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Benoît XVI, l'idiot utile

Le sentiment amer qu'éprouve Benoît XVI d'avoir été trahi par son majordome est un sentiment que j'éprouve vis-à-vis de la doctrine catholique romaine du pape. Cette amertume se teinte d'effroi quand je songe à ceux qui restent attachés à ce folklore ésotérique, dont certains proches parents et anciens amis.

Sachant la tournure de fantaisie baroque prise par la doctrine catholique romaine, dans laquelle les chrétiens sincères ne peuvent que s'efforcer d'élucider la dimension apocalyptique, il faut être fou pour demeurer dans une telle nef, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne marche pas sur les eaux, mais paraît au contraire presque engloutie par elles. Or, dans quel évangile la folie est-elle prônée ?

Qui la folie de quelques-uns peut-elle servir - la démence des artistes, par exemple -, si ce n'est quelque oppresseur, appuyé sur elle ?

A quoi sert Benoît XVI ? Il faut encore revenir au chapitre de l'éthique pour le comprendre, éthique dont E. Swedenborg nous explique qu'elle est représentée, dans la vision de Jean, sous la forme d'un dragon rouge. L'expression familière pour qualifier les maîtresses femmes : "C'est un véritable dragon." (ou un "cerbère"), n'est que la reconnaissance du caractère social des femmes et de leur adhésion spontanée à l'éthique. On pourrait pousser plus loin l'étude du symbolisme du dragon, je le ferai ultérieurement.

L'éthique de Benoît XVI n'est même pas conforme à la logique élémentaire de l'éthique. On peut dire d'elle que c'est une langue morte ou un fantôme. En postulant même qu'elle s'applique encore au clergé romain rabougri, on lui dénierait le caractère universel. L'éthique libérale libre-échangiste, qui a des milliards d'adeptes, s'impose par-dessus toutes les autres. C'est ici qu'intervient le pape ; car aucune éthique ne s'est jamais imposée par-delà son caractère fonctionnel, si l'on excepte le domaine personnel du rêve, de la science-fiction ou des fantasmes. La morale évolue au gré du besoin des nations ; si aucune éthique n'a de caractère spirituel, pas plus que l'esthétique ou l'art abstrait n'en ont, c'est pour la raison qu'ils correspondent - éthique, esthétique et art abstrait -, à un besoin, masqué derrière l'argument de la morale pure, vent ou pet selon le besoin, rhétorique merdique de tartuffe soi-disant versé dans l'esthétique moderne ou le cinéma. La règle de vie de l'ascète, elle-même n'est qu'un moyen pour accéder à la sagesse. Pris comme but, l'ascétisme est un masochisme aussi stupide que le régime orgiaque des anciens Romains, ou le gaspillage capitaliste. L'histoire montre la tendance versatile des hommes qui le peuvent, c'est-à-dire les plus hautes castes, à verser d'un côté puis de l'autre. L'esthétique ultra-moderne porte la marque des besoins contradictoires des oies occidentales gavées, mais néanmoins frustrées et qui en redemandent.

C'est la difficulté de faire croire au caractère spirituel de l'éthique moderne qui justifie que la morale pure du pape soit la cible d'attaques incessantes, afin de faire reluire une morale libérale ou républicaine qui, comme les singes, possède le don supérieur d'adaptation à toutes les entreprises criminelles. Le rôle d'idiot utile du pape est celui de conservateur de l'éthique, au nom d'un christianisme étranger à cette matière.

L'apôtre Paul, fondateur du sacerdoce, se garde bien d'invoquer l'éthique ; ce serait convoquer dans le christianisme le régime du droit païen ou la voie romaine assassine qu'il vient de quitter.

L'attachement débile du dernier pape romain à l'éthique a probablement des raisons personnelles. Shakespeare ne fait pas par hasard le portrait des rois chrétiens d'Angleterre frappés de stupidité ou de folie, mais sachant que leur schizophrénie et leur aveuglement sont institutionnels. C'est l'attachement à leur maison qui les prive de raisonner autrement que selon l'éthique, comme s'ils faisaient corps avec elle, ne pouvant imaginer sa ruine ou même l'admettre. Pourtant il est écrit que nous sommes tous frères, et que même Jésus-Christ n'est pas notre père supérieur. On peut donc penser que, si Jésus-Christ a rejoint son père, le seul digne d'être nommé ainsi, sans s'être proclamé le chef des chrétiens, c'est qu'il n'y avait là aucune place à prendre. Le confort de se croire embarqué sur une barque nommée Eglise romaine, censée franchir le fleuve des enfers sans peine, n'est qu'une vaine utopie de bonnes femmes.

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