Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Nazisme et satanisme

Dans les documentaires moralisateurs sur le nazisme et Hitler, celui-ci y est fréquemment comparé au diable et à Satan, y compris par des personnes qui ne se déclarent pas croyantes, mais rationalistes. L'éthique, quelle que soit sa couleur locale, scinde les comportements en deux, bons ou mauvais ; par ces documentaires il s'agit de diviser la conscience. Cela donne bonne conscience de penser que Hitler est le diable, et mauvaise conscience qu'il n'est qu'un homme ordinaire. Le raisonnement éthique présente une analogie avec le raisonnement algébrique binaire.

La conscience historique s'affranchit du raisonnement éthique - Shakespeare, Marx -, afin d'élucider ce qui dans l'histoire traduit un mouvement libre de la part de l'homme, et non un mouvement instinctif, caractérisé par la banale détermination binaire relativiste. Un homme doté d'une conscience éthique se satisfaira assez facilement du raisonnement évolutionniste, qui se heurte à la conscience historique. Le déterminisme biologique incite à penser l'histoire en termes de statistique ou de cycles économiques, c'est-à-dire à nier l'histoire par principe, pour tout ramener à la politique, contexte où comme l'indique Aristote, l'homme se comporte de façon à peu près identique à l'animal (travail, famille, patrie).

Hitler et le nazisme, involontairement, ont servi de base à l'éthique la plus indéfinissable qui soit. Elle constitue un facteur d'aggravation de l'irresponsabilité des élites dirigeantes occidentales et un pas supplémentaire vers le nihilisme.

L'attitude du Vatican vis-à-vis du nazisme est la plus équivoque possible, et avec la repentance l'Eglise romaine a donné à l'éthique judéo-chrétienne un tour plus absurde que jamais. Il s'agit d'une démarche juridique institutionnelle, dépourvue du plus petit lien avec le message évangélique. L'Eglise romaine s'est comportée là comme la firme Volkswagen a fait pour continuer de vendre des voitures sans heurter la bonne conscience de sa clientèle. Probablement les athées éprouvent dans cette affaire la même délectation que le juge d'un tribunal d'inquisition. Quel que soit le côté par où on l'aborde, cette procédure sent la tartufferie à plein nez.

On peut s'étonner que le Vatican, peu avare de sermons et d'encycliques, n'ait pas cherché plutôt à élucider le caractère satanique du nazisme, c'est-à-dire à se situer sur un plan théologique, et non de justification éthique parfaitement inutile.

Sur le plan idéologique, le nazisme est un mélange contradictoire de nitchéisme et d'hégélianisme. C'est-à-dire d'un satanisme pur, tel qu'il est proposé par Nitche, et d'un mouvement hégélien moderne, une "culture de mort" et un "nihilisme" tels que Nitche décrit l'hégélianisme. On constate que l'arrière-plan scientifique de l'eugénisme darwinien nazi comporte aussi cette contradiction.

Autrement dit, le nazisme est un satanisme nitchéen dans sa partie la plus spirituelle et dépourvue de solution éthique ou politique adaptée au monde moderne, et hégélien dans sa partie opératoire, celle où le nazisme entre en concurrence avec d'autres nations occidentales. L'aspect satanique seul permet de distinguer le nazisme des régimes totalitaires concurrents, soviétique et capitaliste. Le nitchéisme fait l'originalité du nazisme, mais sur le plan moral et politique il est des plus banals, dans la continuité de la culture de mort occidentale depuis le moyen-âge. Un nietzschéen fera ressortir l'aspect de morale "judéo-chrétienne" hégélienne sous-jacent au nazisme (ainsi que l'a fait Drieu La Rochelle, par exemple), tandis qu'un tenant de l'éthique judéo-chrétienne pointera du doigt l'aspect satanique.

Le Vatican est donc dans une position où il ne peut pas fournir une explication chrétienne, ni même historique, sans rompre avec l'éthique judéo-chrétienne bourgeoise, à laquelle Hegel prête un sens millénariste, ramenant ainsi la fonction mystique du droit au niveau du tribalisme et du culte identitaire. Le millénarisme démocratique des institutions occidentales avec lesquelles le Vatican collabore est impossible à fonder ailleurs que dans l'idéologie hégélienne. D'où l'insistance des cacouacs modernes à répéter en boucle que la philosophie allemande est le summum du raisonnement philosophique, thèse qui se heurte au scepticisme des Français les moins disposés à prendre la religion des élites pour argent comptant.

La philosophie des lumières françaises elle-même n'est présentée aux Français que comme un mouvement de pensée préliminaire à l'hégélianisme, alors que ce que l'hégélianisme traduit, exactement comme l'empire napoléonien sur le plan politique, c'est une sclérose de la pensée des Lumières, la définition à partir de celles-ci d'une logique totalitaire. L'hégélianisme laisse le champ libre à l'expérimentation anthropologique de l'homme sur l'homme, telle que Shakespeare l'illustra avec le personnage de Shylock et sa livre de chair humaine en gage.

L'hégélianisme définit l'élément passif féminin de la culture occidentale en phase terminale, c'est-à-dire la tendance au nihilisme et l'abstraction religieuse la plus froide. On peut prendre l'art de Dali comme l'un des meilleurs exemples de cette tendance macabre : plastiquement irréprochable, nul sur le plan érotique. Les derniers poètes communistes, plus nietzschéens que marxistes, Picasso notamment, introduisent le dernier élément positif dans la culture occidentale, c'est-à-dire les dernières formes qui ne soient pas entièrement passives et anthropologiques, bien que le motif d'ensemencer la culture soit de la part de Picasso inconscient et animal. C'est d'ailleurs la détermination sexuelle et psychologique de la culture qui explique que le judaïsme, et plus encore le christianisme selon l'accusation de Nitche, soit pur de tout mouvement culturel.

Si Shakespeare ne désacralisait pas entièrement l'art, il ne serait même pas capable, comme Nitche en raison du lien satanique qu'il entretient avec la nature, de prévoir le pourrissement de la culture occidentale, en raison de l'usage intensif qui en est fait désormais par les élites de sidération des masses, qui explique l'infériorité de la valeur de la production artistique contemporaine en comparaison de la spéculation monétaire. Dali avait d'ailleurs bien compris l'équivalence de l'art moderne le plus macabre avec la valeur monétaire. C'est également la posture des autorités éthiques, définissant le cadre juridique de l'art, qui est la plus cynique.

 

 

Les commentaires sont fermés.