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liturgie

  • Veille de l'Archer

    Le poète, le prêtre et le philosophe. Chacun de ces trois augures assume dans sa langue ésotérique la fonction liturgique, au stade païen, puis chrétien, enfin laïc. Chacun domine son Etat et fourbit l'arche légale d'alliance de l'homme avec lui-même. Même le poète païen ne sacrifie aux dieux que pour mieux les tenir à distance et, en définitive, s'imposer sur la Nature.

    Des traces de ce sentiment subsistent chez Baudelaire, cygne noir polyphonique : païen, chrétien et philosophique à la fois. Et le plus grand mérite de Baudelaire est d'avouer sa possession, sa grippe aviaire. Sensés sont ceux qui prennent Baudelaire pour ce qu'il est : un suppôt ; perdus les autres, qui ne voient pas dans cet aveu l'éclair intermittent d'un fanal.

    La liturgie dit Shakespeare, du moindre rite tribal à la plus grande messe laïque, est toute comprise dans un cercle : le cycle statique de la vie et de la mort. La liturgie est faite de sperme, d'accouchement et de sacrifice. Si bien qu'on peut mettre en parallèle : sexe sado-maso et suicide pour temps d'amour prostitué, avec : tension liturgique pour temps de charité déchue.

    C'est pourquoi tous les progrès de toutes les Eglises viennent de l'extérieur, contre le clergé, pour qui la vie est comme la mort, et la mort comme la vie. L'Eglise catholique, jusqu'à sa mort, n'a eu le choix qu'entre s'adapter ou s'éteindre. La mort de l'Eglise ? Pour les âmes sentimentales, accordons-lui le reste de souffle de l'aïeule reléguée au coin du feu, qui ânone quelque proverbe et s'adonne à des rituels caducs dont elle seule connaît le secret. Mais le débat qui anime l'Eglise sur la liturgie retentit comme une oraison funèbre.

    La liturgie chrétienne est peut-être celle qui, à la fin du moyen âge, s'approche au plus près de la glace brûlante du paradoxe. Le chant grégorien est à la fois la plus sensée et la plus insensée des musiques qui prétend abolir le temps et s'élève vers le silence -chant qui vise le suicide du chant (Ezra Pound n'en est pas loin). Aussi ce choeur ne pouvait-il continuer de battre.

    "Que le prêtre en surplis blanc, sache de l'oraison funèbre être le chant du cygne, pour que le 'requiem' perde ses droits." (W. Shakespeare)

    Si la religion laïque est celle d'un Etat totalitaire, c'est parce qu'il n'y a rien en dehors d'elle.

    Après le temps révolu du poète, du prêtre et du philosophe, est venu celui du publiciste, dont la liturgie immonde, est transparente comme un cristal.

     

  • Censuré

    Commentaire censuré sur le blogue de l'abbé Dominique Letourneau de l'Opus Dei, chrétien-démocrate pratiquant la censure sous couvert d'oecuménisme. La trahison de l'Eglise catholique en général, qui ne date pas d'aujourd'hui, est palpable à travers la négation de l'Histoire à l'intérieur de l'Eglise.

    D. LETOURNEAU : "Loin d’être une simple prière mentale, (la liturgie) s’exprime par les lèvres, elles se traduit par des attitudes corporelles, par des gestes (...) C’est que la Révélation et les saintes Écritures nous apprennent non à dissocier le corps et l’âme, mais à discerner l’unité du composé humain, tel que Dieu l’a créé et que Dieu le sauve. 'Dans l’homme, note Dom Capelle, le matériel et le spirituel ne sont pas juxtaposés, ils sont unis (...) c’est pourquoi un culte purement spirituel non seulement ne serait pas humain et devrait être rejeté, mais il est impossible'.

    Le corps, destiné à la Résurrection glorieuse, est déjà devenu ici-bas temple du Saint-Esprit par le baptême, il est nourri par l’Eucharistie, et Tertullien soulignait dès le début du IIIe siècle que les sacrements sont accomplis sur le corps pour sanctifier l’âme (De resurrectione 8, 3, CCL 2, p. 931). D’ailleurs, il n’est pas de sentiment authentique qui ne se traduise spontanément par l’attitude ou le geste [?] ; en retour, l’attitude, le geste, l’action commandent un tel engagement de tout l’homme qu’ils expriment, intensifient ou même provoquent l’attitude intérieure : sur ce point, la psychologie et la pédagogie modernes confirment avec éclat la tradition des théologiens [??]."

    LAPINOS : "Le caractère conventionnel de la liturgie que vous soulignez (pour ne pas dire "conventuel") trahit que la liturgie est indissociable d'une certaine forme persistante d'animisme qui est la marque du moyen âge.

    En ce sens la liturgie orthodoxe ou celle de la secte lefèbvriste est sans doute indépassable. Elle résiste mieux parce qu'elle est la mieux adaptée.

    D'ailleurs ce que vous affirmez à propos de l'intention et de l'effort pour unifier l'âme et le corps est vrai en général dans le catholicisme (même si un certain nombre de théologiens semblent plus proches de la transe hystérique). L'engagement du corps dans le rituel traditionnel tridentin est justement ce qui le distingue du nouveau rit (les communautés dites nouvelles "charismatiques" ont tenté de restaurer un peu cet "engagement physique".)

    Mais peut-on parler de liturgie en fermant les yeux sur la liturgie de la parole télévisée, du cinéma, sportive, scolaire, de tous les rituels nouveaux qui font que la messe n'est plus qu'une liturgie résiduelle ? Et évoquer la liturgie de la parole sans s'interroger sur le sens des paroles de Jésus : "Ecoutez et comprenez ! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme." Matth. XV, 11

    Et un peu plus avant dans l'explication : "(...) mais manger avec des mains non lavées, cela ne souille point l'homme.", où explicitement le rituel est dénoncé par Jésus comme un pratique pharisienne.

    (J'ajoute à mon commentaire censuré que l'extrait cité de Dom Capelle, qui manque sans doute un peu de recul par rapport à l'autel vu son blaze, est fondamentalement paradoxal et n'engage que lui. La pédagogie et la psychologie à prétention moderne invoquées à l'appui de la démonstration de ce Capelle sont des théories qui révèlent un animisme plus marqué encore que l'animisme médiéval de Thomas d'Aquin, pas très éloigné de l'animisme aryen à connotation nettement démoniaque.)

  • Poignée de cendre

    La querelle entre les partisans et les adversaires de Vatican II, qui porte surtout sur des questions de rituel, est une querelle de sorciers.