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brigneau

  • Une belle histoire de l'Oncle F.

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    La comparaison avec l’Augustin de Jerphagnon est tentante. Même format, même volume, même volonté de survoler son personnage et de l’éclairer sous un jour nouveau chez François Brigneau avec Mussolini.
    La comparaison s’arrête là, car la tentative de Jerphagnon d’offrir un panorama de la pensée grecque en quelques pages afin de resituer saint Augustin dans son contexte s’enlise à demi dans l’académisme. On bâille très tôt. Brigneau marche d’un pas plus alerte dans les pas du Duce. Peut-être parce que Brigneau ne traîne pas une grosse valise pleine de livres avec lui ? Peut-être parce que le sujet était plus facile ? Pas si sûr. Pas si facile de mettre de l’ordre dans le chaos de l’histoire récente pour dégager une trame.
    Sûrement parce que Brigneau est très bon conteur. D’ailleurs ça s’appelle exactement Si Mussolini était conté. Comme s’il racontait pour ses petits-enfants. Une belle histoire de l’Oncle François (Auto-éditions FB).

    J’ouvre une parenthèse : je devrais sans doute présenter Brigneau, vu que c’est un journaliste-écrivain maudit qu’on ne risque pas d’entendre sur “France-Culture” pérorer sur tel ou tel hors-sujet tiré au hasard. Mais n’y a-t-il pas désormais une pudeur, une réserve à avoir vis-à-vis du tout-venant, sur le sujet des écrivains maudits ? Ils ne sont plus très nombreux, alors on aime autant ne pas les partager avec le premier démocrate-chrétien venu.

    « Je voudrais, mes petits poussins, attirer votre attention sur ceci. Depuis cinquante ans, et plus, les “munichois” sont couverts d’opprobre. “Munichois” signifie abject et lâche. Quand, à 13h30, Daladier atterrit au Bourget, une foule énorme a envahi l’aéroport qui n’est encore qu’un aérodrome. Jusqu’à la rue Saint-Dominique où se trouve le ministère de la Défense, des centaines de milliers de Parisiens, toutes classes sociales confondues, l’acclament. Albert Lebrun, le président de la République, adresse ses félicitations à Daladier. Les messages de compliments affluent. Dans le Populaire, le quotidien de la SFIO, Léon Blum parle de “lâche soulagement”. Se soulager, c’est parfois lâcher. « Depuis la négociation on peut jouir du soleil d’automne », ajoute-t-il, toujours poète. La commission administrative de la CGT déclare que « l’accord de Munich a évité le pire ». Afin de remercier Chamberlain, France-Soir (rédacteur en chef Pierre Lazareff) ouvre une souscription pour lui offrir une résidence secondaire en France. Les dons arrivent en masse. Le président de l’assemblée de la SDN félicite Daladier et le Premier ministre anglais. Ils ont sauvé la paix ! A Paris le 5 octobre 1938 la chambre du Front Populaire approuve par 536 voix contre 75 les accords de Munich. Les députés communistes, qui l’année suivante approuveront le pacte germano-soviétique, ont voté contre. Vive Mussolini ! »

    Je m'attendais à un éloge plus franc de Mussolini dans l'ensemble, mais Brigneau a la prudence de prendre un peu de hauteur et de fustiger plutôt l’impuissance de la France ou le bellicisme d’Hitler et des Anglais.

    Bref, le bouquin léger de Brigneau est parfait si on ne veut pas bronzer idiot à la plage en lisant du Beigbeder ou du Harry Potter (ou du Littell, pour ceux qui n’ont pas encore fini)… avec cette réserve : si on fréquente une plage démocratique, Palavas-les-Flots ou Canet-en-Roussillon, plutôt qu’une petite crique aristocratique isolée, on risque d'indisposer son voisin ou sa voisine de serviette en slip de bain, voire le CRS en faction.

  • Mort aux cons en 2007 !

    En redescendant du sanctuaire de Montmartre où j’avais décidé d’aller réciter deux dizaines d’avés pour le salut de l’âme du raïs Saddam Hussein - cet homme a fait montre d’une dignité exemplaire, surtout dans les derniers mois, une dignité à laquelle nous ne sommes guère habitués sous nos latitudes -, en redescendant par Pigalle, surpris par la tiédeur des marchandes d’amour surchargées, aussi par celle de cette nuit de la Saint-Sylvestre, je songeai à mes vœux du Nouvel An. Pas très original…

    On peut penser dans un premier temps : “À quoi bon appeler de ses vœux l’abolition de la peine de mort pour les assassins si c’est pour désapprouver ensuite mollement qu’on pende le premier aristocrate persan gênant après un simulacre de procès ? Cette coutume des vœux ne fait qu’ajouter aux mille petites hypocrisies d’une époque qui ne songe qu’à se décerner des satisfecits en bouffant de la dinde ! Point à la ligne.”

    Soit, il y a un fond de vérité là-dedans, je n’en disconviens pas, mais l’éducation modérée que j’ai reçue me pousse toujours, après avoir jeté l’indispensable anathème : “Mort aux cons !”, à y ajouter un bémol. S’il y a des vœux pieux, à hauteur de 99,9 % environ, qui n’engagent à rien ni personne, c’est pas une raison pour oublier les 0,1 % restants.

    Ainsi, je ne peux m’empêcher de souhaiter à mes quelques lecteurs sincères d’être, en 2007, beaucoup moins approximatifs qu’en 2006. De grâce, arrêtez de vous payer de mots, ou faites-vous poètes, bordel (mais attention, c’est une profession encore plus sinistrée que celle de pute) !

    Je m’engage à vous y aider le plus possible - disons autant qu’il est permis à un esprit peu patient de faire avancer une mule rétive à travers un col escarpé à l’aide d’une carotte et d’un bâton virtuels.
    Le premier exercice que je vous demande, dès aujourd’hui, c’est de fuir les salles de cinéma où sont diffusés des films français, les pires, et celles où sont diffusés des films américains. Il faut commencer par garder la tête froide, et puis ensuite, des faits, des faits, et encore des faits !

    Beaucoup plus pieusement cette fois-ci, je souhaite qu’après une année 2006 plus favorable encore que les précédentes à la catégorie de "ceux qui ont eu raison après tout le monde" (de Philippe Sollers à Jean Clair en passant par Norman Finkelstein, Guy Sorman, Max Gallo, Renaud Camus, Philippe Muray, Dieudonné, etc.), l’année 2007 soit enfin dédiée aux authentiques pionniers : de Jean Madiran à Nabe en passant par Simon Leys, Tintin, Dominique Venner, Louis-Ferdinand Céline, François Brigneau, Maurice Mazo, Jacques Tati, Baudelaire, Evelyn Waugh, Ezra Pound, sans oublier Karl Marx… il y en a pour tous les goûts, toutes les bourses, y compris les moins déliées.

    Certains de ces "authentiques pionniers" sont décédés, diront les plus attentionnés avec dégoût. Ça prouve bien qu’ils n’ont pas attendu 2007 pour avoir raison, et c’est pas parce qu’ils sont morts qu’il faut les enterrer !