Car si Homère rejette l'idée de destin comme Aristote, alors Homère est plus moderne que Dumézil, et ce dernier n'a plus qu'à se ranger parmi les Troyens pour chanter comme Cassandre la chronique d'une mort annoncée.

(La "fonction bipède" est ce qui trahit aussi, outre sa dialectique truquée, la sidération politico-morale de Darwin et explique son acclimatation rapide dans la religion nationale-socialiste ou capitaliste, à laquelle le darwinisme ne fait que retourner tant son origine physiocratique est indéniable. Nazisme et capitalisme peuvent être définis par leurs principes comme des idéologies physiocratiques, le capitalisme ne se distinguant du nazisme que par le fait que c'est une physiocratie "au-dessous de la ceinture", encore plus lunaire et féminine.)


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