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magazine litteraire

  • La vierge et la putain

    Je lis dans un magazine littéraire à se torcher l’affirmation comme quoi Drieu La Rochelle ne fréquentait que des prostituées. Il ne fantasmait, selon le criticule de service, que sur les vierges ou les putains.
    Il ne suffit pas à la critique contemporaine de porter aux nues des niaiseries préfabriquées, il faut encore qu’elle enfonce les écrivains déjà traînés dans la boue par la rumeur médiatique, pour faire voir ses muscles.

    En publiant les carnets intimes de Drieu, ses frasques, le but est double : faire du pognon et contribuer à la morale laïque qui met Drieu à l’index. Je regrette les dictatures où on brûle OSTENSIBLEMENT les livres.

    Rectifions les propos du baveux, faute de pouvoir le rectifier lui-même. Drieu désirait vivement être père ; mais il n’a pas pu. Avec les meilleures excuses du monde, que je suis bien placé pour comprendre.
    Que Drieu lui-même fût un bourgeois, il l’a reconnu, pour mieux rejeter ses vieux oripeaux et apostasier la bourgeoisie et ses valeurs, plus nettement que Flaubert ou Sartre. Drieu explique même dans son Journal que c’est son éducation bourgeoise qui l’a poussé à se faire des illusions sur l’Allemagne nazie, avant de se rapprocher du communisme à la veille de mourir. L’inverse de BHL, en somme, qui ne vomit les nazis que pour mieux lécher le cul des nantis Yankis, nazis mous qui misent sur leurs seules forces spéculatives.

    *

    “Vierge ou putain”, parlons-en, puisque c’est le paradigme de la libido bourgeoise. À tel point que la mode consiste désormais pour une gonzesse d’un milieu bourgeois - ou qui s’en inspire -, à se saper comme une pute tout en arborant des airs de pucelle inabordable et en pratiquant une sexualité de gastéropode.
    Vingt-neuf ans, c’est l’âge moyen pour une femme de son premier moutard ! Ce chiffre en dit long à lui seul sur le puritanisme bourgeois…
    On a beau justifier ce retard par le désir de la femme de se cultiver, de “mener sa vie”, d’achever ses études, personne n’est vraiment dupe en dehors des lectrices de magazines féminins ; un petit tour dans un quartier à femmes de la capitale permet de constater qu’on est assez loin de la joie de vivre exubérante et de l’épanouissement sexuel des films publicitaires. Tout au plus relève-t-on une certaine excitation hormonale en période de soldes.
    La propagande de l’épanouissement sexuel est un vaste foutage de gueule conçu par des agences de pub.
    La bobo-type, “Rive-gauche”, androgyne, récurée jusqu’aux amygdales, est tout ce qu’il y a de plus antisexuelle, un vrai “tue-l’amour”, à moins d’aimer le faire avec une savonnette ou un tube de dentifrice - ou de chercher à marier une gosse de riche pour s’affranchir de l’angoisse du lendemain, comme Drieu fit.
    La consommation de produits dopants et de substances “désinhibantes” en tous genres n’a d’ailleurs jamais été aussi forte.

    Dans ce contexte, la mère de famille nombreuse fait office de repoussoir. On souligne combien de fois elle a dû se priver du plaisir de faire l’amour sans capote ou sans stérilet pour en arriver là ! Son statut n’est guère plus enviable que celui d’une prostituée. Comme celle-ci on la soupçonne d’être trop fourrée avec le sexe masculin, sous sa coupe. Dans Plus belle la vie !, pas de mère de famille nombreuse : c’est incompatible avec un certain niveau existentiel. Lorsqu’on réserve un rôle à la mère de famille, c’est un rôle de comique.
    Dans le même temps qu’il proclame sa supériorité sur tous les autres régimes, le régime bourgeois se suicide doucettement.

    *

    Encore une fois, Drieu n’était pas si pervers que ça. Il fréquentait des putes professionnelles, tout ce qu’il y a de plus normales, avec des seins “gonflés comme des grains de raisin”, et parfois des mères de famille délaissées, faute d’aristocrates. On l’imagine mal exhibant sa bourgeoise dans un cabaret pour se faire reluire, comme c’est la tendance chez certains grands bourgeois maintenant.