Paul Claudel est, comme critique d'art, ce qu'on fait de pire. La médiocrité des Français en général dans ce domaine tient sans doute à ce qu'ils sont plus artistes que critiques. L'art d'autrui n'est qu'un matériau pour Claudel afin de produire son propre art, comme on arrache les solives d'une charpente en ruine pour fabriquer sa propre couverture. Claudel ne fait pas de la critique, mais de la récupération. Comme la critique n'intéresse pas les bonnes femmes, qui nourrissent plus de passion pour les flèches des cathédrales en rut, Claudel est à peu près sûr que son public n'y fera que du feu.
Diderot avant Claudel fut semblable fantaisiste, qui a fondé en partie la muséographie moderne sur des principes catholiques romains, et fait donc partie du même clergé. Cette dimension catholique romaine de l'art moderne, affirmée et théorisée par Hegel, on la retrouve chez Diderot, plus discrète. Ne serait-ce que parce que l'attachement de Diderot à la musique est typique de l'anthropologie catholique romaine, c'est-à-dire de l'invention d'une dimension anthropologique, dont le christianisme est dépourvu, afin de remettre la définition de dieu et de la foi entre les mains du clergé.
Baudelaire, lui, au moins, a conscience de la dimension satanique de l'art et de l'aspiration macabre de l'art moderne, travaillant à sa propre perte à la manière d'une femme.
Claudel accuse Shakespeare d'être païen. Pourtant l'entreprise de démystification systématique de l'érotisme menée par Shakespeare ("Roméo & Juliette") indique on ne peut plus clairement qu'il ne l'est pas. En effet, il n'y a pas de culture païenne sans cette dimension mystique accordée à l'érotisme. Et s'il n'y a pas de culture chrétienne possible, c'est en raison de l'encouragement à la faiblesse que représente la culture. C'est au contraire l'entreprise de blanchiment de l'érotisme qui est la grande affaire de Claudel et de l'Eglise romaine en général, à travers lesquels ils trahissent leur paganisme.