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Pour en finir avec...

le féminisme.

La réticence des Français au féminisme, contrairement aux Allemands qui sont plus modernes, s'explique parce que le féminisme est largement le produit du cléricalisme. Ce cléricalisme catholique romain, d'un genre un peu particulier, commence il y a plusieurs siècles par l'apologie de l'exemplarité des femmes sur le plan social, prêtes d'une certaine manière à endurer pour le service de la société plus que les hommes n'en sont capables. Le clergé catholique romain a donc très tôt pris parti dans la guerre des sexes pour le sexe féminin. A ce féminisme clérical répondit d'ailleurs une littérature anticléricale ET misogyne (Machiavel, par exemple).

- Anticléricaux, les philosophes des Lumières sont assez peu féministes, même si leur volonté n'est pas exactement une volonté d'abolition de la direction de conscience religieuse, mais plutôt une volonté de la renouveler (en quoi la critique marxiste montre que les Lumières ont échoué, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas "rayonné" ou fondé une culture bourgeoise plus scientifique et moins religieuse que la culture du XVIIe siècle).

- Condorcet tient bien un discours féministe, où il fait valoir le droit des femmes à se livrer à des tâches non seulement ménagères, mais aussi intellectuelles. Mais ce discours ressemble fort à l'exhortation que l'on pourrait adresser à un homme du peuple de se comporter plutôt en roi qu'en homme du peuple, sans lui en donner les moyens. L'idée que la société puisse contribuer à l'émancipation de tel ou tel est un voeu pieux, bien plus qu'elle n'est une science. De la même façon bien des ouvrages intellectuels ne valent pas certains offices rendus par les femmes à la cuisine. Par exemple, toute la sociologie ne vaut pas un verre de vin.

- Presque cocasse le cas du marquis de Sade, que certains moralistes officiels continuent de citer en exemple de philosophe humaniste, quand bien même la haine que Sade nourrit à l'égard de la société se traduit par le fantasme d'étranglement, d'égorgement ou de tortures diverses de femmes réduites à l'état d'objets, sans qu'il entre dans la prose sadienne une once d'humour, ainsi que la bestialité l'exige. Sade bénéficie de la même indulgence dont bénéficient les cinéastes et les publicitaires aujourd'hui, qui sans l'exploitation des femmes ne seraient rien. La fascination pour Sade indique que la passion moderne pour la société et les questions sociales, comme elle est un fanatisme, en réalité s'avère très proche de la haine de la société et de la volonté de la détruire. De même le principal danger couru par les femmes vient de la culture moderne qui tend à en faire un objet de consommation. La propagande féministe contribue largement à faire diversion, c'est-à-dire à pointer du doigt des causes de l'exploitation des femmes qui n'en sont plus depuis longtemps, ou bien ne l'ont jamais été comme la "domination masculine".

- Le discours clérical féministe a évolué en fonction des circonstances économiques, mais cette rhétorique est restée substantiellement la même. Il s'agissait au moyen-âge de faire valoir l'héroïsme féminin sur le plan social, compte tenu des exigences d'une société et d'une culture chrétienne-paysanne. La répartition du travail n'est plus la même aujourd'hui dans l'Occident où la culture féministe s'est épanouie, et qui a désormais "délégué" les travaux de force à des nations inférieures en puissance économique et militaire. L'héroïsme de la femme tient désormais dans sa disposition d'esprit, censée être plus moderne que celle que l'homme. Le sexe féminin sert donc d'emblème ou de drapeau à la culture moderne ; elle est chargée de la démonstration que l'Occident a accompli un progrès. Comme le féminisme clérical médiéval fut dans l'intérêt exclusif des élites de ce temps, le féminisme aujourd'hui est une rhétorique destinée à fournir la preuve de la supériorité de l'Occident dans le domaine moral. C'est un élément de la mystique sociale aujourd'hui comme hier. On peut s'interroger sur sa racine ou son origine chrétienne, dans la mesure où le christianisme est le moins mondain des messages, puisque le lien social y est pratiquement synonyme de péché et de mort. Sous quel effet cette religion du non-engagement social a pu devenir un mysticisme social complet au point de phagocyter dieu ? L'imbécillité des clercs du moyen-âge et de la philosophie allemande subséquente, débouchant sur le grand merdier de la rhétorique américaine, n'est sans doute pas une réponse suffisante. L'argent est un élément du mysticisme social moderne parfaitement laïc, et non moins décisif que la philosophie post-moderne.

- Certaines féministes s'étonnent de ne pas percevoir les fruits du discours féministe, que certains partis politiques ont pris pour "credo", mais que son application concrète ne semble pas préoccuper outre mesure. Pour que le féminisme se traduise par une avancée concrète, encore faudrait-il qu'il ne soit pas un simple "credo" religieux illusoire. De plus c'est comme un être de devoir exemplaire que la femme est exaltée par la propagande féministe, c'est-à-dire pratiquement comme le sont nonnes et soldats, à qui les gratifications les plus symboliques sont généralement offertes. Bien plus cohérent serait un mouvement féministe anarchiste, c'est-à-dire indifférent aux questions sociales, puisqu'il n'y a socialement que deux positions possibles, celle de maître et celle d'esclave, la guerre introduisant dans ce schéma quelques variations, et la ruse permettant aux femmes de se hisser bien au-dessus de certains hommes.

 

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