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libertaire

  • Fatalités

    L'antienne libertaire conserve son charme, bien que l'homme moderne fasse montre d'une soumission de plus en plus évidente et inquiétante à l'ordre établi ; "inquiétante" si on a le souci de l'humanité ou de la société, plus que de dieu, qui indique, lui, à ses fidèles, de ne jamais avoir peur, en aucune circonstance, même la plus terrible, par l'intermédiaire du Christ Jésus.

    Un chrétien ne combat la fatalité que là où il peut la vaincre ; c'est pourquoi il n'est pas d'exemple d'authentiques chrétiens impliqués dans la politique, en raison des avertissements du Messie de ne pas s'avancer sur ce terrain miné par la fatalité.

    L'antienne libertaire conserve surtout son charme auprès des femmes et des intellectuels, dans la mesure où ceux-ci sont mieux adaptés au monde moderne. La virilité est d'ailleurs souvent stigmatisée comme étant une tare au regard des idéaux modernes, tandis que la suspicion de la culture moderne est pratiquement toujours liée à une forme ou une autre de misogynie. La culture française est particulièrement résistante à l'idée de progrès social, c'est-à-dire moral ou religieux.

    A l'idéal artistique viril et antique, acceptant la fatalité, s'oppose donc un idéal libertaire féminin qui prétend repousser les limites que la fatalité assigne à l'humanité. C'est, ainsi, la fameuse devise de Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient." Il n'est pas difficile de reconnaître ici une version, laïcisée, du catéchisme chrétien, où l'anthropologie a pris toute la place, et la confiance en l'homme remplacé la confiance en dieu. C'est aussi l'objectif le plus abstrait, à l'arrière-plan de la culture moderne, bien que ces deux tendances de la culture occidentale ne sont pas toujours représentées de façon aussi nette qu'elles sont par Simone de Beauvoir d'une part, et Nitche de l'autre, tenant d'un pur conservatisme aux antipodes de l'idéal moderne hégélien de celle-ci.

    La liberté, au stade moderne, subsiste donc sur la plan social à l'état de concept pur, parfaitement abstrait et défendu par les autorités religieuses avec des moyens similaires à ceux employés naguère par l'Eglise pour défendre ses dogmes, où la propagande et la culture de masse jouent un rôle indispensable. Cet objectif énoncé en termes de liberté a donc un but et effet coercitif inconciliable avec la liberté, pratiquement aussi absurde que le slogan "il est interdit d'interdire", où le relativisme en matière de liberté éclate, de façon absurde ou comique, suivant que l'on prend le slogan au sérieux ou comme l'expression de l'appétit de plaisir de l'élite libérale judéo-chrétienne.

    Le christianisme, extérieur au mouvement culturel, n'y est représenté que sous l'apparence subversive de l'éthique "judéo-chrétienne" ; subversive et extrêmement dangereuse, comme toutes les illusions et le point brillant de l'Avenir vers lequel se dirigent le léviathan moderne.