On constate que la matrice se consolide à la fois de la rhétorique sentimentale et des calculs mathématiques.
Je parle ici sous l'autorité scientifique de Shakespeare, caractéristique du matérialisme occidental en raison de son mépris des mathématiques (dans lesquelles les vieux curés persans pédophiles trouvent la ressource pour abuser les gosses).
Si les chrétiens n'aiment pas les mathématiques, c'est d'abord parce que la conscience des suppôts de Satan est ordonnée selon les mathématiques, de façon quasi-pavlovienne. C'est une bonne façon de reconnaître, dans le christianisme, les faux prophètes, que de savoir déceler la pente ou la dérivation mathématique de leur âme. De même que le goût de la musique fait suspecter, chez un soi-disant chrétien, le bouddhisme le plus éloigné du christianisme. Tandis que le Dalaï-Lama ne doit la vérité à personne, tout au plus quelques bonnes paroles sociales ou disciplinaires, le chrétien, lui, la doit autant qu'il peut.
En causant un jour avec un professeur de mathématiques de New Dehli, curieux d'essayer la rencontre entre ce qu'il y a de plus distant dans l'espèce humaine, un Français et un mathématicien indien, quand pour conclure il me félicita pour ma vivacité d'esprit, je m'aperçus dans sa formule qu'il avait traduit mes dires à l'inverse de ce qu'ils signifiaient, à la manière des femmes qui ne prennent dans ce que vous leur dites, que les fleurs, par crainte de l'évanouissement ; si vous n'êtes pas primitivement d'accord avec une femme, la probabilité est très forte que vous ne le soyez jamais ensuite. Où les mathématiques seraient utiles -pour accorder les couples humains-, elles ne sont pas employées, ou peu, suivant la seule puissance de calcul des femmes. Si les femmes sont exclues de certains cercles maçonniques, c'est parce que le sens de la géométrie, chez une femme, est inné. Et c'est pour une raison voisine que, dans l'apostasie catholique romaine, les femmes ne peuvent exercer le ministère du culte ; la cristallisation envers le principe féminin est trop forte, d'une certaine façon, pour qu'une femme puisse endosser l'habit de prêtre sacré d'Isis, ou une femme intégrer la franc-maçonnerie traditionnelle. Même si les différences se sont beaucoup estompées, le luthéranisme est un christianisme moins efféminé que le catholicisme romain, proche de l'islam.
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Les probabilités jouent à la fois en faveur des personnes sentimentales, et contre elles. C'est la raison pour laquelle il m'est difficile de ne pas voir la bobine d'un statisticien, sans imaginer le bicorne de cocu triomphant au-dessus. Cette manie des mères de famille nazies de vouloir que leurs fils fasse l'école polytechnique est largement suffisante pour mettre en doute le préjugé bourgeois selon lequel une mère de famille aime son enfant. C'est la principale raison pour moi de ne pas douter de la virginité de Marie : l'amour d'une mère pour son enfant est une théorie du niveau de celle qui consiste à faire passer l'algèbre pour une science, et le féminisme pour une humanisme ; automatiquement, une mère de famille est beaucoup plus proche d'Eve. Celle-ci est naturelle. Marie ne l'est pas, c'est une antifemme au sens où elle domine le mouvement naturel de sa chair et de son âme, ce que l'idée de "virginité" rend bien, à l'opposé de la prostitution ou de la virginité sacrée des païens, qui est une mystique sexuelle.
En même temps qu'il est le plus facile à traduire, le langage mathématique se soustrait complètement à la nécessité d'une traduction. Dans les mathématiques, la poésie atteint son point d'ineptie le plus élevé.
Si le principe de précaution était efficace, on ne permettrait pas à des types comme Einstein ou tous les tocards qui grouillent dans les universités yankees de se divertir en dehors d'asiles d'aliénés bien gardés par des flics bornés. Même les ingénieurs, dont on sait que la conscience et l'humanisme se limitent au strict minimum, vu le nombre incroyable de machines de destruction massive qu'ils ont inventées, EN TOUTE INNOCENCE, sans compter le fil à couper le beurre, les ingénieurs eux-mêmes se demandent parfois s'il ne manque pas une case à A. Einstein.
Le rapport entre le raisonnement mathématique et le raisonnement sentimental, c'est qu'il part du for intérieur, puis paraît définir ou envelopper quelque chose d'autre, autrui, et se séparer de l'origine, alors qu'il ne cesse en réalité de développer sa toile à partir du for intérieur. Merdre, la science est dite "expérimentale", mais elle part d'une hypothèse, l'origine, dont elle ne se sépare jamais ! Les sentiments visent-ils quelqu'un, ou ne sont-ils pas plutôt arachnéens, un filet jeté sur quelqu'un pour l'attirer à soi ?
La culture de vie satanique est d'ailleurs très proche du sentimentalisme ou du vampirisme, manière de traduire la consanguinité d'une mère et de son enfant.
On peut aussi bien parler de mécanique des sentiments, que du sentimentalisme des mécaniciens ou des mathématiciens. C'est sous le rapport des sentiments que le singe, ou le robot, est le plus près d'intégrer l'espèce humaine, et de lui donner des leçons.
Les savants matérialistes combattent ce type de raisonnement qui a l'inconvénient de substituer le lien social à l'amour véritable, en faisant passer l'attraction entre les personnes, le besoin énergétique qui les lie, non seulement pour un principe régissant l'univers entier, mais en occultant en outre la division qu'il y a dans ces états apparemment unis. Les astres se repoussent-ils comme les amoureux, une fois qu'ils sont sevrés l'un de l'autre ?
Sur le plan scientifique, le raisonnement mécaniste laisse le champ libre à la multiplication des hypothèses religieuses invérifiables, c'est-à-dire à des balivernes scientifiques du niveau de la démocratie dans le domaine politique. Je veux dire par là que cette idéologie est doublement marquée par le sentimentalisme et les mathématiques. Idéalement, la démocratie devrait trouver son point de fusion, si ce n'est déjà fait, avant d'exploser.
Comme la démocratie, derrière le masque égalitaire que son clergé cynique lui fait porter, dissimule un régime concurrentiel, la science polytechnique, animiste et non matérialiste, religieuse plutôt qu'expérimentale, repose sur la concurrence, comme la niaiserie sentimentale trouve son impulsion dans le mercantilisme qu'elle favorise.
Commentaires
" C'est sous le rapport des sentiments que le singe ou le robot est le plus près d'intégrer l'espèce humaine."
Si votre petit paradoxe est vrai sur les "sentiments du robot", alors l'effort continuel des cinéastes populaires américains, de Pinocchio à Intelligence Artificielle en passant par Terminator et Frankeinstein, a été manifestement de camoufler cette forte idée. "Ah ! Une preuve de plus que je suis dans le vrai, le complot des cinéastes contre la vérité ne me détournera pas du salut ! ". Je crois juste moi que vous faites fausse route, que ces médiocres cinéastes américains touchent une vérité plus simple et plus vraie que votre charabia dialectique biscornu ne l'est sous ses prétentions à la clarté française. Le robot, doté de sentiments ? Expliquez-nous ça. Mécanique des sentiments dites-vous. Il y a certes une sorte de mécanique des sentiments qui fait la nature humaine, mais elle n'est en rien déterminée, ni un simple jeu d'information, immanent comme l'est le robot. Le robot n'est qu'un amas d'informations. A vous entendre, les sentiments sont des produits de l'âme et d'elle seule, l'âme un principe mathématique, et ce sinistre principe animateur et calculateur n'est aiguisé, et sauvé, par rien qui soit proprement spirituel. Que répondez-vous dans ce cas à Balzac, qui, sans jouer sur les mots comme un artiste post-moderne le ferait, dit que l'amour est à la fois un sentiment et un art ? L'agape chez l'homme, et même je le crains chez le saint, est toujours mêlé de la condition terrestre qui lui sert de point de départ, ce pauvre corps et cette pauvre âme humaine. Ne dit-on pas que certains saints avaient le don des larmes ? Les larmes, sont-ce encore des stimulis éléctroniques mis dans la caboche humaine par le Diable ? Vous connaissez beaucoup de robots qui pleurent devant la laideur du monde, et devant les supplices des petits enfants du spectacle ? Le robot est au mieux un gestionnaire, au pire perclus d'indifférence et asséché de toute pitié. La pitié est certes un sport de combat, mais c'est aussi un sentiment, et un des plus hauts. Le corps et l'âme sont toujours, ne vous en déplaise, les mobilisateurs premiers, qui ne sont rien certes sans le secours de l'esprit. De l'âme faisons table rase... Le héros froid de Shakespeare n'est pas donné, ni à tout le monde, ni à personne, même le Christ avait ses bouffées de chaleur, sa colère, qui lui venaient de son âme autant que de son esprit. Ses attendrissements aussi, lui le gros dur spirituel. Sans le substrat proprement humain, sentimental sans doute, cette chaleur dont Simone Weil parle, l'homme n'est plus rien qu'une larve désincarnée, mortifiée, démobilisée. Et je n'emploie pas ici le mot de mobilisation au sens militaire, ne vous en déplaise, ni même social, mais au sens le plus élevé de ce qui motive le combat de l'esprit contre le règne sans partage de la sale matière.
Et qu'est-ce que c'est que cet anti-élitisme affiché qui veut retrancher de l'homme du commun toutes ses forces vives impures qui le portent ? Qu'est-ce que c'est que cet anti-puritanisme plus puritain que ma vieille mère, qui veut désincarner le pauvre hère humain, qui n'a pas besoin de ça, lui interdire l'accès aux sublimes musiques, qui seules lavent du monde pourri, et qui sont l'armure du pariah, au moins autant que sa prison dorée. La gloire et le délassement d'après Bach. Gloire du créateur et délassement de la créature essouflée par la chienne de vie. Enlever de Céline le musicien, et il ne reste que sèches brindilles aiguillées par le vide. La petite musique de Céline, comme il l'appelait, c'est la colère brûlante et humide, celle qui voit mieux que les yeux bien secs, qui ne permettent que des vues de l'esprit. La vue du coeur renseigné, en colère trop humaine, bourdonnante rouge de sentiments, bouillonante de sang humain, est la seule qui vaille. La passion colérique soutient la sécheresse de l'exactitude spirituelle. Manier le froid et le chaud, est-ce encore concéder à la pègre terrestre et à son Saint Patron, Satan ? Le reste n'est justement qu'ivresse tiède de logicien, froideur de statisticien mort, vaines dialectiques. Vos équivalences ne tiennent pas très bien, entre le statisticien et l'adolescent en chaleur digéré par le ventre de sa mère, moins encore entre l'artiste et le glaçon.
Vous jetez toujours le bébé avec l'eau du bain carnassier, les sentiments hauts avec le sentimentalisme le plus merdeux, et la morale salvatrice avec le moralisme le plus aisément instrumentalisé par le machiavélisme des masses de cette salope de société.
Pourquoi diable l'homme est-il assigné à rechercher le vrai, si ce n'est pour des raisons morales, ou sentimentales ? Et merde à la fin, qu'est-ce que cet amour que vous avez à la bouche comme un enfant son pouce, s'il n'est ni un sentiment ni un devoir moral ? Encore une entourloupe de pensée magique qui ne pointe jamais son nez... le Messie ? Mais oui... L'abstraction même bien plutôt, l'hypothèse majuscule. Paroles, paroles, encore des paroles... On peut toujours attendre pour le redressement spirituel avec une notion de l'amour aussi chimérique. Et pour l'Apocalypse...
C'est parce que l'on nous l'impose par le très haut que l'on aime, parce que le Bien en dépend, ce Bien qui est la morale même. Ou alors parce que la souffrance des hommes possédés nous est sentimentalement insupportable, et que la liberté des hommes nous est sentimentalement adorable et nous emplit de satisfaction surnaturelle. Sinon allez-y avec franchise, expliquez-moi cet amour libre du sentiment comme de la morale, cet amour surnaturellement cause de lui-même, qui motive vos rotatives infatigables. Êtes-vous branché directement sur Dieu ?
Et puis qu'attendez-vous au juste vous pour publier ? Le déluge ? C'est les types comme vous qui sont censés le faire venir, le déluge. Votre tour d'ivoire anti-publicitaire est le maquis des planqués, votre anonymat masqué le sésame de la non-assistance à personne en danger. Un pauvre blog perdu et un fanzine introuvable ? Même le Christ était un plus fin publicitaire que vous...
Ceci est un message automatique publié par un robot en colère, répondez-y si bon vous semble, moi, je me casse de ce terrier, j'ai d'autres lapins à fouetter. Juste une chose si vous commentez. Quite à répondre, répondez dans le détail, je ne demande qu'a être convaincu au demeurant malgré mes coups d'ailes de coq, et ce sera intéressant je l'espère pour tout le monde, moi comme les trois admirateurs zélés qui arpentent ce terrier.
"ce Bien qui est la morale même" la colère vous égare, elle vous aveugle, d'où qu'elle est un péché. Vous ne voyez pas la mécanique de vos sentiments: "Pourquoi diable l'homme est-il assigné à rechercher le vrai, si ce n'est pour des raisons morales, ou sentimentales ?" admettez au moins qu'historiquement ces raisons ne l'ont pas mené bien loin. Ensuite vous verrez peut-être que c'est justement ces raisons qui l'ont conduit à adorer la petite musique de satan, machinalement. Enfin ça vous éviterait de prendre des hommes attentifs pour de zélés admirateurs.
Putain de moine de robot!
Peut-être nos désaccords ne sont tissés que des malentendus dont est fait la langue, et peut être que tout ceci n'est qu'une querelle de mot.
La morale Fodio a pour objet le Bien et le Mal, comme vous le savez, et un comportement sera dit moral qui tendra vers le Bien. C'est tout ce que je voulais ici dire, et ce n'est pas une vérité bien compliquée.
Ne pas confondre, naturellement avec la moralités bourgeoise et son cortège de totems et tabous religieux, "vous ne pouvez pas dire ça !", "fait pas-ci - fait pas ça", courants alternatifs de l'idéologie et autres girouettes des moeurs sociales, qui varient comme varient les humeurs de maman patrie et de la pédale de papa providentiel qui en tient la bride sado-masochiste.
La charité est donc finalement une affaire de morale en ce sens précis : faire le BIEN en disant le vrai du monde, des êtres, des situations historiques, révéler en un mot apocalyptique, lever toutes les équivoques tordues du faux qui règne, voilà bien une chose morale. Ne pas mentir est un précepte moral, car il vise à la charité, ce qu'on doit aux hommes, leur bien, parce qu'on les aime ou parce que Dieu nous ordonne au BIEN. L'amour bien compris, est donc coincé quelque part entre le sentiment que l'on a des hommes, sentiments de compassion en premier lieu et désire de sauver la pauvre bête prise dans les filets du spectacle et de la société, et la morale, celle qui nous invite à faire le bien, par impératif ou par volonté.
Mais laissons le temps aux lapin de nous localiser plus précisément cet amour dont il a la bouche pleine.
Quant aux admirateurs zélés, taquinerie mise à part, j'en suis, l'admiration pour le travail bien et largement fait n’empêche pas l'attention aux vérités ici dites.
- Quand ils disent que les sentiments sont parfaitement déterminés, vous pouvez faire confiance aux biologistes allemands : en matière de sentiments comme de biologie, ce sont les meilleurs du monde. Prenez 100 biologistes, chez 99% la niaiserie sentimentale sera détectable au bout de deux minutes de test. La volonté est le mode de pensée du robot : ils sont mus sans raison, uniquement par la foi comme les amoureux.
- Substituez la volonté à la pensée à l'échelle planétaire, et vous obtenez le totalitarisme où nous sommes.
- Ni les jeux du cirque, ni le cinéma ne sont des arts "populaires" : ils sont des arts élitistes, et à cet égard représentent le moindre intérêt sur le plan culturel, car l'art élitiste est toujours, depuis la nuit des temps, le plus ennuyeux. Quand un divertissement est emmerdant, on peut être sûr qu'il est élitiste.
-Commes vous avez de longues oreilles monsieur le Lapin.
-C'est pour mieux être sourd mon enfant !
- Si Shakespeare a fait scandale au XVIIe siècle des dévots, c'est pour avoir proclamé que les sentiments "élevés" et ceux du bas opèrent leur jonction à peu près au niveau du nombril.
Toute l'astuce des élites est de proclamer qu'il y a des sentiments "élevés". Avec une malice particulière qui consiste à accrocher le sentiment de la douleur des opprimés aux cimaises des musées. Pourtant même la douleur de l'opprimé est on ne peut plus banale et a la même odeur, maintes fois répétée, que le socialisme.
En quoi je ne vous entends pas bien ? C'est plutôt à force de me répéter le même argument que vous allez finir par m'abasourdir. Il est clair comme de la musique de Vivaldi que ce que vous réclamez n'est pas de jouir tout en étant chrétien, mais de justifier la propriété ou la jouissance comme des buts chrétiens. Vous me faites penser à une mahométane que je connais : elle ne veut pas admettre qu'elle jouit, ni même le mot "jouissance" dans son vocabulaire : pour elle ça signifie la religion de l'Occidental oppresseur. Et quand je lui réponds que, tant qu'elle vit, c'est bien qu'elle jouit, elle ne veut surtout pas en entendre parler. Votre histoire, c'est de même un truc sémantique : et les trucs sémantiques, vous savez très bien où Shakespeare recommande de se les carrer. Alors bonsoir.
Bonsoir en effet !
Le robot enragé a encore frappé !
Ma marotte est tenace j'en conviens, mais calmons-nous un instant, nous sommes entre hommes à la fin ! (Je vous trouve bien sentimental au demeurant de prendre les choses pour vous ainsi et de me renvoyer à coup de "bonsoir" et d'anecdote mahométane, au lieu de me répondre calmement, avec la méthode qui y sied, point par point. Vous n'avez sans doute pas de temps à perdre avec tous les jeunes gens affamés de vos réponses, mais tout de même, je m'attendais à un peu plus d'à-propos, et de charité toute chrétienne. Vous me laissez dans l'ombre malgré mon insistance sur certains points cardinaux dont vous prétendez posséder les lumières. J'insiste cependant : rabaissez-vous juste un instant si ma sottise vous est trop apparente, ça ne vous prendra qu'une petite heure de votre vie tout au plus. Et puis enfin, tout cela n'est sans doute qu'une querelle de mots, de la sémantique d'enculé, j'ai dû mal comprendre votre calme olympien, et prendre votre flegme chrétien pour des chichis colériques. Oublions donc et repartons sur des bases saines voulez-vous ? )
Essayons d'être clairs, un brin de méthode, tentons de nous comprendre, quand le diable ne fait que diviser les hommes de bonne volonté pour mieux régner sur leurs carcasses. Il y a équivoque d'abord quand vous dites que je prône un quelquonque hédonisme. C'est de guerre lasse que je constate l'inclinaison aux sentiments de la bête humaine, de guerre lasse et par réalisme je crois, par une tendresse aussi que vous qualifierez peut-être de faiblesse de caractère, mais qui me semble plutôt relever d'une certaine indulgence charitable pour certains de mes propre penchants, et certains des penchants des hommes ordinaires dont je suis. Simone Weil dit quelque part qu'il ne faut pas élaguer en soi avec trop de rigueur, et j'aimerais être aussi con que cette demie-sainte là. Il y a aussi que je crois impossible la cessation du sentiment chez l'homme, d'où que je parle de réalisme. (Aristote - "Deux choses sont ici à considérer, le possible et le convenable; car le possible et le convenable sont les principes qui doivent surtout guider tous les hommes") Répondez donc à ça : Les conclusions du Christ, ses actes et ses paroles bien pesés, relèvent sans doute de l'esprit et de la raison (sa volonté d'acier dans son calvaire est-elle celle d'un robot d'ailleurs ? La volonté, le fait de vouloir fermement, relèverait toujours de l'absence de pensées ?), mais son impulsion, n'est-elle pas un tant soit peu sentimentale ? Sans le sentiment de la compassion pour la vie des hommes pécheurs, sans le sentiment d'un certain devoir de vérité à leur égard, le Christ aurait-il été autre chose qu'un petit charpentier juif ? N'y a-t-il donc rien de haut là dedans, que bassesse sentimentale ? Pourquoi le Christ fit-il ce qu'il fit ? C'est une vraie question, pas réthorique pour un sou dans ma bouche, mais je n'ai que peu de réponse. J'ai simplement peur qu'en arrachant la racine sentimentale de l'homme, aussi pourrie soit-elle, on le condamne à l'indifférence. Qu'est-ce, sinon la colère où la compassion, qui motivent la soif du bien et du vrai ? Il y a certes l'ambition terrestre, mais elle est bien trop humaine pour avoir servie de fuel au surhumain Jésus Christ. Et encore une fois, d'où procède cet amour surhumain si ce n'est du sentiment ni de la morale (pour ma défense, si je vous abasourdis ainsi de répétitions comme vous dites, c'est que vous ne répondez jamais à ces choses dont vous semblez professer qu'elles sont des évidences, alors qu'elle ne le sont pas du tout pour moi et que mes questions sont véritables)
Musique maintenant ! La musique n'est pas seulement une petite question de jouissance, ni seulement un vague plaisir pour bourgeois, ni même seulement un amuse-populo qui le détournerait de la vérité (Notez bien que je dis "pas seulement"). Elle me semble une chose salubre à doses modestes, un délassement qui m'apparait par certains côtés salutaire. C'est l'abandon du monde logique pour mieux y revenir. Au mieux, la musique est un repos du guerrier, à moins bien sûr d'être un saint que tout repos indiffère. (et je comprends de mieux en mieux que vous prêchez pour les saints et non pour les hommes du commun, et j'ai l'impression d'avoir un petit mot à dire sur les inclinaisons de celui-ci). Pour rester sur la musique, c'est aussi naturellement une drogue dure, un satanisme ordinaire, et la rime, la poésie, l'art pour l'art, le suréalisme sont dans la plupart des cas autant de déclinaisons sordides de l'impulsion musicale, qui tordent la vérité à leurs petits jeux formels et à leur démagogie spectaculaire-sentimentale. On massacre en sifflant, et la fleur au fusil n'est jamais plus épanouie que sous la petite musique carnassière du patrouillotisme. L'idéologie est musicale, elle tient par les couilles et par le ventre, par le sentimentalisme sans doute. Un exemple parmi des centaines : la pleurnicherie généralisée et les violons de la religion de la Shoah servent d'étouffoir aux cris des enfants palestiniens. La musique couvre généralement la voix des pauvres - ou l'anesthésie dans le confort tiède.
Mais tombons le masque maintenant : il n'est pas exclu que je défende aussi la musique pour des raisons elles-mêmes sentimentales et admettons hédonistes, comme Rebatet qui écrivit une Histoire de la musique remarquable, le faisait, ce qui signait sans doute son paganisme profond, son attachement aux sentiments et au plaisir. Je crois en effet que la musique n'est pas une chose très sérieuse, même si je persiste sur le côté salutaire d'un certain délassement souligné par Aristote (" Mais bien plutôt, la musique n'est-elle pas aussi un des moyens d'arriver à la vertu ? Et ne peut-elle pas, de même que la gymnastique influe sur les corps, elle aussi influer sur les âmes, en les accoutumant à un plaisir noble et pur ? Enfin, en troisième lieu, avantage qu'il faut joindre à ces deux-là, en contribuant au délassement de l'intelligence, ne contribue-t-elle pas aussi à la perfectionner ? "). Souligné aussi par Bach ("la gloire et le délassement") et Weil (Weil parle je crois du caractère reposant pour l'esprit de se "tremper" ainsi dans les mélodies calmes et naïves des chants grégoriens, ce sont mes mots, je retrouverai le passage si vous êtes intéressé ). Mais qu'elle ne soit pas une chose sérieuse ne lui enlèverait pas grand chose si elle n'était pas une chose aussi dangereuse, la langue du diable même, ce flûtiste hors-pair qui mène les hommes à la boucherie en leur gavant le coeur de mélodies mobilisatrices. Dans mon amour de la musique, c'est en effet ici l'hédonisme qui doit prédominer, je veux bien l'admettre et il faudrait encore épiloguer sur le salut par le plaisir, ce que je ne ferai pas. Je laisserai ce travail à Sollers et à Nabe, ces deux demi-chrétiens païens comme des cochons, dont j'aime beaucoup le plus jeune des deux. (Je ne comprends pas comment vous pouvez mettre en lien ce Nabe, qui n'a rien de commun avec vous, lui qui ne jure que par le style, le jazz, les femmes et le cinéma, la sexualité aussi. Il conchie bien la politique, et en particulier la république, mais ce n'est pas grand chose, une anarchie bien partielle et conjoncturelle comparée à la vôtre, et je ne dis pas ça pour vous flatter, Lapin.) Je leur laisse car si je suis intéressé par ces considérations sur le bonheur (idéal sénile) et la joie (chose beaucoup plus motrice, dans toutes les directions les plus contradictoires hélas), je le suis tout de même moins pour l'instant que je ne le suis à tirer au clair le Christ. (Il n'est pas exclu que l'on puisse réconcilier une certaine joie avec le christianisme d'ailleurs, comme Chesterton tenta de le faire. Les évangiles ne rient pas, je sais bien, mais ce n'est pas une raison pour interdire à l'homme le rire, celui de Rabelais, de Swift ou de Kafka ayant ma préférence, mais aussi ceux de Jarry et des Marx-Brothers, ces anarchistes qui foutent à poil le social)
Je ne suis pas chrétien au demeurant, je me tate encore. Je suis d'extraction musulmane par ma grand-mère, bien que n'ayant jamais été pratiquant ni même croyant moi-même. Sinon je suis juste un jeune ex-racaille sur le retour, un peu las de jouer au guignol nietzschéeo-nabien, et qui cherche la vérité comme il peut, malgré les obscurités ici et là. J'essaye donc de comprendre un peu le christianisme mais vous êtes le seul catholique qui me semble véritable parmi les vivants croisés ici et là, et vous n'êtes pas très pédagogue. Moi qui croyais que catholique signifiait universel, c'est la douche froide, il est cher payé votre universel. Pour le dire autrement, vous allez trop vite pour moi, et vos saillies synthétiques lancées à coup de tirets ne m'éclairent pas vraiment. Enfin, vous trouverez sans doute que j'ai des hétérodoxies hideuses à mêler ainsi le chaud et le froid, la jouissance à la vérité, les sentiments à l'amour, mais c'est l'état actuel de mon instruction, et je trouve que je tiens plutôt le bon bout. Encore deux-trois ans et je serai plus définitif sur la nécessité ou non de séparer ces choses qui me semblent trop bien liées pour l'instant, et d'un lien trop nécessaire pour qu'on le violente comme vous le faites si bien.
Quant à mes éloges de la propriété, citez-moi, je ne vois vraiment pas.
Merci d'avance, bonne continuation et autres salamaleks obséquieux de votre choix. Non vraiment, ne jouons pas au mendiant ingrat : merci d'avance et bonne continuation.
- Contrairement à toutes les autres religions, le christianisme n'impose à l'homme aucun devoir. C'est en cela qu'il est scandaleux. Il scandalise les pharisiens, il scandalise le fils aîné du père, il scandalise l'ouvrier de la première heure, il bouleverse Marthe, il scandalise Judas, il scandalise le monde. C'est aussi pourquoi le christianisme rend impossible l'institution chrétienne : il n'indique ni ne suggère aucune méthode. La charité n'est pas une méthode.
- C'est encore pourquoi le christianisme ne prévoit pas de soupape : ni fête, ni musique, ni rituel, ni offrande à Dieu pour se le concilier et lui demander moins que ce qu'il a déjà offert (non pas la vie, mais le salut), rien de tout ce que Nitche appelle "morale pure", et qu'il reproche à Jésus-Christ d'avoir aboli, non pas pour toute l'humanité, mais pour les seuls hommes qui veulent le suivre. Et, par avance, Jésus sait qu'il y en aura peu, et que rares seront les hommes qui, comme à Hamlet, affirmeront que, puisque la vie est absurde, l'homme doit penser contre elle.
- Les Evangiles ne rient pas, non pas parce que l'absurdité de la vie n'a pas de quoi faire rire, contrairement aux bêtes qui accomplissent leur devoir sans moufter, mais parce que Jésus n'a pas besoin de cette soupape indispensable aux hommes pour mettre leurs souffrances et leur destin macabre entre parenthèses. Jésus ne joue pas de la guitare à ses apôtres, parce qu'il n'est pas là pour les consoler. Le rire n'est pas éloigné du suicide et d'une lucidité plus grande que celle du commun des mortels. Jésus ne rit pas, parce qu'il n'est pas mortel.
- De ne pas avoir écouté Jésus, les hommes se sont exposés au devoir le plus absurde, et qui ne remplit même plus sa fonction d'ordre : le devoir de jouir. Une partie de l'humanité endure l'esclavage pour permettre à l'autre de courir après un plaisir qu'elle atteint plus difficilement que jamais. Dans cet ordre éthique d'une cruauté redoublée, le chrétien reconnaît la marque du diable - dans la guerre, l'effritement des doctrines sociales factices pour faire place à la réalité de la concurrence féroce entre les hommes de devoir.
- Il est regrettable qu'aux questions de Simone Weil, les clercs imbéciles qu'elle questionnait n'aient répondu que par des énigmes, car il y a des traces chez Simone Weil de dolorisme et d'hédonisme (l'un ne va pas sans l'autre), c'est-à-dire d'un sens du devoir inutile pour combattre l'iniquité comme il faut. C'est un drôle de procédé de la part d'Ellul, après avoir constaté les ravages de la science juridique et de l'éthique, et l'instrumentalisation du christianisme par ce biais, de se demander quelle éthique nouvelle inventer, qui ne serait pas une trahison ? Shakespeare a déjà répondu à cette question : éthique et culture poussent naturellement sur le terreau de l'imbécillité. Contre l'éthique et la culture totalitaires, il y a plein de possibilités, toutes plus improbables les unes que les autres. Si par l'éthique ou la musique, vous entendez ce qui comble votre appétit et vous permet de survivre, eh bien resservez-vous de la compote, je n'ai rien à dire là-dessus.
Lapinos, j'avais évoqué dans un commentaire précédent, la prise en compte, nécessaire à mon avis, des sentiments comme de vulgaires rots. Et vous m'aviez répondu entre autre, que même Sade n'arrivait pas à ce degré d'animalité, si j'eu bien compris. Cette idée me vient surement d'un héritage culturel bouddhiste, dans lequel est préconisé certains moyens habiles de salut par la sortie du cycle des réincarnations. Idée qui sonne juste avec celle d'une émancipation du rythme musical qui viendrait faire l'éloge, à votre sens je pense, du foutoir calculé de la nature (corrigez moi si vous en avez le temps).
Dans sa forme originelle, le bouddhisme reste une forme non institutionnelle et très simple de spiritualité basée sur la charité (On utilise le mot compassion en occident, mais je ne suis pas sûr que la traduction du sanskrit soit la bonne) et venant créer un gros déséquilibre dans la caste des brahmanes hindouistes. J'ai du mal à comprendre comment vous pouvez donc balayer d'un revers de la main cette forme de spiritualité, à moins que vous vous en référiez pour l'analyser aux relais que peuvent en faire les articles de magasines pour femelles en manque de plénitudes.
Pour en revenir aux sentiments, on est d'accord sur le fait qu'il relève du surnaturel de s'en libérer. Les rejeter en bloc, ainsi que la musique, ne met donc pas à l'abris l'homme qui a baigné dedans, de fondre en larme en se faisant surprendre par une chanson de Bruel dans un rayon de supermarché en achetant sa compote.
C'est un sujet sensible que sont les sentiments je trouve.Les défendre revient à passer pour une fiotte, tandis que les attaquer à un bourreau.
- Que répondre à cette question si proche de celle de Médusa que : pour un chrétien, le bonheur ne va pas au-delà de la bonne santé, ni plus ni moins. C'est ce qui interdit au chrétien, non pas d'être heureux, mais d'accorder un quelconque crédit à une spiritualité qui prendrait en compte la question du bonheur, et de mépriser toutes les doctrines sociales, sans exception, dont c'est l'argument de vente principal ; en outre, historiquement, plus ces doctrines ont renoncé tactiquement au régime de caste d'où elles partent initialement, moins elles se sont montrées capables de procurer ce qu'elles promettent - le plaisir ou le bonheur autant que possible.
- S'il y a quelque chose de social dans Marx, en tant que chrétien je le rejette. Mais la vérité, quand on s'approche de Marx au plus près, est que, s'il n'est pas totalement pur du socialisme, il est le penseur de son siècle qui laisse le moins de place à la machination sociale.
- Pour parler de Bouddha en particulier, que j'avoue mal connaître tout en avançant l'excuse que les bouddhistes que j'ai pu rencontrer m'ont toujours fourni des explications très floues, Bouddha m'apparaît comme la feinte moderne qui consiste pour les souverains de paraître s'intéresser au peuple et à ses condition de vie. En cela je trouve le bouddhisme très bien accordé à la démocratie, néanmoins la sincérité de Bouddha lui-même (qui n'y change rien). Ce n'est peut-être pas votre cas, mais tous les bouddhistes que j'ai rencontré croyaient dans la démocratie, ce qui est du point de vue français la preuve d'un grand déficit d'esprit critique.
- De surcroît l'engouement pour le bouddhisme, en Europe, vient d'Allemagne, c'est-à-dire de la nation philosophiquement la plus médiocre, dont la philosophie n'est pas "amour de la sagesse" mais "amour de la vie", et qui même dans ce dernier domaine n'est pas parvenue au point d'excellence d'Epicure ou d'une bonne bouteille de Bourgogne. Il ne vient pas de la curiosité des Allemands pour l'Orient, mais du monachisme, que les Allemands n'ont jamais surmonté que dans quelques penseurs.
Les moines européens pensaient comme des bonzes dès le moyen-âge, et des tocards comme Schopenhauer, Nitche, Hegel, Heidegger, n'ont fait qu'y revenir, alors qu'on sait grâce à Rabelais et Shakespeare que le totalitarisme, en Europe, a été conçu dans les monastères du moyen âge.
L'autre cause du bouddhisme généralisé (l'évêque actuel de Rome tient des discours bouddhistes), est plus subtile et plus intéressante à comprendre que le goût de l'élite pour la phraséologie monastique. Par le freudisme, on peut mieux le comprendre : aussi totalitaire soit notre monde, ou peu de personnes savent où elles vont, et la plupart vont seulement parce qu'on leur ordonne d'aller, il requiert l'interstice du rêve et de la projection dans un monde virtuel ; ce dont les animaux peuvent se passer pour obéir à la nature consensuellement, aucun totalitarisme ne peut y parvenir. Le bouddhisme, qui est une mécanique de l'âme, comme le freudisme, y parvient. De sorte que j'ai pu constater, à cause de ce phénomène mécanique, dans des milieux prolétaires, la conversion au bouddhisme, plus encore qu'au freudisme, équivalent mais marqué par son caractère bourgeois.
- Or, en un sens, selon l'observation de Shakespeare ou de Molière, la mienne, je crois l'accès du peuple à la spiritualité plus facile, pour la raison que l'élite a bien plus encore que le bonheur à perdre dans la vision consciente et réaliste : elle a à perdre son âme et l'au-delà. Si vous voyez un homme d'élite, satisfait de sa position et qui aime prétend aimer le théâtre de Shakespeare ou de Molière, c'est que c'est un analphabète. Nul n'a jamais mis l'inconscient de l'élite en péril que Shakespeare. D'un côté il y a les instruments de musique baroque, de l'autre il y a Shakespeare qui, d'un coup de talon, les écrabouille. L'enjeu est énorme autour de Shakespeare et explique les thèses universitaires de 100 pages pour NE PAS expliquer une phrase de Shakespeare.