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Récidivistes

Tandis que le code pénal s'efforce de dissuader les criminels de la récidive, les intellectuels y sont au contraire encouragés par le code moderne.

Réflexion que je me fais en voyant de nouveau en librairie un bouquin d'Antoine Compagnon, cacouac entre les cacouacs, et auteur il y a quelques années de l'essai le plus débile et confus qu'on puisse écrire sur le thème de la modernité. Le niveau d'abrutissement général jusqu'où les élites françaises ont conduit la France serait sans doute moindre si les intellectuels s'appliquaient le principe de précaution, à la manière de La Bruyère, consistant à laisser mûrir son ouvrage une bonne vingtaine d'années avant de le publier.

Même la manière de BHL de resserrer les boulons de la modernité, avec l'opiniâtreté d'un mécano allemand dévoué à son engin est moins pénible, car plus transparente. BHL a pigé que la propagande passe d'abord par la cinématographie et la télévision, et que c'est sur ce terrain qu'il convient avant tout de donner un semblant de cohérence à l'argumentaire moderne, qu'aucun artiste, philosophe ou savant ne cautionnera, étant donné le but poursuivi par l'art moderne de rendre justice à la médiocrité.

Maître Bernard (je le surnomme ainsi étant donné la coïncidence de sa méthode avec celle de Bernard de Clairvaux pour subvertir le christianisme et, déjà, l'ouvrir à la modernité), maître Bernard s'étonne de l'animosité à son égard, alors même que, contrairement à Aragon, Sartre ou Eluard, il n'a encore sucé la bite d'aucun tyran sanguinaire, et sa bouche demeure pure. La réponse est pourtant simple : les Français demeurent assez hostiles aux curés et à leurs sermons. De même les encycliques pontificales sont vaines, dans la mesure où elles ne rencontrent que l'assentiment du patronat démocrate-chrétien, convaincu d'avance de la sainteté de cette rhétorique parfaitement creuse. Tant que l'évêque de Rome ne porte pas atteinte à la vulgate démocrate-chrétienne, il reste un idiot utile dans son habit de lumière, significatif du culte solaire.

Nitche n'a pas tort montrer le caractère catastrophique de l'anthropologie moderne. C'est assez risqué de la part des derniers évêques de Rome de convoquer Nitche, ou même de la part de BHL de simplement l'évoquer. Car l'anthropologie et l'art modernes ne pèsent pas bien lourd au regard de la métaphysique artistique de ce latiniste accompli, qui n'hésite pas à révéler l'origine satanique de la culture de vie latine.

C'est sur la cause de l'anthropologie ou du nihilisme moderne que le raisonnement de Nitche est erroné et celui de Shakespeare-Bacon, au contraire lucide. Le mirage hégélien ou "judéo-chrétien" ne peut faire autrement -et il ne fait pas autrement que s'appuyer sur la science physique de la lumière solaire. On peut dire que la rhétorique moderne est un miroir magique. L'anthropologie moderne répond à la nécessité d'exploiter la lumière solaire. Sur le plan totalitaire de l'exploitation, la physique d'Einstein est valide et confortée, comme un dogme technocratique. Sur le plan du culte solaire, elle est fausse et prive l'homme de la conscience, au profit de l'exploitation. Mais la physique d'Einstein, aussi bien que la rhétorique de Hegel, sont absolument dépourvues de lien avec le judaïsme ou le christianisme. Le sacrifice de la volonté de puissance satanique n'est pas tant au profit des "faibles", selon Nietzsche, que des élites judéo-chrétiennes. De même la démocratie, sur le plan politique, qui ne trouve aucun appui dans le christianisme, et que les masses populaires n'ont jamais réclamé, ni dans l'absolu, ni encore moins suivant la formule d'un étatisme ou d'un nationalisme renforcé.

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