Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La Kulture de vie

"Le capitalisme, c'est la vie !" R.P. Bruckberger. Je dirais même plus, c'est un charnier à ciel ouvert.

Qu'est-ce qui peut bien, dans les évangiles, justifier le propos enthousiaste de cet ecclésiastique catholique romain, ancien chroniqueur au "Figaro", par conséquent peu regardant sur l'emballage ?

Est-ce qu'il n'y a pas d'ordre moral plus oppressant que l'injonction de vivre, qui fait du nourrisson, selon Augustin d'Hippone, une sorte de bête sauvage existentialiste à tout prix ?

Où le Christ se montre-t-il particulièrement attaché à la vie ? On le voit réticent à l'idée de souffrir, ce qui prouve bien qu'il est antisocial, mais non pas effrayé à la perspective d'être assassiné par les Juifs et les Romains. Même pas préoccupé d'abolir la peine de mort. Inutile d'expliquer d'où lui vient cette insouciance, pour lui et son voisin de supplice qui a cru en lui.

La vie éternelle à laquelle le Christ nous invite, contrecarre le plan social d'Adam et Eve, et la vie que les hommes (les mieux lotis) adorent, jusqu'à s'imposer l'ordre moral le plus rigoureux. Elle contredit aussi les cultes païens les moins imaginatifs, ou bien les plus juridiques, qui déduisent l'au-delà comme le prolongement de la vie ici-bas, c'est-à-dire comme un "état de droit" ou la gloire, dont les cimetières ou les nations, tombeaux des espérances humaines, fournissent d'exemplaires représentations.

Sous le drapeau de la culture de vie ou du vitalisme, le capitalisme offre un visage réjouissant et sentimental ; mais ce n'est qu'un plan macabre dissimulé : une drogue.

Commentaires

  • De "ne pas tenir à la vie" à "tenir à la mort", et éventuellement à la mort des autres, il n'y a qu'un pas que l'islamisme politique franchis allègrement. Je crois toujours que le Christianisme nous enseigne autre chose : ne pas idolâtrer la vie. Ce qui est différent de ne pas y être particulièrement attaché. Si l'on ne tient pas à la vie, qu'est-ce qui nous retiens de ne pas tenir à celle d'autrui et qu'est-ce qui motive notre combat pour chercher à ce que la vie d'autrui, sa vie spirituelle et terrestre soit préservée ? Une seule chose nous motive alors : l'amour, et peut être plus encore l'agape. Ce n'est pas rien me direz vous. Mais à mon avis il est très difficile d'aimer, et de faire la guerre au monde par amour, sans s'aimer un tant soit peu soi même. S'aimer comme le disait Weil, par le détour de l'amour que Dieu nous porte. La haine de soi est une des clé de l'indifférence aux souffrances des autres, et qui n'aime pas un peu la vie finit souvent par se détester lui même, car il y'a dans l'homme de la vie et que ne pas aimer la vie, c'est ne pas aimer la part vitale de soi, celle qui nous meut.

    Voilà juste une petite hypothèse anthropologique (vous allez être content !) que je vous soumet, en me faisant l'avocat du Diable, c'est à dire de cette chienne de vie. Notons que la vie n'est pas une chienne en soi, elle l'est par l'aliénation au terrestre qu'elle impose. La vie au delà des filets de l'aliénation est une grâce, un don du Dieu créateur, qu'elle soit joie au douleur. Sans cette pensée que la vie est un don et qu'il faut y tenir, pourquoi s'opposer à l'euthanasie, à l'avortement et à la peine de mort ? (La peine de mort est le paroxysme de l'usurpation du jugement de Dieu par les hommes, et je suis étonné que vous ne lisiez pas le "récit de la femme adultère" comme la "solution finale" de la peine de mort. Quel est dans ce cas votre lecture de ce récit ?)

  • - Le Christ n'est ni pour ni contre la peine de mort. C'est un choix profondément social de mourir. D'une manière ou d'une autre, la société condamne ses membres à mort, après les avoir plus ou moins maltraités. L'ordre social est entièrement subordonné au plaisir de la caste dirigeante. Les juifs, Judas sait mieux qu'un juif qui vit dans l'empire étatsunien aujourd'hui que la loi romaine est insupportable pour un juif soumis à la loi de Moïse. Et Ben Laden est une sorte de Judas Iscariote. Son combat est inutile, dit le Christ, car la société n'est par réformable ; la civilisation est inclinée suivant la même pente que Adam et Eve ; et quand la civilisation se relève, c'est pour tomber à nouveau de la même façon.
    Rien contre l'euthanasie, l'avortement non plus : aucun plan social de la part du Christ ; c'est exactement ce que lui reproche l'antéchrist Nitche, à juste titre. Aucune incitation à la douleur non plus, également venant du plan social.
    Bien sûr, comme Nitche parle pour sa caste (le bouddhisme pour le peuple est un gros bobard), il n'aborde que la question des bénéfices sociaux en nature, laissant au peuple le soin de subir les sévices collatéraux.
    Cette doctrine dissimule, et ainsi le prêtre païen est-il créateur de l'inconscient social, ce que Shakespeare révèle au contraire, à savoir que vie et mort sont comme tenon et mortaise ; on ne peut pas la séparer. La plus vive incitation à cultiver la vie provient de la peur de la mort.

    - La lecture de l'épisode de la femme adultère est simple. Jésus n'a pas retenu les juifs de lapider cette femme. Il leur a tout simplement fait voir la tournure sociale que leur judaïsme avait prise, jusqu'à bafouer la loi de Moïse plus gravement que la femme qu'ils poursuivaient. Les bras leur en sont tombés, de cette leçon d'immoralité spirituelle (Pour le cas où un Taliban me lirait, je dois préciser que la parodie de BHL n'a rien à voir, puisqu'elle consiste à vanter le mode de vie porno-chic des femmes occidentales, et fustiger les pays qui n'inscrivent pas dans la constitution le droit de présenter sa femme dans un bar à pute de Pigalle, pour contribuer à la libération du sexe).
    Le Christ envoie paître systématiquement les juifs qui le harcèlent avec leurs questions sociales.

    - Pour ce qui est du bonheur, je m'en tiens à l'avis de l'homme du peuple, le moins sentimental : le bonheur est tout entier contenu dans la santé physique. Tout le reste n'est qu'idéologie ou panneau publicitaire ; et si je suis en bonne santé, pour autant ne me demandez pas d'en rendre grâce au diable.

Les commentaires sont fermés.