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Contre Nabe

D'abord, une précision : contrairement à Soral, Dieudonné ou Nabe, j'écris sous couvert d'anonymat. C'est une façon de procéder parfois stigmatisée pour sa lâcheté. Lorsque l'accusation vient du chef de l'Etat lui-même, plus entouré de gardes du corps qu'aucun souverain d'ancien régime ne fut, et entretenant des services de renseignement intérieurs coûteux - cette accusation prête à sourire. Le président de la République s'en est pris ainsi dernièrement à ceux qui, sur internet, menacent l'orchestration de l'opinion publique par quelques éditorialistes.

Si les gangsters procédaient à visage découvert et envoyaient leurs portraits à la police, on se moquerait d'eux ; il en va de même pour la police de la pensée et ses opposants.

Je déplore depuis longtemps l'attitude de M.-E. Nabe qui consiste à accepter les invitations à se produire à la télévision ; elles ont pour but de démontrer que la télévision est garante de la liberté d'expression, et que la dissidence n'a pas lieu d'être. Telles ces gazettes impertinentes, dont l'impertinence se limite à l'exhibition sexuelle carnavalesque, ou la dénonciation de tribunaux d'inquisition qui ne siègent pas en France.

M.-E. Nabe s'attaque donc à Dieudonné et Soral, leur reprochant d'attiser le conspirationnisme ou le complotisme. C'est plutôt étonnant de la part d'un qui se dit chrétien, dans la mesure où l'aspiration à la vérité, par-delà les limites tyranniques ou légales assignées à cette aspiration, est typiquement chrétienne ou juive. Autrement dit, la loi n'explique rien pour un chrétien -elle ne débrouille pas la condition humaine-, par conséquent l'aspiration à la connaissance, contre sa nécessaire limitation par des raisons politiques, est une impulsion chrétienne. Aucun politicien, s'il a deux grammes d'honnêteté (et par conséquent ne procède sous des couleurs chrétiennes), ne prônera la transparence la plus complète, sachant qu'elle aurait pour effet la dissolution de l'ordre politique.

A cause de ce mélange impossible de politique et de christianisme, l'Occident est une civilisation maudite. Maudite par qui ? Maudite par le conspirationniste Shakespeare.

D'ailleurs M.-E. Nabe se dit lui-même le suiveur de L.-F. Céline ; or il a été donné à Céline, à cause de la guerre et comme ses victimes juives ultérieures, d'apercevoir l'Occident tel qu'il est, sans ses habits de lumière humaniste.

Donc le complot n'est pas seulement dans la bouche de Soral et Dieudonné, il est partout, et ce depuis des millénaires.

Et ceux qui corroborent le plus la thèse du complot avancée par Soral et Dieudonné, ce sont ceux qui les empêchent de se défendre dans la presse et la télévision, et produisent des tirs d'artilleries médiatiques propres à ébranler les convictions les mieux ancrées dans la garantie de la liberté par l'Etat républicain et les représentants de la force publique. Aussi stalinienne soient la France et ses intellectuels, la méthode du procès en l'absence des principaux accusés risque d'apparaître vite comme suspecte à tous les actionnaires minoritaires du régime.

Commentaires

  • "A cause de ce mélange impossible de politique et de christianisme, l'Occident est une civilisation maudite."

    "Donc le complot n'est pas seulement dans la bouche de Soral et Dieudonné, il est partout, et ce depuis des millénaires.

    Exact.

    "Et ceux qui corroborent le plus la thèse du complot avancée par Soral et Dieudonné, ce sont ceux qui les empêchent de se défendre dans la presse et la télévision, et produisent des tirs d'artilleries médiatiques propres à ébranler les convictions les mieux ancrées dans la garantie de la liberté par l'Etat républicain et les représentants de la force publique."

    C'est une victoire médiatique, mais une défaite idéologique.

  • On est passé de l’eschatologie à l’expertise – le « Maitre de la terre », à présent, c’est le technocrate, jumeau du banquier comme Prométhée est le jumeau d’Epiméthée : l’un dérobe le feu pour le bonheur du troupeau, tandis que l’autre veille sur l’ordre des ténèbres. Mais le vieux sac à malices de l’Espèce finit par crever d’un seul homme, embrasant ciel et terre de ses mortels éclairs, son tonnerre véridique !

    Dans ces conditions, quelle est la mission de la Loi, l’implacable mandat du politique ? – Rendre le peuple enfin vertueux. Le péché originel est devant nous, vaste champ d’épandages prophylactiques. Aussi la grande pétoche des bien-pensants, à présent, est-elle de donner prise à l’accusation de populisme : la plus unanime, la plus républicaine de toutes.

    Et voilà que Nabe, fort de son gigantesque moi-je d’artiste ubiquitaire, y va de son couplet sur l’Histoire et ses tempêtes insensées. Ces mythomanes déboussolés de conspirationnistes redoutent le hasard, dit-il. Ne sait-il plus que le hasard est le dieu des experts – le contraire exactement de la Providence, grâce des pécheurs ?

    Non seulement Nabe dit n’importe quoi – notamment quant au 11-Septembre –, mais ses balivernes sur la complexité du réel, l’indécision quantique de toutes choses, le battement d’aile de papillon qui déchaine les continents, n’ont pas plus de sens qu’un slogan publicitaire, ou une formule magique. Charlatanerie journalistique. Logique du pitre.

    Tous ceux qui voient partout des conspirationnistes, tous ces conspirologues timorés prétendant même lutter contre ce péché sans pardon, en définitive, reprochent au scorpion de piquer et à l’Oiseau de Minerve – et même au moindre chat de gouttière – d’y voir clair dans la nuit.

    Normalement, le chrétien est mieux trempé que le cynique le plus acquiesçant pour démasquer l’imposture infinie du monde – cette verruqueuse pullulation, dont les ondes putrides submergent nos cœurs.

    Satan règne sans peine sur les Chrétiens depuis que, regrimpés comme des singes dans l’arbrisseau de la science moderne, ceux-ci plaident l’incompétence des élites plutôt que la malveillance intrinsèque du Pouvoir. Je ne cesse d’éprouver la prégnance de tels mantras de profs ou de journaleux, dans mon entourage prudent, lucide, honnête. Au scandale de tous les complices du « plan social » (si je puis dire), confits dans les droits de l’homme et la psychanalyse, qui me traitent de conspirationniste quand je les traite d’hallucinés, de tartufes – et surtout d’imbéciles.

  • Comme toujours tu mets le doigt où ça fait mal. L'anonymat (relatif) qui nous protège (relativement) des représailles de la police de la pensée nous protège aussi de la publicité, donc de la gloire! Mais ces trois-là (Nabe Soral Dieudo) en ont besoin et ne mesurent pas à quel point ça les empêche d'atteindre la vérité.

  • Ce qui est plus intéressant selon moi dans la méthode de Soral & Dieudonné (vidéos youtube), c'est qu'ils menacent la propagande avec les moyens de la propagande. Le ministère de l'Intérieur est tenté de mettre en place des moyens de censure d'internet, mais craint ce faisant d'apparaître comme le ministère de l'Intérieur russe ou chinois et de déstabiliser entièrement le culte républicain.
    - Le principal mérite de Nabe a été et reste d'empêcher la censure complète de L.-F. Céline, qui ne dérange pas en raison d'un prétendu antisémitisme, mais de tout autre chose, puisque la censure va bien au-delà des pamphlets, et s'étend aux deux principaux romans.

  • Derrière chaque divorce il y'a un sionniste. - Shakespeare

    Mon voisin est un reptilien - Shakespeare

    Si j'ai du mal avec les femmes, soyons clair, c'est à cause du lobby maçonico-talmudo-vétérotestamentaire - Shakespeare

    A qui profite le crime ? - Shakespeare

    Oui, il faut le dire haut et fort, contre Nabe : le conspirationnisme nous rendra libre. Et Dieudonné et Soral sont dans la droite filiation Shakespearienne, comme le prouvent mes citations véridiques (ce sont des passages expurgés de l'oeuvre de Shakespeare, expurgée par la censure judéo-talmudo-atlanto-illuminato-sionniste, naturellement.)

    Pour finir, cet aphorisme, lui aussi censuré, et qui donne un sens à ma vie :

    J'ai un illuminati sous mon lit - Shakespeare

    Tout est dit.

  • Un Complotiste : que la diffusion du savoir ait engendré quelques individus ésotéricos-paranoïaques, c'est un corolaire malheureux, mais il n'est que le fruit d'un instinct dévoyé par trop de pensée analogique (donc le basculement de la Foi du fait religieux au fait de société).

    Mais il y a encore plus paranos que les complotistes, ce sont les anti-complotistes, ceux qui ne voient que voies claires et sociétés bienveillantes, par ignorance ou par ce sentiment illusoire de proximité avec l'ingénierie sociale, peu-importe.

    Votre rire est "la duplicité de votre subjectivité", comme dit Adorno.

  • La duplicité de ma subjectivité, comme vous y allez jeune homme !

    Mais trêve d'Adornerie.

    Votre manichéisme idéologique vous perdra tous à mon humble avis. On est soit complotistes soit anti-complotiste ? On est soit dans le délire borné, soit soudé à la communion sociale ? La peste et le choléra ! Il est très simple pourtant de démontrer que les anti et les pro sont de la même pâte. Des paresseux plus ou moins passionnés. Entre les oeillères des "officialistes" et celles des "complotistes", on peut aussi choisir de ne pas choisir.

    On peut tout à fait constater que le "monde moderne est un complot contre intelligence" comme le savait Bernanos, et même peut être que le monde tout court est un complot contre l'intelligence. La société est un complot contre l'individu, le temps est un complot contre l'éternité, tout ce que vous voulez. Très bien. Mais maintenant, pour dire que tout événement un peu douteux est un complot de fait, et pour affirmer péremptoirement, en s'appuyant sur l’indécrottable axiome soralien "à qui profite le crime", que le crime profite toujours aux "atlanto-sionistes" et que ce sont donc toujours eux qui tire les ficelles des divers faits et des faits divers, il faut avoir bien peu d'égards pour la vérité. Ou alors, beaucoup de stratégie. Soral veut fédérer les déçus du libéralisme, en les soudant dans son gloubi-boulga paranoïaque de "maître intergalactique du logos grec". Grand bien lui fasse ! C'est, à la rigueur, le projet politique qui m'est le moins antipathique de notre vieille France rouillée. Mais je croyais le tenancier de ce terrier plus anarchiste que ça. Le Dieudo-Soralisme est-il parole d'Evangile, depuis que la grosse machinerie médiatico-politique s’emballe contre la paire ?

    Que Nabe vienne chatouiller un peu la "dissidence" pleine d'elle même, cela m'amuse d'avance. Il a intérêt à sacrément élever le niveau, comme dirait celui que ses ouailles appellent "le président Soral". Toutes les accusations vont lui tomber sur le dos : "suppôt de Valls, du sionnisme, de l'Empire", "jaloux du succès de ses ex-amis", "antisémite rénégat".

    J'ajouterais que si Nabe tape à côté, il aura écrit le premier pamphlet fouresto-célinien. On pourra alors définitivement le foutre aux poubelles de l'histoire. Moi, j'attend de lire.


    Enfin, vous devriez faire un tour sur le site d'E&R. Dans les commentaire, ça empeste le mouton "dissident", repus jusqu'à la lie de lieux communs de perroquet. Je n'y ai croisé encore aucun lions.

  • J'ajouterais que le propos de Nabe, pour l'instant, et j'attendrais de lire son livre pour trancher, n'est pas de blanchir à l'anti-conspirationnisme les médias aux ordres. Il le dit assez clairement : la soif de vérité des imbéciles qu'il conspue est la conséquence directe de l'orgie de mensonge que produise les médias. C'est ce carnaval d'illusions grotesque là qu'il risque probablement d'attaquer.

  • "Votre manichéisme idéologique vous perdra tous à mon humble avis. On est soit complotistes soit anti-complotiste ? On est soit dans le délire borné, soit soudé à la communion sociale ? La peste et le choléra ! Il est très simple pourtant de démontrer que les anti et les pro sont de la même pâte. Des paresseux plus ou moins passionnés."

    Vous êtes venu avec vos gros souliers en comparant les propos tenus ici avec du délire mystico-ésotérique, et vous vous étonnez d'être catégorisé ?
    Je ne suis ni complotiste, ni anti-complotiste, mais Chrétien. Et le Christ dit "mon Royaume n'est pas de ce monde". Concluez-en ce que vous voulez.
    Pour ce qui est de la peste ou du choléra, chacun porte en lui ses motivation et son caractère. Dans chaque bord il y a son lot de moutons, de carriéristes et de cocus.
    Quant à ceux qui se disent "indifférents", c'est le fameux million de personne qui était au discours de Pétain, et le même nombre à celui de De Gaulle. Le monde appartient aux opportunistes.

    "Mais maintenant, pour dire que tout événement un peu douteux est un complot de fait, et pour affirmer péremptoirement, en s'appuyant sur l’indécrottable axiome soralien "à qui profite le crime", que le crime profite toujours aux "atlanto-sionistes" et que ce sont donc toujours eux qui tire les ficelles des divers faits et des faits divers, il faut avoir bien peu d'égards pour la vérité."

    Tout évènement douteux n'est un complot de fait que dans la tête des esprits faibles ou vicieux, ce d'un côté comme de l'autre du duo anti-pro. Il en est aussi pour qui s'en dispenser est une défaillance professionnelle : toutes les personnes œuvrant dans l'intelligence scientifique, économique, militaire.
    Soral est souvent raillé pour sa propension à rattacher nombre d'évènements à "l'atlanto-sionisme", soit. Mais quels pays complotent le plus que ceux cherchant à, sans cesse, étendre leurs zones d'influences, leur modèle civilisationnel, et leur maîtrise des grandes routes du commerce ? Quel pays se veut de pure race, et se vante, entre gens du même sang, de mystifier les rois du monde, grâce à sa diaspora et son génie de l'espionnage ? La Paraguay et la Suisse ? L'Inde et la Russie ? Le Brésil et le Canada ? Quel mouvement intellectuel, s'est associé à une mystique déicide négatrice des Evangiles ? Le Kémalisme et le Paganisme ? On est dans les rouages du monde comme dans le commerce : celui qui vend le plus a, mathématiquement, le plus grand nombre d'insatisfaits.

    "Soral veut fédérer les déçus du libéralisme, en les soudant dans son gloubi-boulga paranoïaque de "maître intergalactique du logos grec"."

    Soral veut procéder par médiations. Je ne crois pas qu'il vise de destin politique au sens propre du terme. La faisabilité politique passe par l'adoubement des "forces vives" et des "corps constitués" (la démocratie, cette vaste blague). Il cherche une prise de conscience. On peut dire que c'est chose faite avec la manière dont les médias ont corroboré la thèse Soralienne quant à leur entente. Quant au "gloubi boulga paranoïaque", la manière avec laquelle est financée sa structure passe par une frange de clientèle ésotérique et foutraque. Cela est regrettable, puisque c'est la brèche dans laquelle ses détracteurs s'embarquent. Pour "l'intergalactique", je vous renvoie à mon précédent commentaire. Ne vous étonnez-pas d'être reçu à la hauteur de l'ironie de laborantin que vous véhiculez (vous êtes peut-être un très chic type, si cela se trouve).

    "suppôt de Valls, du sionnisme, de l'Empire", "jaloux du succès de ses ex-amis", "antisémite rénégat".

    Des futurs reproches faits à Nabe par les Soralolatres, celui de "jaloux" est le plus à-propos. Nabe est un adjudant poussant la soladestque à l'assaut de la tranchée ennemie, voulant exalter la jeunesse musulmane à un rôle d'épouvantail de l'Occident, dont Gorbatchev se riait en affirmant qu'il le privait d'ennemi.

    "Enfin, vous devriez faire un tour sur le site d'E&R. Dans les commentaire, ça empeste le mouton "dissident", repus jusqu'à la lie de lieux communs de perroquet. Je n'y ai croisé encore aucun lions."

    Il m'arrive régulièrement de le lire. Mais j'ai renoncé à commenter, autant à cause de ceux qui psalmodient les thèses de Soral comme parole d'Evangile, que de la censure, dès lors que l'on cherche à leur faire comprendre qu'une partie de la littérature vendue sur "Kontre Kulture" leur porte préjudice de crédibilité.

  • L'accusation de manichéisme est souvent de la part de subtils qui finissent pendus au noeud de leur propre raisonnement.

    - En l'occurrence, il me semble que le risque pris par Nabe dans ce qui apparaît comme un revirement, est double ; premièrement, le risque est de tomber dans la subtilité, et qu'on ne comprenne pas ce qu'il veut dire : si Soral et Dieudonné ne sont pas la même sorte de parias que Louis-Ferdinand Céline, poursuivis par la même meute de chacals protégés par le système judiciaire français, que Nabe explique ce qui les différencie.

    - Le second risque est, pour Nabe, de perdre son statut de dissident ; aujourd'hui, les plateaux de télé, c'est comme la Kommandantur naguère, et Nabe le sait parfaitement : ne peut s'y exprimer qu'un collabo ou quelqu'un dont les propos ont été filtrés en amont ou en aval. On ne peut manquer de se dire que lui et son pote Taddéi ont cédé à des pressions.

    - Se démarquer de Soral et Dieudonné, pourquoi pas, je le fais moi-même, mais c'est la METHODE de Nabe et Taddéi qui est contestable, parce qu'ils semblent se joindre aux traqueurs, aux pisteurs et aux chasseurs, qui se servent des dépouilles des victimes juives comme de tenues de camouflage.

  • @ Un Complotiste :

    Il est difficile d’écrire des commentaires dignes du Lapinos-land, aux heures ouvrées. Je vais donc m’en tenir à la forme dégradée, « aphoristique », que prennent invariablement mes brouillons – et sans doute chacune de mes paroles tellement suffisantes...

    *

    La vie est la mélodie du bonheur. La société, l’écho de la pulsation musicale du monde. Tout ce qu’on nous dit est crédible, seul ce qu’on voit est incroyable ; la transparence est dans l’oreille, l’obscurantisme dans les yeux. CQFD. Tout va bien. Le Progrès veille. Pas de vagues. Aimons-nous. Malgré tout, malgré nous. Tout le reste est paranoïa. Les paranos rendent parano. Il faut choisir entre la folie du monde et la nôtre. – « Entre les œillères des "officialistes" et celles des "complotistes", on peut aussi choisir de ne pas choisir. » Pondération, nuance, réserve. Je doute, donc je ne choisis pas : retour malgré lui de l’abstentionniste au bercail citoyen.

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    La démocratie c’est la confiance, la méfiance c’est la guerre ! Les faits sont volatiles et tous les partis sont manichéens ! – Le positiviste sceptique devrait quand même s’apercevoir que la vraie conspiration du conspirationniste, c’est de conspirer contre le conspirologue. Sans le conspirationniste, pas de conspirologue – et sans conspirologue, plus de sceptique positiviste ! – Auquel des deux se réfère en effet, ce prudent qui se croit audacieux, ce lâche qui se dit raisonnable ?

    *

    Des faits de complot évidents, il en est que Nabe et les partisans de l’épochè « anti-idéologique » ne veulent pas voir du tout : par exemple, le WTC7 (je ne relance pas le débat sur le 11 Septembre télégénique, prudemment clos par nos éditorialistes avant même d’avoir fait de l’audimat, non : je teste le rafraichissant concept de conspirologie… C’est vrai que tout débat télé sur le 11-septembre reste un débat télégénique – un débat sur le télégénie de l’Attentat… Le télégénie comme mode de gouvernement terroriste – donc le terrorisme, comme mode de gouvernement télégénique. – Ça me parait sensé…)

    *

    Nabe peut fanfaronner tout son soul, l’effondrement discret d’un troisième gratte-ciel à 17h20 le 11 septembre 2001 n’est matériellement explicable, rationnellement concevable, que par l’utilisation d’explosifs. Un événement aussi miraculeux ne relève pas de l’adhésion facultative, il n’est pas susceptible d’une distraite observation : c’est une sommation intellectuelle carabinée. Sommation d’autant plus impérieuse que le Rapport Kean-Hamilton le passe mystérieusement sous silence : pas un mot dans ladite VO sur ce collapsus magique. D’après les Autorités compétentes, il ne s’est rien passé… O oubli fabuleux… plus louche encore que l’anomalie colossale de la tour folle ! – Eh bien, cette chute libre sans raison démontre en six secondes et demie ce que signifient la « démocratie », toute la politique occidentale, la « mondialisation heureuse »… et ça n’émeut pas Nabe, le philosophe conspirophobe !

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    Les beaux esprits deviennent complètement cons dès qu’ils prononcent le mot « conspirationnisme ». C’est le cas de Nabe. On peut admirer Le Bonheur, Alain Zanini, L’Homme qui arrêta d’écrire, L’Enculé… et trouver affligeants ses commentaires politiques – qui plus est reniements circonstanciés de son propos. Ses engouements ethniques, spirituels, esthétiques, et surtout ses inimitiés plutôt que sa maitrise du sujet, décident de ses anathèmes, enflamment sa logorrhée autoréférentielle. Après avoir ôté toutes choses pour y voir, Nabe s’écoute parler, seul à s’applaudir quand son ami Tarik le Jeûneur tâche de le ramener à la raison. Pour lui, sa passion de l’Islam est intelligence a priori du terrorisme, sa haine des Français le désigne pour les vomir, son esthétisme benoit l’oblige à penser pour tous ledit conspirationnisme… Nabe veut que les Arabes l’aient fait comme il veut que les Noirs soient plus cool que les Blancs ! Question de swing dans la peau et de piqure de cactus au Sahara. – A mon avis, pas besoin de se farcir mille pages d’insultes, de caftage et de ratiocinage sans surprise.

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    La plus belle ruse du Diable, c’est de nous faire croire qu’il existe : voilà toute la thèse diabolique, forcément diabolique de Nabe, conspirologue iconoclaste. En vertu du hasard, il élude le Mal – c’est-à-dire la fatalité. Fort de la complexité (alibi des technocrates et des mondains), il justifie le monde – c’est-à-dire l’inconscience. Forçons son trait caricatural : la complexité du monde atteste la bienveillance du Pouvoir, et vice versa : la complexité du Pouvoir témoigne de l’innocence du monde… Le scandale est relatif, l’impensable impossible. – Soit l'auto-confortation la plus aberrante : je suis tiède, donc le monde est tiède. Balourde hypothèse… à laquelle le bourgeois de tous temps assortit ce prédicat désopilant : Mon pouvoir d’achat est un quotient intellectuel de droit divin… et dont Nabe enfonce le clou, en dissident marteau s’efforçant de réconcilier la Croix et l’Histoire : Ma vocation d’artiste, d’amuseur de bobos, est la preuve de mon art, de mon sérieux critique. – Si le Christ n’est pas ressuscité, il se crucifiera tout seul.

    *

    Ce que le Moderne appelle conspirationnisme, c’est ce que le chrétien appelle politique. Contrairement à vous, cher Complotiste, je ne crois pas qu’il y ait eu complot interne le 11-Septembre : je le sais comme deux et deux font quatre ; sur ce point ma religion est défaite. La thèse de l’inside job n’est pas seulement la plus raisonnable, c’est la seule rationnelle. Toute autre perspective, à commencer par la VO de 2004 (cette attrition forcée), n’est que boniment, contorsion poussée jusqu’au délire institutionnel, l’affabulation collective, le je-m’en-foutisme de masse… Ça ne fait pas de moi un adepte du folklore reptilien, ni de la gnose illuminati – et c’est votre premier message qui me parait « manichéen », en dépit de votre humour ma foi bien sympathique. Le reproche de manichéisme est une fausse pudeur, il ne conjure aucun démon partisan. Il écarte juste du droit chemin de la réalité. Méfions-nous des valeurs, tant que les faits nous forcent. On se laisse pendre au gibet de ses rêves, mais on ne peut danser sur le fil du rasoir (d’Ockham, en l’occurrence).

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    J’ignore si le conspirationnisme s’adresse au cœur des hommes, mais je sais que la conspirologie n’a rien à dire à ma raison. Nous ne sommes pas confrontés à une alternative piégée, mais aux limites de notre conscience acculée par nos sens, à commencer par la logique : toutes les possibilités induites par le cerveau global, inimaginables à la moelle épinière en chef. D’ailleurs il ne s’agit même pas de philosophie politique, de sagesse historique, de platonisme minimal – mais de la survie du langage, de possibilité physiologique du sens. (L’ingénierie sociale s’attaque plus aux neurones qu’à la psyché, ce n’est plus la langue déjà morte qu’elle rabote, c’est le principe vital du langage qu’elle arase, annihilant jusqu’à la faculté d’articuler des mots, si bien qu’on n’aie plus que des nœuds dans les cordes vocales à force de trous dans la tête…) Le roi nu crève nos yeux, depuis que les lunettes déshabillantes sont gratuites… Ce scandale mystique du WTC7 éclabousse le prudent qu’il le veuille ou non : la seule différence avec la Shoah, ce sont les milliards de fuites et, surtout, d’autruches prudentes et ahuries. – Car, de même que l’extrême centre est le vrai fascisme, le positiviste et le sceptique atteints de la même cécité opiniâtre, sont à mon sens les vrais idéologues de ce temps, la vraie graine de canaille. Quel coup porter au flasque ; que répondre au silence ? Comment ne pas se soumettre corps et âme à la dureté la plus inactive : à la douceur la plus passive ?

    *

    Il est un autre idéologue, synthèse bricolée des deux précédents. C'est cet hyper-parano, ce dingue ami à la fois de l’Etat et du Capital, de l’Elite et de la Morale, de la Technique et de la Liberté, des Médias et de l’Intelligence, du Social et de l’Ame, sûr de son fait jusqu'au coma critique et soucieux de son droit jusqu’à l’extase sacrificielle – que j’appelle le conspirologue. Le conspirologue est le souteneur bénévole de la morale de l’Elite – le fondamentaliste pacifique de la véridicité du social. Terre à terre, il croit quand même en lui, la société, l’avenir, toutes les substances célestes. Il est le fidéiste pur, le démocrate en majesté, l’honnête homme enchanté – l’anti-enculé mondain : le seul homme que le monde encule en face ! Ha ha ha ! Tout serait pour le mieux dans son meilleur des mondes, si le conspirationniste n’en saccageait l’ordre, le luxe, le calme et la volupté. – C’est pourquoi le conspirologue, psychologiquement parlant, est d’abord cette espèce d’illuminé catatonique voyant partout des conspirationnistes.

    *

    En vérité, c’est la psychose du conspirologue, épais bouillon de prosaïsme et d’angélisme assassiné, qui décerne au conspirationniste un label d’existence quelconque. Le vrai conspirationniste ne se sait pas tel : il refuse d’être le repoussoir du conspirologue ; c’est le conspirologue qui l’y oblige. L’un ne va pas sans l’autre, qui va très bien sans lui. Le conspirologue est ce phénomène triste : le parasite des pires spécimens de l’esprit.

    *

    Il suffit d’observer – comme chez Taddei l’autre soir – les censeurs monomanes de l’anti-antisémitisme pousser leurs cris d’orfraies paranoïaques, répercutés à l’infini par l’audimat en autant d’échos concentriques, pour comprendre que le conspirationnisme est un mythe inventé par les conspirologues. Et que l’antisémitisme – conspirationnisme des conspirationnismes – n’existerait pas comme hantise terroriste universelle, comme injonction catégorique, sans ces amalgames lamentables. Odieuses lamentations, tout à la fois promesses et menaces, jactance et bigoterie dont l’insignifiance n’a d’égale que la férocité, et dont la seule raison d’être est manifestement de faire advenir la bête immonde, pour la traquer, la réprimer, la maudire en la dépiautant avec sadisme et raffinement – pour s’en repaitre entre équarrisseurs de parias, et jouir ad vitam aeternam de ce monstrueux dépeçage ! – En tous cas, on dirait…

    *

    Le positivisme appliqué du conspirologue l’empêche de saisir l’essence du Pouvoir : l’illimitation. Le conspirologue ne doute pas plus de la rationalité de la technocratie que de sa bienveillance : elle est la légitimité représentative du bon sens et des bons sentiments du commun des mortels. Pour lui, les clivages sont inexistants, tout va dans le sens de l’accumulation vertueuse : pas de scène primitive, juste un cercle vertueux, un processus exponentiel de stabilité à travers les âges… Alors il fait reproche au conspirationniste de son obstination, et même de sa rigueur. Le conspirationniste, cet attardé (comme tous les révolutionnaires, et pas que mentalement) qui ose dire, qui hurle absurdement qu’aucun Pouvoir ne se fixe de limite – que celle-ci lui est imposée par la technique, ou par la force, ce qui revient au même. Le Pouvoir ne bute que sur la Matière – jamais sur l’Idée, jamais sur la chair ni la vie. Le Pouvoir méprise la pensée, est insensible à la chair et compte la vie pour rien. Il exterminera au besoin, comme cela s’est toujours vu faire. Les masques de la société civile – a fortiori libérale – n’y font rien. Le Pouvoir est l’ange de la mort – il ment, c’est un menteur polyglotte, un voleur aux mille mains, tortionnaire plutôt que tueur !

    *

    L’antisémitisme est un phénomène dérisoire que le « fait social total » de l’anti-antisémitisme se propose d’éradiquer. L’antisémitisme n’est rien sans l’éradication. Qu’importe le réel à l’éradicateur dans l’âme ? – C’est toute l’histoire du conspirationnisme, éradiqué en mille pages à paraitre par l’anti-antisémite Nabe.

  • - L'invocation de l'art par Nabe est typiquement catholique romaine. Or c'est Nitche qui a raison sur ce point : le judaïsme et le christianisme sont indifférents à l'art. Comme Nabe pratique en outre un art largement décadent, à l'instar de Rimbaud ou Baudelaire, il n'est ni chrétien, ni antichrétien comme Nitche, il est moderne. Or le point de vue moderne est le plus éloigné du christianisme.

  • Votre prose mérite un blog, Guit'z.

  • J'ai bien ouvert quelques blogues d'apprenti moraliste classique... ils ont tous fait long feu. Alors, comme l'ami Lapinos se charge excellemment du boulot - formulant depuis dix ans, en des termes admirables, mot pour mot tout ce que j'aurais à dire, je me contente d'un petit commentaire occasionnel, quand mon dédain est submergé par l'insupportable et mon delirium par la folie ambiante, et que je m'emmerde au bureau !

  • Je ne suis pas un moraliste classique ! C'est Nitche qui l'est.

  • Non bien sûr. Lapinos n'est pas un fond de commerce féminin, pas une révolution dans le grand répertoire, pas le mot d'ordre intime des pot-pourri...

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