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sartre

  • Intellectuels

    Les intellectuels n'aiment guère que l'on dise du mal de leur corporation, qui a dû parfois affronter des mutineries.

    Ah, Sartre a quand même osé dire que "les intellectuels prennent moins de risque que les couvreurs" ; mais bon, c'était justement pour s'assurer une couverture.

  • Déphilosopher

    J.-P. Sartre est curé en diable. Il a joué le rôle de prêcheur pour les ouvriers en manque de prêtres. Même quand il est athée, l'homme est indécrottablement religieux (surtout quand il a été élevé sous la mère).

    Bernard-Henry Lévy poursuit l'oeuvre de Sartre en direction des téléspectateurs. Ceux-ci ne sont pas moins crédules que les ouvriers, mais ils sont plus mous ; c'est pourquoi BHL n'aura pas sa statue en bronze érigée dans un haut lieu symbolique de la foi et de l'espoir.

  • L'Odeur du Danemark

    "Jusqu'à ces derniers temps, les enfants prodigues disaient merde à leurs pères et passaient à la Gauche, avec armes et bagages ; le révolté, c'était classique, se changeait en militant. Mais si les pères sont à gauche ? Que faire ? Un jeune homme est venu me voir : il aimait ses parents mais, dit-il avec sévérité : "Ce sont des réactionnaires !" J'ai vieilli et les mots avec moi : dans ma tête, ils ont mon âge ; je m'égarai, je crus avoir affaire au rejeton d'une famille aisée, un peu bigote, libérale peut-être et votant pour Pinay. Il me désabusa : "Mon père est communiste depuis le congrès de Tours." Un autre, fils de socialiste, condamnait à la fois la SFIO et le PC : "Les uns trahissent, les autres s'encroûtent." Et quand les pères seraient conservateurs, quand ils soutiendraient Bidault ? Croit-on qu'elle puisse attirer les fils, la Gauche, ce grand cadavre à la renverse, où les vers se sont mis ? Elle pue, cette charogne ; les pouvoirs des militaires, la dictature et le fascisme naissent ou naîtront de sa décomposition. ; pour ne pas se détourner d'elle, il faut avoir le coeur bien accroché. Nous les grands-pères, elles nous a faits : nous avons vécu par elle ; c'est en elle et par elle que nous allons décéder. Mais nous n'avons plus rien à dire aux jeunes gens : cinquante ans de vie en cette province attardée qu'est devenue la France, c'est dégradant. Nous avons crié, protesté, signé, contresigné ; nous avons, selon nos habitudes de pensée, déclaré : "Il n'est pas admissible..." ou : "Le prolétariat n'admettra pas..." Et puis finalement nous sommes là : donc nous avons tout accepté. Communiquer à ces jeunes inconnus notre sagesse et les beaux fruits de notre expérience ? De démission en démission, nous n'avons appris qu'une chose : notre radicale impuissance."

    J.-P. Sartre (Situations)

    - Gauche-droite-gauche : le pas de l'oie.

     

  • L'engagement politique

    Je n'ai relevé de tout Sartre et de sa morale de trousseur d'étudiantes nunuches qu'une seule phrase raisonnable : "Les couvreurs prennent plus de risque que les intellectuels."

  • Crash politique

    La foi politique dans l'existence de l'identité de l'homme en tant que partie d'un ensemble moral, cela rend le personnel de la fonction publique à peu près interchangeable, comme les termes d'une équation. Hitler se suicide parce qu'il ne peut imaginer survivre en dehors de son rêve politique. On peut regretter que beaucoup de politiciens libéraux n'aient pas ce courage, confrontés à la banqueroute de leur système.

    On trouvera donc facilement de quoi remplacer le Président Lek Kachinsky et sa cour. Y'a qu'à se baisser pour trouver chez les Pollacks des types capables de faire pousser des missiles US sol-air et les asperger d'eau bénite afin de mieux souiller encore le christianisme. Les soldats de Ben Laden sont plus couillus que ces gens-là.

    Cet accident aérien m'émeut moins que celui d'un jeune con beurré à la sortie d'une boîte de nuit. Après tout la politique et sa religion existentialiste ne promettent plus rien d'autre désormais à leurs artisans qu'un quart d'heure de gloire résonnant dans le coeur de leurs semblables. Kachinsky vient de toucher son dû. Le Point de Blaise Pascal ou le Néant de Sartre ne sont pas totalement stupides, ils sont juste décalés.

  • Ma Vie sexuelle

    Ce qui m'a aidé à me débarrasser du sexe : le tempérament trop prévisible des femmes, ce mélange intime d'ennui et de fantaisie, exactement l'odeur de la société ou des monastères. En un mot, les femmes sont des escargots (j'emprunte la métaphore à Shakespeare) ; en cas de pluie on est sûr de les trouver dehors, et s'il fait trop chaud elles rentrent. L'esprit féminin s'étend de la gastronomie à l'esprit de l'escalier.

    Un monde exclusivement peuplé de femmes, voilà ce qu'il faudrait pour que l'utopie totalitaire ait le plus de chances. Surtout pas de membres virils, c'est ce qui fout le bordel entre les femmes et lézarde tout leur ciment. Ainsi le confesseur dans un couvent, ou le psychiatre dans une famille bourgeoise, soudée par la foi dans l'héritage.

    Je prends pour illustrer mon propos l'exemple d'une jeune et douce étudiante un jour croisée : bien élevée, d'un milieu bourgeois moyen, mais travaillant pour l'industrie pornographique sans complexe afin de se payer ses bouquins et, je suppose, quelques-uns des derniers gadgets hi-fi à la mode, téléphone portable ou autre, dont les jeunes femmes raffolent comme des sacs à main leurs grands-mères. Pas la gonzesse banale me direz-vous, puisque sans complexe ? Et pourtant : le laïus éthique habituel pour justifier son petit business. Une geisha nippone, qui par-dessus le marché a lu Sartre ou Kierkegaard !

    La plus noble idée du coït qu'on puisse avoir à mon sens, c'est l'idée païenne du "repos du guerrier", c'est-à-dire un truc bel et bien social, mais qui ne prend pas au moins les dimensions envahissantes du prêche d'un pasteur puritain ou de la monomanie de Sade. Et vous savez quoi ? Je ne suis pas loin de croire d'après mon expérience que, de la grenouille de bénitier féministe ou chrétienne en passant par le pédéraste, cette manière de concevoir la copulation, "le repos du guerrier", séduit assez largement les foules. Faut-il chercher plus loin la quasi-unanimité des autorités mondaines à défendre le violeur Polanski ? La populace contre lui manifestant plutôt sa haine des autorités mondaines, comme à chaque fois qu'elle laisse paraître son double-jeu.

    Pitié donc pour les petits garçons accrochés à leur mère-épouse (à commencer par mes ex-potes, les pauvres, que je ne crois pas assez stupides tout de même, pour en cas de divorce ou de veuvage prématuré songer à se remarier).

    NB : Je m'excuse auprès de ceux qui détestent les conversations sur le sexe comme celles dont les secrétaires ou les sportifs professionnels sont coutumiers. Ce chapitre intitulé "Ma Vie Sexuelle" est le brouillon d'une brochure que j'écris pour le compte d'un pote sur le thème plus général de la philosophie pédérastique de Frédéric Nitche : pourquoi elle séduit autant les journalistes, etc. (On reconnaîtra qu'il ne s'agit pas non plus d'un énième plagiat de Marx-Edouard Nabe au fait que celui-ci ne va pas jusqu'à dire du mal des femmes, à peine moins intouchables pourtant que les Juifs.)

  • La faute de Xavier Matthieu

    Laurent Joffrin, diplômé en journalisme, à propos des déprédations commises à la sous-préfecture de Compiègne par le syndicaliste Xavier Matthieu et quelques-uns des ouvriers limogés de "Continental" :

    "Il est inadmissible de s'en prendre à un symbole de l'Etat !"

    Un peu plus on croirait que c'est le Temple de Jérusalem que Xavier Matthieu a saccagé comme Jésus ! Même Sartre, pourtant peu révolutionnaire, n'aurait pas osé comme Joffrin-le bobo marquer aussi ostensiblement son soutien à l'Etat.

    On est ici typiquement dans le cas que Karl Marx dénonce : le détournement de la religion au profit de la justification du pouvoir oligarchique. Bien sûr Laurent Joffrin est encore moins capable qu'Henri Guaino de faire un sermon laïc sur la Sainte Mère la République veillant jalousement sur ses enfants, et tout le décorum cartésien qui va avec : ses lecteurs bobo-branchés n'endureraient pas un tel ton, plus susceptible de séduire les retraités alsaciens électeurs de Sarkozy.

    Joffrin ne peut même pas avancer, vu la déconfiture actuelle des cartels, la théorie de l'Etat défenseur de l'intérêt général. Son métier de journaliste se cantonne donc à prendre son auditoire pour un ramassis de crétins confits en dévotion.

    Un autre journaliste, Galtier-Boissière, fondateur du "Crapouillot" après la Grande guerre, malgré son anticommunisme regrettait que le Parti communiste à la faveur de la "Libération" (sic) ne débarrasse la France des "500 familles". De fait ces 500 familles, appuyées notamment sur la baderne de Gaulle, espèce de Franco d'opérette, ont mené en très peu d'années un pays de cocagne au bord de la faillite - financière ce n'est pas le problème, mais surtout intellectuelle.

  • L'Optique de Sartre

    L'optique de Sartre, somme de mots-chiffres, réfléchit la grande architecture de l'Univers pour mieux la résoudre à Néant. On peut interpréter cet exercice spirituel de deux façons : ou bien comme l'abandon par la fonction publique enseignante d'un fameux principe de la franc-maçonnerie ; ou, plus justement, comme l'aptitude du clergé à retourner sa veste/son âme.

    D'ailleurs on voit bien que Sartre ne pisse sur Chateaubriand sur le conseil de sa femme de chambre que pour mieux dissimuler sa parenté avec son illustre prédécesseur impuissant, auteur de contes pour les enfants de choeur. Aux nonnes frigides qui les entourent, on reconnaît aussi l'accointance de système entre les deux starlettes. Don Juan vit au milieu des femmes parce qu'elles ne détestent rien tant que la vérité.

  • Devises capitalistes

    Condamner Hitler mais admirer la philosophie néo-gothique de Sartre ou Heidegger.

    Condamner Staline mais admirer l'art stalinien de Kandinsky.

  • Feuilleton de la littérature

    Difficile de dire qui de Houellebecq ou BHL a été le plus mal élevé par sa mère.

    Difficile de dénicher dans leur "correspondance" quelque chose qui corresponde à une remarque intéressante sur la littérature. Je m'étonne que deux ans après sa mort on parle encore de Philippe Muray.

    Une seule observation digne d'intérêt et elle est sociale ou "socio-culturelle", c'est le constat par BHL que son paternel était antisémite, c'est-à-dire que pour lui le judaïsme était synonyme, comme pour un catholique, d'archaïsme. Comme quoi le père de BHL avait mieux pigé que sa "bête à concours" de fils le sens des "Mots".

  • Pour un art communiste

    Comme le dessein de la Renaissance, la pensée de Marx repose beaucoup sur ses articulations.
    L’articulation entre Marx et les Lumières, l’articulation entre Marx et le religion, l’articulation entre Marx et la doctrine historique de Hegel, l’articulation entre Marx et l’anarchie… Toutes ces questions un peu subtiles ont été noyées dans le flou impressionniste de la pensée dite “post-moderne”.

    En France, des penseurs gnostiques comme Althusser, Derrida, ou même Sartre, sont pour partie responsables du voile épais de préjugés qui recouvre désormais la doctrine marxiste. La gnose elle-même, ce style n’est pas marxiste. Une partie de l’œuvre critique de Marx consiste en effet à démontrer que la gnose de Hegel, des gadgets comme le “sein” et le “dasein” par exemple, revêt l’apparence du mysticisme pour mieux dissimuler en réalité des syllogismes et des tautologies destinés à combler lacunes et contradictions.
    « Ce qui ce conçoit bien s’énonce clairement. » Marx prône un style radical, imagé, allégorique : par là il montre qu’il est bien l’héritier des Lumières. Le style de Marx c'est celui d'Alexandre qui tranche le nœud gordien.
    Althusser, Derrida et Sartre n’ont fait que recouvrir de mysticisme frelaté une praxis marxiste qui rejette ce langage romantique décadent.

    *

    A propos de l’articulation avec l'anarchie : Marx éprouvait de la sympathie pour le mouvement anarchiste de lutte contre l’oppression bourgeoise. Mais il s’oppose au raisonnement des anarchistes, primitif de son point de vue. Tout simplement parce que pour Marx l’Etat laïc totalitaire est le principal moteur d’anarchie, c’est-à-dire de dissolution de tous les critères humanistes. Les institutions de la société civile bourgeoise, la presse bourgeoise, les cartels bancaires, l’université bourgeoise, le droit bourgeois, la religion laïque des Droits de l’homme, voilà l’anarchie pour Marx.
    On entend parler parfois d’”anarcho-marxistes”, ou encore on entend dire que “l’histoire a donné raison à Hegel, et tort à Marx. Ceux-là ne savent pas lire. N’est-il pas tout à fait étrange d’entendre Ségolène Royal se dire antilibérale et se revendiquer simultanément de Tocqueville, penseur décadent ? Elle se revendiquerait de Maurras que ça ne serait pas plus illogique.
    On objectera qu’il s’agit juste de tactique électorale, de ne pas se laisser déborder par Besancenot. Certes, mais en tant qu’elle est mensongère, la propagande électorale est un facteur d’anarchie ; l’”opium du peuple” : on est en plein dedans.

  • Le plein de Super-héros

    Encore à propos de Fourniret et de sa vie de couple, proposée en contre-exemple à ne pas suivre : à quoi sert l'existentialisme, si on ne peut pas le traduire en actes ?

    Superman, c'est juste bon pour le cinéma et après on rentre chez soi manger une pizza !? Nitche, Sartre ou encore Houellebecq sont des peine-à-jouir qui s'arrêtent au seuil de la loi. Et l'hédonisme de Michel Onfray ? Il ne vaut que pour ceux qui ont un casier judiciaire vierge ?

    Ce qui classe à coup sûr pour moi Fourniret parmi les philosophes existentialistes héritiers de l'idéalisme allemand ? Cette remarque du serial killer qui se déclare mortifié d'avoir épousé une femme QUI N'ETAIT PLUS VIERGE ! Bien sûr, ce n'est qu'un prétexte bidon destiné à émouvoir les experts-psychiatres et le jury, mais le choix d'une telle justification ne doit rien au hasard des pensées de Fourniret. Symétriquement Fourniret exigeait de sa "compagne" de plaisir qu'elle se comporte avec lui comme une pute.

    Car s'il y a bien un courant philosophique qui place son idéal au fond de la culotte, c'est l'existentialisme. Onfray et Houellebecq sont des caricatures contemporaines, c'est entendu, l'une officielle, l'autre incorrecte, de l'existentialisme : mais il n'y a pas de fumée sans feu.

    La morale de Nitche, c'est en grande partie une morale de dragueur, de paon qui fait la roue ; Heidegger c'est le plouc qui se fait professeur pour mieux séduire les jeunes Allemandes qui, dès qu'on leur cause culture, soulèvent leurs jupes. Même Sartre, pourtant plus malin, grâce à Voltaire, ne philosophe pas beaucoup plus haut. Dans un couple existentialiste, cherchez qui tient la culotte, c'est un bon moyen de répertorier ces moralistes.

    On objectera : mais Fourniret n'arrête pas de parler de Dieu ! Et alors ? Il y a bien une branche existentialiste chrétienne non-athée, même si c'est la plus débile (puisque l'existentialisme est conçu pour rejeter les conventions religieuses et draguer plus à l'aise). Et Nitche, comme Sartre et Heidegger, ces soi-disant athées, sont obsédés par Dieu en réalité ; ils ne rompent jamais le fil du dialogue avec lui, comme si c'était un camarade d'école ou de faculté, une vieille connaissance, une ruine d'éternité mûre pour l'humanité : c'est seulement après Jésus, l'Esprit saint, l'Eve nouvelle, que les existentialistes en ont.

    Et puis dans la mesure où l'existentialisme est désormais la doctrine commune laïque ou presque, de l'ajusteur au Président de la République en passant par les avocats et les magistrats, nul n'est mieux placé qu'un tueur existentialiste comme Fourniret pour douter de la justice des hommes.

     

     

     

     

     

  • Rapport de forces

    J'ai rapproché le jansénisme de Benoît XVI de celui de Jean-Paul Sartre. On peut aussi rapprocher Benoît XVI de Feuerbach. Leurs raisonnements sont homologiques. Ou, dans un langage plus marxiste, ils se tirent une balle dans le pied. Feuerbach en déterminant son athéologie (positive) à partir de la théologie protestante marquée par l'augustinisme ; Benoît XVI en appuyant son moralisme chrétien sur le moralisme athée, refait le chemin en sens inverse. Une homothétie de centre D, comme Dieu. Or le catholicisme n'est pas homologique mais analogique. Il ne se satisfait pas de la contradiction, il exige la synthèse.

    "A la fin de chaque vérité il faut ajouter qu'on se souvient de la vérité opposée." dit Pascal. Voilà la contradiction. Elle renferme non seulement Pascal, mais aussi Nitche, Heidegger, Sartre, Gombrowicz, tous les "existentialistes", et même Voltaire. La contradiction de Hegel "progrès-fin de l'histoire", ce noeud a été tranché par Marx.

    Il semble que de l'âge grec archaïque à l'âge grec classique il y a une révolution, comme du judaïsme au christianisme. De l'âge des extrapolations mathématiques et des projections géométriques, les Grecs sont passés à l'âge du théâtre et de l'art grecs.

    J'en profite pour dissiper une erreur enseignée comme une vérité par beaucoup de pseudo-théoriciens de l'art. Les peintres avant-gardistes de la Renaissance ne procèdent pas par homologie mais par analogie. Autrement dit, la perspective est une analogie et pas une homologie. Il faut un crétin de l'épaisseur de Jean Nouvel pour faire de l'architecture géométrique. Les pyramides ne résistent que dans la mesure où elles ne sont pas géométriques. 

     

  • La vierge et la putain

    Je lis dans un magazine littéraire à se torcher l’affirmation comme quoi Drieu La Rochelle ne fréquentait que des prostituées. Il ne fantasmait, selon le criticule de service, que sur les vierges ou les putains.
    Il ne suffit pas à la critique contemporaine de porter aux nues des niaiseries préfabriquées, il faut encore qu’elle enfonce les écrivains déjà traînés dans la boue par la rumeur médiatique, pour faire voir ses muscles.

    En publiant les carnets intimes de Drieu, ses frasques, le but est double : faire du pognon et contribuer à la morale laïque qui met Drieu à l’index. Je regrette les dictatures où on brûle OSTENSIBLEMENT les livres.

    Rectifions les propos du baveux, faute de pouvoir le rectifier lui-même. Drieu désirait vivement être père ; mais il n’a pas pu. Avec les meilleures excuses du monde, que je suis bien placé pour comprendre.
    Que Drieu lui-même fût un bourgeois, il l’a reconnu, pour mieux rejeter ses vieux oripeaux et apostasier la bourgeoisie et ses valeurs, plus nettement que Flaubert ou Sartre. Drieu explique même dans son Journal que c’est son éducation bourgeoise qui l’a poussé à se faire des illusions sur l’Allemagne nazie, avant de se rapprocher du communisme à la veille de mourir. L’inverse de BHL, en somme, qui ne vomit les nazis que pour mieux lécher le cul des nantis Yankis, nazis mous qui misent sur leurs seules forces spéculatives.

    *

    “Vierge ou putain”, parlons-en, puisque c’est le paradigme de la libido bourgeoise. À tel point que la mode consiste désormais pour une gonzesse d’un milieu bourgeois - ou qui s’en inspire -, à se saper comme une pute tout en arborant des airs de pucelle inabordable et en pratiquant une sexualité de gastéropode.
    Vingt-neuf ans, c’est l’âge moyen pour une femme de son premier moutard ! Ce chiffre en dit long à lui seul sur le puritanisme bourgeois…
    On a beau justifier ce retard par le désir de la femme de se cultiver, de “mener sa vie”, d’achever ses études, personne n’est vraiment dupe en dehors des lectrices de magazines féminins ; un petit tour dans un quartier à femmes de la capitale permet de constater qu’on est assez loin de la joie de vivre exubérante et de l’épanouissement sexuel des films publicitaires. Tout au plus relève-t-on une certaine excitation hormonale en période de soldes.
    La propagande de l’épanouissement sexuel est un vaste foutage de gueule conçu par des agences de pub.
    La bobo-type, “Rive-gauche”, androgyne, récurée jusqu’aux amygdales, est tout ce qu’il y a de plus antisexuelle, un vrai “tue-l’amour”, à moins d’aimer le faire avec une savonnette ou un tube de dentifrice - ou de chercher à marier une gosse de riche pour s’affranchir de l’angoisse du lendemain, comme Drieu fit.
    La consommation de produits dopants et de substances “désinhibantes” en tous genres n’a d’ailleurs jamais été aussi forte.

    Dans ce contexte, la mère de famille nombreuse fait office de repoussoir. On souligne combien de fois elle a dû se priver du plaisir de faire l’amour sans capote ou sans stérilet pour en arriver là ! Son statut n’est guère plus enviable que celui d’une prostituée. Comme celle-ci on la soupçonne d’être trop fourrée avec le sexe masculin, sous sa coupe. Dans Plus belle la vie !, pas de mère de famille nombreuse : c’est incompatible avec un certain niveau existentiel. Lorsqu’on réserve un rôle à la mère de famille, c’est un rôle de comique.
    Dans le même temps qu’il proclame sa supériorité sur tous les autres régimes, le régime bourgeois se suicide doucettement.

    *

    Encore une fois, Drieu n’était pas si pervers que ça. Il fréquentait des putes professionnelles, tout ce qu’il y a de plus normales, avec des seins “gonflés comme des grains de raisin”, et parfois des mères de famille délaissées, faute d’aristocrates. On l’imagine mal exhibant sa bourgeoise dans un cabaret pour se faire reluire, comme c’est la tendance chez certains grands bourgeois maintenant.

  • Fœmina complex

    Aussi égalitariste soit la société capitaliste, la différence de comportement entre hommes et femmes ne semble altérée qu’en surface.
    La caissière de supermarché fournit un bon exemple de femme, non pas "virilisée" mais plutôt "déféminisée" ; et même dans cette branche pourtant, une minorité de spécimens perpétue une attitude de séduction passéiste.

    Jusqu’à la féministe Isabelle Alonso : bien que chienne de garde, elle minaude et cligne de l’œil avec fard sans arrêt comme une chatte ibérique en chaleur, refusant pour elle l’androgynie qu’elle réclame pour les autres.
    Il n’y a guère que la pomme d’Adam de Christine Ockrent qui soit une signe objectif de mutation propre à satisfaire le préjugé évolutionniste de la science actuelle.

    Les revendications féministes, en outre, se présentent souvent comme un renversement du schéma de la domination prétendûment exercée par l’homme sur sa compagne.
    Un aïeul à moi, juge de son métier, émut les chroniqueurs locaux en allégeant de moitié la peine d’un garçon qui s’était rendu coupable d’un viol, tenant pour une circonstance atténuante le fait que la victime se tenait sur le bord de la route dans une attitude provocante sur le plan vestimentaire (pas facile pour moi d’avouer un juriste dans ma généalogie).
    Désormais la gent féminine a pris une place prépondérante dans la magistrature et elle est, à l’inverse de mon ancêtre, d’une sévérité accrue pour les délinquants sexuels, encore des hommes dans l’écrasante majorité des cas.

    Si l’on observe la peinture du XVIIe ou du XVIIIe siècle en général, mettons de Watteau en particulier, on constate que les hommes et les femmes sont plus proches qu’aujourd’hui sur un point au moins, celui de l’élégance et du port distingué, y compris dans les classes subalternes que ce (petit) maître a décrites aussi.
    Comment ne pas voir dans le féminisme l’héritage des idées folles qui sont nées au XIXe siècle ? D’une certaine façon, être féministe c’est se réclamer du XIXe siècle - les antiféministes comme moi ayant plutôt de l’admiration pour le siècle des Lumières.
    (Dans ces cas-là, il y a toujours un crétin arithméticien pour affirmer que XIX c’est mieux que XVIII, et XX mieux que XIX, ainsi de suite ; mais prendre le parti de s’arrêter à l’opinion de chaque crétin aujourd’hui, c’est se barrer la voie du progrès.)

    *

    Un dernier point, plutôt d’interrogation cette fois.
    A propos du mouvement “gothique”, que j’interprète comme une contestation plus profonde que celle de Mai 68 des valeurs bourgeoises capitalistes. Affirmer l’existence de Satan au XXIe siècle me paraît nettement plus révolutionnaire que le vague branlement idéologique de Mai 68, tout cet existentialisme sorbonnard porté à bout de bras par une poignée d’intellos oiseux qui compensent l’intelligence par la ténacité.

    En même temps que du maquillage et des anneaux aux doigts, les damoiselles gothiques semblent posséder un pouvoir d’attraction érotique que leurs consœurs n’ont pas. C’est du moins la sensation que j’éprouve au contact visuel de la plupart d’entre elles. Idem pour les jeunes musulmanes issues de l’immigration.
    Les bobos, elles, lorsqu’elles se piquent de vous séduire, ce qui est plus rare et ne précède jamais au moins une discussion sur un thème d’actualité ou un sujet plus spirituel, les bobos utilisent plutôt leur intelligence comme une arme de séduction, intelligence qu’elles enveloppent dans un regard pénétrant, à la manière des héroïnes de séries nord-américaines ; le but, la séduction, est toujours là, mais le moyen de parvenir au but diffère ; ce qui fait qu’à vingt-neuf ans les bobos échouent sur “Meetic” où elles se prostituent gratuitement.

    Je conclus avec mes gothiques. Laissons de côté le maquillage, souvent outrancier chez les bobos aussi, pour nous concentrer sur les anneaux. Qu’est-ce que ça signifie ? Comment le lien se fait-il avec l’érotisme ? Ces bagues sur toutes les phalanges sont-elles portées comme un banal outil de séduction supplémentaire, ou sont elles plus profondément un clin d’œil lancé au tempérament dominateur masculin, destiné à faire chavirer leur cœur ? Est-ce prémédité ou pas ? Si quelqu’une a la solution de cette petite énigme, qu’elle n’hésite pas à m’en faire part (cadres sup. s’abstenir).

  • L'existentialisme est un naturisme

    Quelle petite dinde Rive-gauche n’a pas un jour ou l’autre trimballé au tréfond d’un sac Vuitton ou Prada contenant toute sa personnalité un bouquin de Simone de Beauvoir ? Si je peux me permettre cette remarque féministe (l’influence de Nabe sans doute), en ça la petite dinde se montre supérieure aux crétins du même bord mais de sexe opposé qui achètent la camelote de BHL ou qui vont voir au “Crazy Horse” la Dombasle exhiber sa plastique chirurgicale. Le néant ne peut mourir !

    Quel point commun entre le couple Dombasle-Lévy et le couple Beauvoir-Sartre, si ne n’est la notion de “couple” même ? la dévotion de la “femelle” Dombasle au “mâle” BHL n’est qu’un avatar de la dévotion du “castor” pour son intello hybride, mi-carpe mi-lapin.

    S’il y a bien une évolution qui ne manque pas de preuves, c’est l’évolution politique. Le néant de BHL fait ressortir le peu de sincérité et d’humanisme chez Sartre naguère. Ce qu’il y a de contradictoire également chez Sartre, vu que les mobiles de BHL, eux, sont parfaitement homogènes.
    Pisser sur la tombe de Chateaubriand, fort bien, évidemment je ne trouve rien à redire à ça ; “Quand on s’expose aux embruns, il ne faut pas s’étonner d’être mouillé”, dit un proverbe breton. Mais Chateaubriand n’est-il pas un existentialiste formidable, un existentialiste sans existentialisme, un menteur invétéré qui relègue Rousseau au rang de boy-scout et Kierkegaard à celui de morne imbécile exotique ?

    C’est un junker polonais, Gombrowicz, qui a le mieux formulé son concurrent Jean-Paul : “le prophète de l’égotisme bourgeois”. Cette définition s’applique très bien à François-René aussi.
    Je parierais qu’avant de mettre en scène sa petite plaisanterie pour choquer le bourgeois, qui relève du terrorisme de cour d’école, Sartre a lu cette critique de Marx :
    « En étudiant le cloaque espagnol, je suis tombé sur les manœuvres du digne Chateaubriand, ce fabriquant de belle littérature qui allie de la façon la plus répugnante le scepticisme distingué et le voltairianisme du dix-huitième siècle au sentimentalisme distingué et au romantisme du dix-neuvième. Cet alliage ne pouvait manquer de faire époque en France au point de vue du style, bien que, même dans le style, le faux saute souvent aux yeux, malgré tous les artifices (…) » [Lettre à Engels, 1854]
    Convergence de Marx, de Hegel, de Sainte-Beuve et de Baudelaire, Baudelaire qui n’est PAS romantique, ou qui ne l’est qu’à son cœur défendant.

    Pisser sur la tombe de Chateaubriand, c’était donc une manière pour Sartre de se pisser dessus ; tant qu’on dispose d’une bonne dévote pour essuyer…

  • La théologie est morte

    La preuve de l’existence de Dieu : autour de cette question futile gravitent deux sortes d’individus : les croyants qui croient peu en Dieu d’une part, et les athées qui croient peu dans le néant d’autre part. Autant dire une foule considérable d’individus, dont les représentants les plus illustres sont Pascal, Diderot, Jean Guitton, Sartre, qui manient donc le paradoxe comme ils respirent.
    Leur humour seul les sauve de la nullité d’un Kant ou d’un Heidegger, de la folie de Nitche, ces purs idéologues. “Critique de la raison pure” : Kant aurait simplement pu titrer : “Autocritique”, s’il n’avait pas été complètement dépourvu d’humour ; ou : "Biographie d'un esprit désarticulé".
    Il est injuste de tenir Kant ou Heidegger pour des philosophes “racistes”, alors que ce sont juste des imbéciles, des mathématiciens. Le moindre adjudant de la Wehrmacht est moins bête qu'Heidegger.

    *

    La preuve de l’existence de Dieu la plus amusante, et donc la plus convaincante qu’il m’ait été donné d’entendre, c’est d’un athée que je la tiens, un membre du “Club des Ronchons” de Jean Dutourd dont le nom m’échappe. Celui-ci observait que, compte tenu de la dangerosité des gadgets modernes, du moindre appareil ménager, le fait que ne se produise pas quotidiennement une hécatombe d’individus est une sorte de petit miracle permanent. En effet pour ma part je connais un certain nombre d’intellos, peu adaptés au monde contemporain, dont la survie est providentielle.

  • Reader indigest

    Pas une ligne sur les mille pages que compte ce catalogue aux éditions Quadrige, pas une ligne consacrée à Simone Weil ! Même Simone Weil, ce cuistre a dû la trouver trop révolutionnaire…

    Socialiste, parti, France, etat, politique, nicolas sarkozy, pouvoir, marine le pen, europe, etat, chine, etats-unis, communiste, pouvoir, ministre, finance, ump, attac, philippe de villiers, grande-bretagne

  • Question sans réponse

    Pourquoi Sartre a-t-il tenté de régler son compte à Baudelaire ? Par pure méchanceté, comme le collégien qui, mû par l’instinct, tente de mutiler une statue en lui jetant une pierre à la figure ? Ou est-ce à cause de cette sentence de B., qui concerne Simone de Beauvoir : « Une petite sotte et une petite salope ; la plus grande imbécillité unie à la plus grande dépravation. Il y a dans la jeune fille toute l’abjection du voyou et du collégien. » ("Fusées")

  • Commencer par la fin

    Quand on tient l'esprit philosophique pour une sorte de maladie mentale, le cas de Gombrowicz, proche de la dépression et du suicide, est assez intéressant.

    Il y a une sincérité extrême chez Gombrowicz, qui le pousse à la fin de sa vie à reconnaître que Ferdydurke est un roman beaucoup trop calculé, "prémédité" c'est le terme qu'il emploie, pour être vraiment vivant et donc éternel. Seules les choses vivantes ne meurent jamais, ça Gombro en est finalement convaincu. En même temps, de façon assez puérile, bien qu'il réduise Sartre à un chantre de l'"égotisme bourgeois", Gombro veut qu'on sache bien qu'il avait précédé Sartre dans la voie de l'existentialisme. Drôle de logique.

    Ce petit passage dans une préface me fait sursauter :

    « Quant à la pensée objective, elle se voit aujourd'hui concrétisée, exprimée avant tout dans le catholicisme d'une part, dans le marxisme de l'autre. Toutefois, de l'aveu de Marx lui-même, le marxisme n'est pas une philosophie ; quant au catholicisme qui s'affirme comme une métaphysique fondée sur la foi, il est assez paradoxalement la conviction subjective que le monde objectif existe. »

    Passons sur le paradoxe, très relatif, puisque du point de vue du catholique c'est Gombrowicz qui est subjectif. Ce qui m'étonne beaucoup c'est qu'à soixante-cinq ans un type cultivé, qui a grandi dans un pays catholique, puisse avoir une conception aussi erronée du catholicisme et prétendre qu'il s'affirme comme "une métaphysique fondée sur la foi" ? Drôle de credo.