Le dernier numéro de “Beaux-Arts magazine” est consacré à l’érotisme. Un numéro comique. De grands penseurs ont été sollicités par ce magazine destiné à tresser des guirlandes au “marché de l’art” à grands coups de badigeons de litotes et de syllogismes bobos.
Pour faire passer la dynastie Pinault pour une dynastie d’humanistes, il ne faut pas lésiner sur le maquillage, le stuc et les chromes… même si on peut considérer la collection d’actrices sud-américaines entamées par l’héritier Pinault comme un progrès par rapport à la collection de merdes contemporaines de son papa. « Chassez la nature, elle revient au galop », on ne peut pas s’empêcher de penser à cette vieille prophétie en observant les courbes de Salma Hayek, l’élue du millionnaire rouquin.
Nul doute que même Baudelaire, bien qu’il prétende préférer l’art à la nature brute, entre une après-midi à la fondation (sic) François Pinault et une soirée avec Salma Hayek, eût fait le bon choix.
Parmi les grands penseurs sollicités par ce torchon décadent sur papier glacé, cette face de Philistin de Guillaume Durand. Pour qui Guillaume Durand est-il érotique en dehors des pétasses mi-frigides mi-intellos de la Rive Gauche qui lisent “Elle” avec ferveur ? Dans le fond elles rêvent toutes, ces salopes ruminantes, de se faire saillir par un taureau, mais elles ne savent pas faire la différence avec un bœuf.
Au détour d’un paragraphe, une citation de Malraux : « Il faut faire de l’érotisme une valeur ! »
Avec le recul, c’est le côté grotesque de Malraux qui s’impose, cette tête de batracien du monolithique qui éructe des sentences de Sorbonnard incongrues. Complètement déphasé, le Malraux : est-ce la proximité avec l’art de messieurs les professeurs Picasso, Chirico, Derain & Cie qui l’aveugle, au point de ne pas voir, qu’entre le Ve siècle avant J.-C. au moins, jusqu’à Manet ou Renoir, malgré quelques éclipses, l’art occidental fut naturellement érotique ? Malraux était-il capable de VOIR un tableau de Raphaël ou d’Ingres, de Rubens ou de Delacroix, en dehors de la perspective d’en tirer une incantation gaullienne abstraite ?
Il faudra un jour s’attarder sur le caractère typiquement grotesque du gaullisme, qui ne touche pas seulement Malraux, car DeGaulle a aussi un grand corps caverneux, une tournure monstrueuse, non pas de batracien mais pachydermique. Le grotesque gaulliste est complètement involontaire, contrairement à celui de Brueghel ou de Teniers.
S’imagine-t-on à la Renaissance de tels laiderons tenir les rênes du pouvoir ? En coulisses, peut-être, mais certainement pas au grand jour, en face du peuple, qui aurait jeté des pierres à ces gargouilles contemporaines.
Commentaires
François Ier était laid, il était de grande taille et avait un grand nez. Un peu comme De Gaulle...
"Sa taille atteint un mètre quatre-vingt. Sa tête est bien proportionnée, malgré une nuque fort épaisse. Il a des cheveux châtains, bien peignés, une barbe de trois mois d'une couleur plus foncée, un nez long, des yeux noisette injectés de sang, le teint laiteux. Ses fesses et cuisses sont musclées, mais, au-dessous des genoux, ses jambes sont maigres et arquées, ses pieds longs et complètement plats. Il a une voix agréable mais il a la manie « peu royale » de rouler ses yeux continuellement vers le ciel."
C'est quoi cet illettrisme ?? Vous non plus, comme les pigistes de France Inter, vous ne savez plus écrire "de Gaulle" ou "Charles de Gaulle", en séparant les mots et en laissant sa minuscule à la particule ?
Et puis, quel coup bas cet article (pour une fois).
Lol ça me rappelle un poème qui compare la longueur du visage d'un roi à celle d'un chien :-p
Et on tuera tous les affreux!!
Vous êtes plus tatillon qu'une vieille bonne-sœur enseignante gaulliste et républicaine, Richi ! Ou qu'un greffier franc-maçon borné de sous-préfecture. L'orthographe, surtout celle des noms propres, n'est pas vraiment un truc sérieux, mais plutôt une manie de sous-philosophe dans le genre de Finkielkraut, qui grimpe bêtement au rideau après que ses copains ont foutu le feu à la baraque.
L'essentiel, c'est de se comprendre. Dans le cas de DeGaulle, je privilégie l'histoire sur la coutume orthographique récente et je reproduis intentionnellement la typo de ces noms de cyclistes ou de confiseurs belges dont le grand Charles est certainement plus proche parent que de l'aristocratie française.
Notez que je n'ai rien contre la tendance à vouloir être un aristocrate, certes bien plus logique et sincère que la tendance démagogique et hypocrite à se proclamer descendant en ligne directe d'un authentique cul-terreux. Mais, pour porter un blason, il faut au moins une action d'éclat, et je n'en vois pas dans le cévé de la grande Zohra.
Sébastien, je vous retrouve plus provocateur et approximatif que jamais ! Mais, pour une fois, cette citation qui n'est pas de vous, plutôt qu'un vague renvoi à une référence bidon dans Wikipédia, permet de discuter.
1/ La nuque épaisse vaut mieux que le cou de dindon de DeGaulle lorsqu'on a une grosse tête surmontée d'un couvre-chef. Je répète l'observation d'Ingres, un expert, je vous prie de croire autrement plus sérieux que Karl Lagerfeld, que les hommes beaux ont le plus souvent le cou large, solide. Je suis d'autant plus conscient de ce problème que j'ai moi-même un cou trop mince.
2/ Les yeux injectés de sang, c'est le propre des hommes qui vivent au contact de la nature plutôt qu'enfermés dans leur cabinet. Pas seulement des pochetrons. François chassait beaucoup. Voyez les yeux des surfeurs aujourd'hui. DeGaulle, lui, a les yeux châssieux. Les jeunes filles d'aujourd'hui n'aiment sans doute pas les yeux injectés de sang, mais elles ont le goût dévoyé.
3/ Pour mettre un terme à votre propagande, je parle sous le contrôle d'un ami portraitiste, autant il est possible comme Clouet l'a fait en améliorant un peu son modèle de faire de François Ier un bel homme fort séduisant pour une femme en dehors même de son pouvoir, autant l'aspect monstrueux de DeGaulle est un défi insurmontable pour un artiste : la seule solution aurait été d'en faire une figure héraldique.
4/ Citer Charles VII aurait été plus habile, mais Charles VII se cachait plutôt qu'il ne s'exhibait.
Ou vous auriez pu invoquer l'allure générale, qui compte bien sûr aussi dans la beauté, la démarche, ce genre de chose. DeGaulle est plus distingué que Sarkozy qui s'agite au rythme de ses tics nerveux, soit, mais il avait une voix de fausset. DeGaulle est impuissant, et on le sent bien dans sa dégaine d'eunuque géant.
Je le dis avec toute la force de ma mauvaise foi, les beaux n'ont pas de couilles. Un homme d'état beau, c'est complètement décadent. C'est villepinesque.
N'est ce pas qu'il était beau notre défunt roi, Lapin?
Plus beau que Boutef, mais je ne me mouille pas en disant ça, Gretel, et un air de ressemblance avec feu le Comte de Paris, avec le tarin plus épais. Faut pas m'en vouloir si je préfère Cléopâtre.
On mesure bien tout l'intérêt d'un beau pape viril comme Jean-Paul II lorsque la papauté a perdu tout pouvoir temporel et donc spirituel et que le pape n'est plus qu'un symbole. La rupture de Jean-Paul II avec ses prédécesseurs, elle est essentiellement sur ce point. La beauté intimide les salopards également. Dès que Jean-Paul II a commencé a décliné, à plus forte raison lorsque c'est devenu un vieillard cacochyme, les athées se sont rués sur lui comme des chacals, alors qu'il les avait tenus en respect jusque là.
Si Pie XII avait ressemblé à autre chose qu'à une vieille asperge rance à lunettes, Onfray oserait-il le traîner dans la boue comme il fait aujourd'hui ? Je ne suis pas sûr.
Je rêve comme futur pape d'un beau nègre racé et viril (dans le genre de Linford Christie).
(Rendors-toi, Lazare !)
Votre prose est virtuose, pétillante de vie et d'intelligence, cher Lapinos, mais parfois elle griffe et mord comme du Zagdanski !
Voici qui me scandalise, par exemple : "pour porter un blason, il faut au moins une action d'éclat, et je n'en vois pas dans le cévé de la grande Zohra" (l'OAS se survit en ce langage...).
Contrairement à ses successeurs, de Gaulle (en tant que président de la République) reste pour moi l'homme qui a su dire non pendant dix ans aux Américains, à sauvegarder une France consciente de son histoire, attachée à la précision de sa grammaire et soucieuse de transmettre à ses enfants l'essentiel de son patrimoine littéraire.
Après lui, on a cédé sur tous les fronts.
Le résultat, c'est que nous n'avons plus de système éducatif digne de ce nom, que l'Hexagone n'a plus de frontières, et que notre bourgeoisie et nos intellectuels n'ont plus aucune dignité médiatique. Restent quelques livres - mais puisque tout est fait pour que les livres ne soient plus lus... Dignité invisible.
Charles de Gaulle mérite-t-il vraiment votre ire, Lapinos ?
Son action politique - généralement lucide, souvent efficace et plutôt en pente ascendante, contrairement aux rampements et aux louvoiements de celle d'un Mitterrand - méritait-elle d'être moquée et assimilée aux contours flous du physique de l'homme de Gaulle, de cette silhouette prématurément marquée et usée par la vie ? Cette silhouette renfermait - peut-être mal - une énergie tenace, mue par la volonté de faire (encore) quelque chose de la vieille nation France, et une probité sans défaillance... Non ?
Le lien établi, à deux reprises ici, entre "virilité" et "beauté", est très audacieux.
Taureau ou bœuf, z'êtes frustré que les nanas ne rêvent pas de se faire saillir par un lapin, mon civet fumant ?
Laurent de Medicis etait fort laid et en etait marri.Mais n'importe. Je regrette que votre tres pertinente analyse de la laideur gaullienne n'aille pas jusqu'a inclure la laideur pompidolienne, dont Balladur et Sarkozy sont d'ultimes rejetons, affliges de tares manifestes (goitre, tics...).
Désolé, Lapinos, je m'aperçois que j'ai monté en épingle la critique d'un élément tout à fait secondaire de votre chronique.
Vous ayant relu sans m'arrêter cette fois à l'attaque contre le grand Charles, je dois admettre que ce que vous dites de Malraux est très juste (la phrase de lui que vous citez paraît bien sotte).
J'ignore si cela vous intéresse, mais Philippe Muray, dans le premier volume de ses Exorcismes spirituels, opposait la critique d'art selon Malraux à celle selon Bataille pour des raisons voisines de celles que vous avez développées.
Cordialement.
Je précise Ricci, que je n'ai rien à voir personnellement avec l'OAS (Combat perdu d'avance mené surtout par des gaullistes déçus, soit dit en passant.), plus largement, que DeGaulle ou les gaullistes ne m'ont fait aucun tort ni aucun bien : afin qu'on ne m'accuse pas de ne pas être objectif.
Avant de l'avoir lu, je souscrivais déjà à ce jugement de Drieu La Rochelle sur DeGaulle :
« Le général de Gaulle est le point final au ridicule national. »
Même si Mitterrand est trop maurrassien, trop pascalien pour moi, je ne lui donne pas tort sur tout. L'anti-américanisme est autant son esprit que celui de DeGaulle : « L'ennemi, c'est l'Amérique. » a dit Mitterrand, dixit Attali-le-renégat.
Pour le courage personnel, je ne suis pas sûr que Pompidou ou Chirac, voire Sarkozy, en soient moins pourvus que DeGaulle.
Voilà pour l'esprit. Sur le plan politique et social, entre la société civile "gaulliste" issue de la Libération, qui lit de préférence "Le Figaro", et la société civile socialiste plutôt "Le Monde", pour ma part, Ricci, la différence n'est pas bien nette. Le capitalisme selon Michelin ou Leclerc, tartiné de principes démocrates-chrétiens, ou le capitalisme selon Alain Minc, Bernard Arnault, etc. tartiné de libéralisme, le distinguo est artificiel. L'homme occidental imite le singe yanki.
DeGaulle est donc pour moi l'équivalent de Fidel Castro : une grande gueule qui n'a servi à rien. J'ai plus d'admiration pour un type viril comme Saddam Hussein (Pas un canon de beauté non plus, je le concède, mais bien bâti).
Par Verrochio ou Raphaël, Laurent le Magnifique est loin d'être laid, Wolfram ! Par Michel-Ange, il est carrément sublime. Et encore faut-il être sublimable…
Je persiste que si l'ode à Staline par Eluard a déjà quelque chose de ridicule, l'ode à DeGaulle par un poète gaulliste, Mauriac l'a évité, cette ode aurait été carrément bouffonne, du simple fait de l'aspect caverneux du Général-politicien.
Il y a dans les mémoires-pour-cacher-la-vérité du fils à papa DeGaulle (qui lui était convaincu que Chirac était bien l'héritier de son père), un passage émouvant, celui où il raconte comment son père jugea utile de le chapitrer sur la laideur héréditaire des DeGaulle. Évidemment, en démocratie, on ne croit plus aux symboles, seules comptent les définitions interchangeables.
Un dernier point, Wolfram, il faut se méfier de la force de l'habitude et de la routine lorsqu'on observe des œuvres d'art véritables. Tel n'aimera pas Rubens, par exemple, parce que les formes chez Rubens lui paraissent outrées, notamment par rapport aux canons auxquels il est habitué, mettons le type de beauté "karlagerfelien", pour simplifier, une tête de chat, une démarche de pute, des côtes saillantes. L'art occidental suppose une certaine éducation et n'est pas à la portée du premier démocrate venu. Faites un sondage sur cent démocrates, je suis à peu près certain qu'il y en a plus de quatre-vingt qui trouveront que Raphaël, c'est laid ; ils préfèreront Whistler ou Sargent, les connauds.
Ainsi les Yankis, en toute sincérité, préfèrent les tartouillades de Pollock ou les aplats carrés de Rothko à la grande peinture… par routine. C'est ce qui décore habituellement le living-room yanki, au-dessus du canapé design en cuir, ou le hall de leur succursale de la Wells-Fargo.
En visite au Louvre, en arrêt devant un tableau de Guardi, un pote yanki me rejoint et il me dit comme il trouve les couleurs de ce peintre criardes et choquantes. Alors que justement, ce qui était frappant dans ce morceau, c'était l'éclat exceptionnel des couleurs et leur harmonie paradoxale (Allez marier un vert bouteille avec un jaune doré, un lapis-lazzuli et un rose fuschia ! Pour ça il faut tout recréer.)
Seulement voilà, mon pote est habitué aux petits maîtres impressionnistes et à leurs tonalités marquées par un naturalisme plat et naïf (Rien à voir avec le naturalisme de Pisanello ou d'A. Dürer), alors la grande peinture lui flanque la trouille, il se sent intimidé. Comme les démocrates ne s'avouent jamais intimidés, il choisit de mépriser.
(Je suis certainement frustré, mais il est moins certain que ça soit vous la blogueuse célèbre que j'imagine nue à la piscine. Êtes-vous seulement platine et joufflue ? J'ajoute que si chez les hommes l'érotomanie peut être une vertu, chez les femmes c'est toujours un défaut - érotomanie au sens fourni par le Larousse.)
Bah, tu sais, Lapinos, moi la peinture j'y connais que dalle. A part le body painting bien sur.
Bah, tu sais, Lapinos, moi la peinture j'y connais que dalle. A part le body painting bien sur.