Pour un chrétien, le socialisme se confond avec ce truc ridicule qu'est la "foi" ou "l'espérance" ; et le doute, par conséquent, avec le pressentiment du socialiste d'avoir été berné par la nature -la sienne, sa mère, les femmes, toutes les choses naturelles.
- Passant par la station Guy Môquet, je lis sur une méchante petite plaque d'acier un bout de la lettre-testament du jeune Guy : "(...) ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose." Je ne vais pas jeter la pierre au petit Guy : à son âge j'étais aussi con et socialiste que lui. Il y a la foi et le doute dans ce testament improvisé, car Guy se demande bien A QUELLE CHOSE sa mort pourra bien servir, comme l'agneau dont le loup s'est approché tout près, à l'aide d'arguments socialistes.
Et je me demande bien aussi, moi qui suis chrétien et donc anarchiste, à quoi peut servir la mort des petits agneaux socialistes, qui se sacrifient ainsi pour l'art abstrait ?
Guy Môquet, si tu avais pu voir à quoi ta mort a servi - des marchands d'arme cyniques se décernant le prix Nobel de la paix -, tu aurais sans doute beaucoup souffert. Sur ce point, Brassens a tort : mieux vaut mourir pour l'art abstrait brutalement, dans la fleur de l'âge, en croyant que ça va servir à quelque chose.