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L'évêque de Rome et Lucifer

L'actuel évêque de Rome tente dans sa dernière encyclique (Lumen fidei) d'opposer à la lumière solaire des cultes païens sataniques (et de nombreux tyrans modernes, faisant valoir au service d'un culte de la personnalité cet ordre naturel), la lumière chrétienne. Il prétend renverser ici le discours de l'antichrist Nitche, qui dit en substance : l'ordre naturel, et en particulier le soleil, c'est tout : la culture de vie, la création, l'art, la source du savoir ; et la lumière chrétienne, elle, n'est rien qu'une théorie.

Le prophète Job fit remontrance à Iavhé de demeurer invisible et de ne pas se manifester, tandis que les dieux païens, eux, occupaient en quelque sorte "tout le terrain".

- L'évêque de Rome répond que la lumière est divine, et l'assimile à la foi. Première remarque : même s'il indique que la foi n'est pas à l'intérieur de l'homme (comme peut l'être parfois une conviction religieuse intime), mais à l'extérieur, le pape traduit ici la lumière par un vocable humain abstrait, la "foi" ou "l'amour". Chacun conçoit en revanche aisément ce qu'il y a derrière le mot soleil et en quoi consistent ses effets, notamment en termes de vitalité. On ne peut pas dire que l'objection de Nitche soit combattue autrement que par des mots. D'ailleurs Nitche reproche au christianisme de se retrancher derrière des abstractions et des idéaux qui n'ont, pas plus que les postulats mathématiques, de réalité physique.

- Suit cette tentative d'élucidation du pape : "D'une part, elle [la lumière] procède du passé, elle est la lumière d'une mémoire de fondation, celle de la vie de Jésus, où s'est manifesté son amour pleinement fiable, capable de vaincre la mort. En même temps, cependant, puisque le Christ est ressuscité et nous attire au-delà de la mort, la foi est lumière qui vient de l'avenir, qui entrouvre devant nous de grands horizons et nous conduit au-delà de notre "moi" isolé vers l'ampleur de la communion." Deuxième remarque : la lumière-foi, selon le pape, semble fonction du temps : on ne voit pas en quoi elle diffère du rayonnement solaire, sur lequel les théories physiques modernes s'appuient ? D'ailleurs l'histoire chrétienne, selon l'apocalypse, n'est pas un continuum de temps, mais l'affrontement des forces spirituelles et des puissances sataniques appuyées sur la puissance naturelle. Vaincre la mort, c'est d'ailleurs triompher du temps et de la nature. C'est le b.a.-ba du christianisme : ce n'est pas un message temporel. L'évêque de Rome ne fait que rééditer le coup de la vieille rhétorique hégélienne et son postulat d'une lumière chrétienne providentielle qui anime l'histoire de l'Occident.

Ou bien la morale et les institutions politiques se réfèrent directement à l'ordre solaire, comme ce fut le cas dans l'Egypte antique, ou bien elles n'ont d'appui que dans la pure rhétorique humaine, c'est-à-dire qu'elles n'ont aucun appui. Il convient de le rappeler, puisque la stratégie de Hegel consiste à légitimer à l'aide de grandes phrases un ordre institutionnel judéo-chrétien allemand. La lumière divine est "extérieure" à l'homme dit le pape, avant de s'empresser d'en donner une explication la plus subjective et indéfinie possible.

- Par ailleurs l'évêque de Rome cherche à démontrer le principe du monopole de l'Eglise romaine sur la foi, c'est-à-dire que la lumière passe nécessairement par son intermédiaire. Cependant, non seulement l'Eglise romaine est la matrice des nations occidentales modernes, dont la puissance est largement technocratique, mais elle encore actuellement sous la tutelle de ces nations. Quant à l'unité de l'institution ecclésiastique, dont l'histoire montre qu'elle n'a existé que le temps de l'usage par cette institution de moyens juridiques coercitifs, cette unité est celle de la Jérusalem céleste. Il n'y a aucun moyen de fonder une citoyenneté chrétienne sur les évangiles. Seul un imbécile peut avoir oublié l'effrontement sanglant des nations chrétiennes, ou tout miser sur la démocratie pour y remédier. Le pape ferait mieux ici de chercher à l'élucider le sens apocalyptique de ces affrontements entre judéo-chrétiens. Au monopole institutionnel, on peut opposer le sacerdoce selon saint Paul, et : "Car un seul est dieu ; un seul aussi est médiateur entre dieu et les hommes, le Christ Jésus homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous : le témoignage en est rendu au temps voulu, et c'est à cette fin que moi j'ai été établi prédicateur et apôtre, - je dis la vérité, je ne mens pas, - docteur des gentils dans la foi et la vérité." (1re épître à Thimothée, II, 5). L'unité de l'Eglise ou du camp des saints résulte donc de la médiation directe du Christ Jésus.

- Au petit éloge final de la procréation dans le cadre chrétien, un païen nitchéen opposera sans peine que l'intervention du soleil et de la nature dans le mouvement créatif est scientifiquement la plus certaine, outre l'action de l'homme.

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