Anne Sinclair, la copine de DSK, dit assumer sa relation sentimentale avec l'ex-directeur du FMI. Rien d'étonnant à cela, le libertinage a toujours été en vogue dans les castes dirigeantes, y compris du temps où la Rome des papes était puissante.
Parallèlement, des moeurs strictes et contrôlées sont systématiquement imposées aux classes laborieuses. L'hédonisme en Occident n'est possible qu'en vertu de l'esclavage industriel dans les pays du tiers-monde. "Mai 68" sonne le glas de la lutte des classes, dont Marx avait déjà expliqué un siècle auparavant qu'elle a perdu sa valeur explicative de l'évolution sociale en Europe, du fait de la mondialisation.
Anne Sinclair ajoute que la discrétion serait souhaitable en matière de moeurs. Que la transparence est un principe totalitaire. Et de mentionner le nom de... Georges Orwell.
Ce ne sont pas les moeurs de Mme Sinclair et de son régulier qui sont odieux - ils ne font que refléter une position sociale, comme toutes les sortes de sexualités -, c'est leur façon de prendre l'auditoire pour une bande d'imbéciles, ainsi que les journalistes qui sollicitent l'avis de ce couple démoniaque, désireux d'être sous les feux de la rampe, mais ne voulant pas s'y brûler - une sorte de satanisme de sous-préfecture.
Je ne me rappelle pas Mme Sinclair protestant contre le fait que des quidams soient jetés en pâture à la télé, leurs moeurs disséqués, exposés, exploités, divulgués, entrecoupés de pauses publicitaires. Mme Sinclair fait preuve d'humanisme à l'égard d'elle-même.
Et Georges Orwell n'a rien à voir avec la comédie cynique que la caste publicitaire et médiatique joue aux Français. Contrairement à nombre de moralistes allemands nazis ou républicains, Georges Orwell ne se réclame pas du mensonge, mais de la vérité. De plus Orwell n'ignore pas ce que la maille juridique extrêmement serrée des républiques totalitaires modernes signifie : l'opacité, présentée comme la transparence. Si Anne Sinclair et DSK sont victimes d'un système - ce qui peut prêter à sourire -, ce n'est pas d'un système transparent mais le plus opaque possible : le journalisme, moins indépendant qu'il n'a jamais été. Un fait significatif le prouve : les chaînes d'Etat, directement contrôlées par lui, n'ont pas une liberté de parole moins grande que les chaînes privatisées. Deux possibilités : 1/ou bien l'Etat républicain est une personne morale transparente... 2/ou bien jamais l'expression publique n'a jamais été autant "sous contrôle" en France. C'est bien sûr la seconde proposition qui est vraie.
Evidemment, en tant que défenseur de la propriété, ordonné à cette fin, l'Etat républicain ne peut pas être transparent. La défense de la propriété est la première entrave à la transparence. Georges Orwell est marxiste. Rien à voir avec un pervers manipulateur à la tête d'une banque mondiale pour les pauvres.
- Si elle n'est pas citée parmi les valeurs républicaines ou nazies, la pornographie en fait partie, au même titre que la prostitution sacrée dans certains royaumes antiques. Elle est d'ailleurs un point de différend majeur entre l'islam et le culte républicain. La minorité musulmane accuse la République d'encourager la prostitution, tandis que les dépositaires des valeurs républicaines sonnantes et trébuchantes accusent l'islam d'être brutal à l'égard des femmes. On est obligé de rappeler ici les 40.000 Arabes assassinés en Irak, sans faire de détail, par la nation la plus féministe au monde.
Pourquoi peut-on dire que le nazisme est pornographique, et que la République française médiatico-politique emprunte le même chemin ? "La prostituée, le soldat et le prêtre" : cette triade permet de résumer les trois caractéristiques du nazisme, guère éloigné de la modernité selon Baudelaire ou Rilke. Le soudard se bat pour une femme, ou une idée de la femme, qui n'est pure chez le terroriste musulman qu'en raison de son éducation puritaine ; d'ailleurs la prostitution sacrée indique que la pureté peut s'attacher à l'idée de prostitution, dès lors que celle-ci affiche une vocation sociale, exactement comme le soudard ou le soldat devient un héros malgré ses crimes, du fait de leur destination sociale. Ce n'est pas dieu qui permet le crime sexuel ou militaire, mais le prêtre dans l'intérêt de la société.
Quelques prêtres ou prêtresses républicaines demeurent encore hostiles à la prostitution. Le moins qu'on puisse dire, c'est que leur avis compte aussi peu que celui des musulmans de France. Aussi que ces prêcheurs dans le vide n'ont rien compris au féminisme, son rôle principalement mercantile. La société civile a largement entériné le fait de la prostitution sacrée, en commençant par l'élite médiatique, instigatrice d'un néo-nazisme encore plus totalitaire que le précédent.
Dans la triade du soldat, de la prostituée et du prêtre, les deux premiers ont en commun l'esprit de sacrifice aveugle, qui leur est inculqué par le troisième, au profit de la société. Celui-ci peut être qualifié de "démiurge" (non au profit de dieu, et le prêtre chrétien qui dit le contraire doit être regardé comme un suppôt de Satan) ; la pornographie, inculquée principalement par la publicité et le cinéma, reflète la soumission au régime de guerre économique des gosses de ce pays, dont l'élite républicaine prétend cyniquement être inquiète. Mais il n'en est rien. L'élite française, composée de vieux branleurs scélérats n'a de cesse de contribuer au déluge par ses mensonges et malversations. Les gosses sont les premiers jetés sur le bûcher des vanités républicaines.
Il faut ajouter l'ignominie des médias qui consiste à s'abriter derrière les victimes de la choa, comme si tous les juifs étaient des propagandistes nazis.
N'écoutez pas les médias qui vantent les mérite de tel ou tel petit connard de dix-sept ans qui, sur ordre de Moscou, a tiré à bout portant dans le dos d'un officier allemand, après avoir picolé pour se donner du courage. Ce courage-là, vanté par les médias, c'est précisément celui que la religion ou la publicité donne. Le sacrifice du prolo a le grand mérite, en l'occurrence, de servir le bourgeois. Bernanos : "La Libération est un mensonge plus grand que l'Occupation encore" : censuré. Prise de conscience interdite. Crime passionnel au profit de la nation encouragé.
Flanquons plutôt les médias par terre. Voilà une action moins vaine pour les militants de Le Pen ou Mélenchon, que celle qui consiste à passer au kärcher le blason de la République, sans se rendre compte qu'elle a déjà crevé depuis longtemps.