Deux adolescentes plaisantant à propos de l'apocalypse dans un bus parisien m'incitent à me hâter de publier quelques nouvelles scholies sur ce sujet (à dire vrai peu féminin).
Ces demoiselles évoquent en riant jaune les quelques mois qui leur reste à vivre, selon l'astronomie des Mayas. Une telle autodérision est permise tant qu'on n'est pas encore sur les rails de l'existence.
Scholie n° 1
"Laissez venir à moi les enfants." commande le Christ. On retrouve, concernant l'apocalypse, le même obstacle des adultes entre la vérité et leurs gosses. Ceux-ci craignent beaucoup moins de rechercher la vérité que leurs parents, vivant souvent déjà comme s'ils étaient déjà morts, dans le confort intellectuel ou la musique de chambre.
Les centres d'intérêt des adultes, pour citer seulement ces allégories pompeuses du hasard que sont le cinéma ou l'argent, prouvent assez l'intense niaiserie et la dévotion religieuse de personnes morales soi-disant "responsables".
Le premier commandement irresponsable des adultes aux enfants est de se tourner vers leur avenir, rêve chimérique et totalitaire, dont le Christ détourne en montrant que même les serins n'ont pas cette bêtise.
Il y a dans la religion, comme dans la politique, sous couvert d'humanisme, un mouvement de pédérastie violent et lâche. On le remarque d'autant plus dans les civilisations usées, qui croient trouver dans la quête de l'origine une ressource à leurs forces déclinantes. Ainsi dans la philosophie morale nazie (Hegel, Nitche), que les milieux bourgeois affectionnent tant, en raison de son ésotérisme. Elle revient à appliquer aux hommes le régime des légumes.
Les violeurs et assassins cloués au pilori par les autorités judiciaires ne le sont que pour dissimuler l'intense collaboration des autorités judiciaires à la violence et au crime, pour légitimer coûte que coûte la propriété.
Scholie n° 2
L'apocalypse de Jean est un des textes évangliques où on peut le mieux constater l'immoralité et le pacifisme du christianisme, la logique qui lie l'immoralité au pacifisme. Il n'y a pas de position sociale supérieure à une autre au regard du Christ, qui le prouve en accordant l'immortalité à un assassin. Ce sont bien, a contrario, les efforts pour ordonner ou organiser la société qui sont la principale cause des guerres.
Il est intéressant de constater que les textes prophétiques ont une concordance logique entre eux, contrairement à la morale ou l'éthique, ferment de division entre les hommes. Bien avant le Christ et l'apocalypse, Homère s'emploie ainsi à démontrer qu'il n'y a rien de plus moral que la guerre et la violence (Hormis Sade, Nitche, Hitler ou Ben Laden, rares sont les moralistes dans l'ère moderne à s'enorgueillir d'une telle violence ; ce sont là des crétins qui n'ont pas compris que le Tartuffe est un type de moraliste beaucoup plus puissant et efficace qu'eux.)
Scholie n° 3
Le chrétien n'attend pas l'apocalypse (qui signifie en grec "révélation"), mais applique toute la force dont il dispose individuellement à son avènement, cherchant à percer à travers le voile du verbe ou du langage ("Ce qui sort de la bouche de l'homme, voilà ce qui souille l'homme.", dit le Christ, dissuadant ainsi de voir dans les conventions ou les codes humains autre chose que le reflet de l'absurdité du monde.)
L'apocalypse n'est donc pas "programmée" à l'avance, puisque c'est dans le domaine de la politique que chacun se fait roi, reine, fou, cavalier ou pion, obéissant ainsi à une stratégie ou un ordre collectif. La programmation reflète un processus de raisonnement humain. Si l'homme n'était capable que d'hypothèses religieuses, sans logique scientifique ou imagination, il serait un ordinateur aveugle, n'ayant de la réalité qu'une conception numérique ou mathématique, proche de celle d'un animal sauvage, tirant toute sa force de son conditionnement extrême.
Est "démoniaque" au sens chrétien ce qui contribue à la meilleure organisation possible, en fonction des données écologiques ou élémentaires. La mondialisation ou la promesse d'ordre à l'échelle planétaire n'est donc pas sans rapport avec l'apocalypse.
N'est donc prévisible (par les statistiques ou l'astronomie), que l'affrontement des puissances démoniaques entre elles, leur anéantissement, souhaitable du point de vue chrétien, redoutable dans l'optique des Mayas et de leur culte du dieu soleil, emblématique des régimes païens théocratiques, prcédédant ou suivant la civilisation maya. La pyramide est un instrument astronomique, en même temps qu'elle signifie l'ordre théocratique idéal, dans lequel le souverain, appuyé sur la masse de ses sujets, est tangent au ciel. Cette théorie, entièrement hypothétique et non scientifique, traduit le volontarisme et l'acceptation de l'inconscient de ses adeptes.
La meilleure conservation de la propriété possible est le fondement véritable de ce culte Le culte identitaire contemporain s'y rattache. C'est contre les vestiges d'une telle théocratie que les efforts de Marx et Engels tendent, ayant reconnu en elle la mécanique de l'aliénation moderne.
C'est donc la fin du monde, prévue par les Mayas, qui est de l'ordre des choses prévisibles. Tandis que l'apocalypse, effort de libération individuel, ne l'est pas. Une autre comparaison est possible : - "L'Iliade" raconte la fin du monde, l'affrontement inévitables de personnes aveuglées par la croyance dans le destin et toutes les idéologies politiques.
- "L'Odyssée" décrit les efforts d'un individu pour être libre, les obstacles moraux et politique qu'il doit surmonter pour rejoindre Ithaque.