- N'ayez pas peur ! dit Jésus-Christ à ses apôtres.
Or la peur est le ciment social par excellence ; on ne peut pas parler de régime totalitaire, c'est-à-dire d'un régime asservissant un myriade d'humains (l'aspect quantitatif est une dimension importante du totalitarisme), sans évoquer le chapitre de la peur, d'où part l'adhésion au totalitarisme ; mais on ne peut pas parler non plus de la famille, formule sociale primitive, sans parler aussi de la peur, qui justifie la vie domestique. On voit le Messie, à l'entame de sa vie publique, s'émanciper des affaires et considérations domestiques.
L'indifférence du chrétien aux questions sociales et politiques tient sans doute à ceci qu'il n'a pas peur ; l'avenir est une chose qui préoccupe surtout les lâches - ce qu'il y a de lâche en chaque homme et l'incite à "cultiver ses racines" ou autre religion païenne mystique du même goût.
On peut ainsi aisément relier la peur et l'argent, comme Molière nous y invite dans sa comédie de "L'Avare", où l'argent n'a plus seulement le sens d'une transaction banale, mais une valeur mystique d'assurance, illusoire et analogue à "l'au-delà" de la mort.
On voit que l'avenir est la religion ou la préoccupation des personnes riches, qui possèdent beaucoup d'argent ou de biens.
Le jeune homme riche de la parabole respecte scrupuleusement les prescriptions de la religion juive, mais il ne veut pas renoncer à ses richesses, probablement parce qu'il n'est pas capable de dépasser sa peur, cette peur qui nous éloigne de dieu et nous oblige à garder les yeux rivés sur cette terre comme des lâches.
Commentaires
Cela n'a rien à voir avec le sujet, mais je vient de trouver un extrait assez révélateur, assez "croustillant" sur le Vatican, cela date de 450 ans mais quelque part toujours d'actualité, le Vatican n'ayant jamais servi que ses propres intérêts sous couvert religieux :
CONSEILS DE CARDINAUX AU PAPE JULES III – 1550
« La lecture de l’Evangile ne doit être permise que le moins possible surtout en langue moderne et dans les pays soumis à votre autorité.
Le très peu qui est généralement lu à la messe devrait suffire et il faudrait défendre à quiconque d’en lire plus. Tant que le peuple se contentera de ce peu, vos intérêts prospéreront, mais dès l’instant qu’on voudra en lire plus, vos intérêts commenceront à en souffrir. Voilà le livre qui, plus qu’aucun autre, provoquera contre nous les rébellions, les tempêtes qui ont risqué de nous perdre.
En effet, quiconque examine diligemment l’enseignement de la Bible et la compare à ce qui se passe dans nos Eglises trouvera bien vite les contradictions et verra que nos enseignements s’écartent souvent de celui de la Bible et, plus souvent encore, s’opposent à celle-ci. Si le peuple se rend compte de ceci, il nous provoquera jusqu’à ce que tout soit révélé et alors nous deviendrons l’objet de la dérision et de la haine universelles. Il est donc nécessaire que la Bible soit enlevée et dérobée des mains du peuple avec zèle, toute fois sans provoquer de tumulte ».
(Feuille Bibliothèque Nationale de Paris i089 -°12558 – Année 1550 – Volume II, pp 641 – 850 – Références Fond Latin)