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Gilets jaunes "constituants"

Depuis quelques semaines sont apparus sur les réseaux sociaux américains et en marge des manifestations syndicales corporatistes des Gilets jaunes qui se disent "constituants".

Il s'agit d'une radicalisation du mouvement, comparable à la radicalisation de mouvements écologistes, lassés de pisser dans un violon depuis des lustres et persuadés de ne pouvoir obtenir gain de cause que par l'affrontement des forces de l'ordre oligarchique, tactique qui s'est avérée payante quelques fois.

Ces mouvements de radicalisation sont idéologiquement divisés ; l'oligarchie finance depuis des dizaines d'années différents mouvements écologistes, afin précisément de diviser pour mieux régner.

Le projet de guerre des dirigeants de l'Union européenne, freiné pour l'instant par une opinion publique allemande partagée sur la question (l'Allemagne a fait l'objet d'une attaque conjointe de l'Ukraine et de la CIA), est présenté aux investisseurs privés (le taux d'épargne est élevé en France comme en Allemagne) comme un projet de relance économique d'une Europe aux abois. E. Macron souhaiterait réussir là où Joe Biden a échoué. Mais la bourgeoisie capitaliste a toujours vu dans la guerre un moyen, non seulement de surmonter la crise, mais de raffermir son pouvoir menacé. La seconde guerre mondiale est le produit de la crise économique et de la volonté des élites occidentales d'empêcher l'extension de la révolution communiste.

La radicalisation des Gilets jaunes serait une erreur ; le pouvoir oligarchique n'attend que ça. Son artillerie médiatique n'a jamais été aussi efficace. Elle se ferait fort d'effrayer le corps électoral et tous les Français qui ont encore confiance dans "l'Etat de droit" à la première bavure d'un Gilet jaune. Les médias et les escadrons de CRS forment un cordon sanitaire interrompu, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. L'oligarchie ne redoute que le mouvement de résistance passive massif. Il est rendu difficile par les grandes centrales syndicales.

Par la réforme constitutionnelle, les Gilets jaunes veulent faire obstacle à un gouvernement oligarchique, désormais actionné depuis Bruxelles et non depuis Paris. Le parlement français issu de la constitution de 1958 aura rabaissé l'idée républicaine plus bas que terre.

Là encore c'est une erreur. Elle repose sur l'illusion qu'il suffirait de changer les règles du jeu pour empêcher l'abus de pouvoir de quelques-uns. L'instauration d'une république en France en 1792 n'a nullement changé la donne politique, mais le pouvoir est passé des mains de l'aristocratie à la bourgeoisie. La bourgeoisie enseigne donc logiquement l'illusion constitutionnelle au collège pour persuader qu'il y a eu en 1792 un grand changement de régime. Les propriétaires fonciers ont été remplacés par les capitalistes à la tête de la France.

En restaurant une sorte de monarchie maurrassienne en 1958, le général de Gaulle n'entendait pas ouvrir la voie à un pouvoir oligarchique inféodé aux Etats-Unis. C'est pourtant ce qu'il a fait, car les constitutions ont des conséquences inattendues. Pour s'imposer dans les années 80, le pouvoir oligarchique n'a même pas eu besoin d'abolir la constitution gaulliste.

La règle du jeu - celle que le chef de l'Etat E. Macron applique depuis qu'il est élu - est celle de l'économie capitaliste, très largement planifiée depuis Bruxelles. Pendant ce temps-là, les parlementaires français distraient le corps électoral en s'affrontant sur des thèmes idéologiques - ce jeu-là coûte très cher aux "générations futures".

Un autre exemple encore plus frappant d'échec constitutionnel. Pourquoi Tocqueville n'a-t-il pas pressenti l'échec de son souhait de "démocratie en Amérique", qui a très rapidement (dès le début du XIXe siècle) viré à une aristocratie de l'argent et l'alternance de deux partis politiques actionnés par des représentants du Capital plus ou moins populistes ? Parce que Tocqueville raisonne largement en constitutionnaliste. Il ignore plus ou moins que le dollar peut pratiquement se substituer à l'Etat et interrompre comme lui le cours du progrès démocratique.

S'opposer à la tenue des Jeux olympiques de Paris aurait été plus efficace de la part des Gilets jaunes, plutôt qu'enfiler des perles constitutionnelles. En effet l'oligarchie française engageait dans cette opération de communication sa crédibilité.

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